À l'écoute de la Parole de Dieu

1er Dimanche de Carême Année B 21/2/2021

Gn 9, 8-15 ; Ps 24 ; 1 P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15

Qu'est-ce que ce chiffre 40 qui revient si souvent dans le premier et le second testament ? 40 est comme un instrument de mesure s'attribuant à l'importance du temps écoulé, en général un temps d'épreuve. Il exprime la totalité ou l'intensité ou encore l'extrême quantité. Souvent il englobe toute ou presque toute la durée d'une vie.

Le déluge rappelé dans la lecture du livre de la Genèse est ce phénomène alimenté par une pluie qui tomba pendant 40 jours et 40 nuits sans aucun répit.

On n'oublie pas non plus que le peuple Hébreu chemina 40 ans dans le désert, la durée extrême d'un exode qui mobilisa plusieurs vies humaines.

Lors de son baptême Jésus s'attendait-il à recevoir l'Esprit-Saint sur lui comme une colombe ?

Le fait est que cet événement le conduit au désert où il va réellement chercher son identité et pour cela se mesurer avec les forces de puissance et de pouvoir qu'il sent en lui mais contraires à celles d'un Dieu Amour.

Ce combat traduit en tentations va durer 40 jours c'est-à-dire jusqu'à l'épuisement de ses forces par le jeûne et l' intensité maximum du combat intérieur. 40 est un chiffre de crise et nous en connaissons un autre plus petit mais non moins nocif.

Après ce temps de désert et l'arrestation de Jean Baptiste, Jésus part pour la Galilée proclamer l’Évangile. Jésus retrouve ainsi son identité de Fils de Dieu car Jésus a découvert qu'être Fils de Dieu ce n'est pas exercer un pouvoir totalitaire sur le monde mais c'est être au service du monde en faisant preuve d'humilité et de miséricorde. Ce sera le sens de sa mission. Mieux cette humilité le conduira à se désigner comme le Fils de l'Homme plus souvent que Fils de Dieu.

Huit personnes seulement sont sauvées du déluge, huit personnes qui feront naître la nouvelle humanité. L'eau devient alors signe à la fois de mort et de purification. Jésus appellera baptême sa mort sur la croix. Malgré cela nos propres baptêmes nous invitent à former une alliance avec Dieu. C'est ce qui est signifié dans la première lettre de Pierre.

Quand Dieu dit : « les eaux ne se changeront plus en déluge pour détruire tout être de chair » c'est aussi après la destruction « la régénération de la société humaine. L'introduction du Sabbat et du jubilé...a été la clé de cette régénération donnant le temps à la terre de renaître, aux pauvres de trouver un nouvel espoir, aux gens de retrouver leur âme » (Pape François : Un Temps pour changer)

Comme dit le psaume les chemins du Seigneur sont Amour et Vérité.

Ce temps d'épreuve signifié par le chiffre 40 va s'ouvrir sur un renouveau. Du déluge naîtra une nouvelle alliance de Dieu avec tous les êtres vivants par ce signe de l'arc lancé au milieu des nuages.

Le cheminement pendant quarante ans du peuple Hébreu dans le désert le conduira jusqu'à la Terre promise.

Le temps de désert de Jésus le conduira jusqu'à donner sa vie pour un renouveau intérieur de l'humanité. Mais de sa mort sur la croix jaillira sa résurrection.

Notre vie est ainsi qualifiée d'un temps d'épreuve que nous symbolisons par le Carême pour nous faire revivre les 40 jours de Jésus passés au désert afin de découvrir comme lui le sens de notre vie qui doit être amour et pardon.

La Bonne Nouvelle du chiffre 40 : « est qu'une Arche nous attend pour nous conduire vers un nouvel avenir. La Covid 19 est notre moment de Noé à condition que nous puissions trouver notre chemin vers l'Arche des liens qui nous unissent, l'arche de l'amour est d'une appartenance commune » (Pape François : Un Temps pour changer)

Christiane Guès