A l'écoute de la Parole de Dieu
Deuxième dimanche de l’Avent, Année B 6/12/2020
Is 40, 1-5, 9-11 ; Ps 84 (85) 9-14 ; 2P 3, 8-14 ; Mc 1, 1-8.
L’Avent est un temps de préparation à la venue de Dieu. Temps d’espérance s’il en est, sans espérance nous n’aurions rien à préparer.
Les textes de ce dimanche peuvent être divisés en deux. Le premier, d’Isaïe et le dernier, de l’évangile de Marc, forment un tout, ils se répondent. Le texte d’Isaïe est un des plus beaux (à mon avis) de l’Ancien Testament : « consolez, consolez mon peuple... ». Texte du retour de l’exil. Malgré les souffrances, malgré la destruction du Temple et celle du pays, malgré la déportation chez les païens, Dieu n’abandonne pas. Il a pris son temps (on retrouvera cela dans le texte de Pierre), le peuple a été puni, non directement par Dieu, mais comme conséquence de ses infidélités dont le résultat a été le retrait de Dieu, laissant la place aux ennemis. Mais « son crime est expié ». Alors Dieu « vient avec puissance...comme un berger il fait paître son troupeau, son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur ». Quel cri de confiance fondé sur l’espérance ! Cri que nous pouvons encore pousser actuellement. Notre situation sociale avec les confinements, pertes d’emploi et autres difficultés, notre situation de chrétiens dans une Église qui est secouée violemment, qui semble se vider, tout cet exil que nous vivons ne doivent pas nous abattre, car « Dieu vient », il nous « porte dans son cœur ». Cela, nous devons l’annoncer à nos frères et préparer le chemin, « que tout ravin soit comblé ». Oui le salut vient, si nous préparons le chemin. Nous ne sauvons rien, seul Dieu sauve, mais notre travail est de rendre ce salut possible. Tout un programme déjà !
Le texte proposé fait l’impasse sur un autre verset d’Isaïe (Is 40, 8) : « l’herbe se dessèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais ». Notre foi en cette parole est le fondement de notre confiance.
Marc commence son évangile en citant ce texte d’Isaïe, il annonce la couleur de ce qui va se passer avec Jésus. Il ne cite que la portion de texte qui appelle à l’ouverture du chemin (mais les Juifs connaissaient parfaitement le contexte) car il veut présenter cet appel de Jean-Baptiste : « celui qui est plus fort que moi...vous baptisera dans l’Esprit Saint », et pour l’accueillir « recevez un baptême de conversion ». Renoncez au péché, comme ont dû le faire les exilés auxquels s’adresse Isaïe, en passant par le désert remettez-vous dans le bon chemin. Le baptême dans l’Esprit Saint n’est plus un baptême de pénitence mais l’assurance d’entrer dans l’intimité du Père qui « les porte sur son cœur ».
Le psaume est une prière d’action de grâces qui décrit le nouveau monde, « le monde d’après » apaisé. « Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ».
L’épître de Pierre, encadrée par ces deux magnifiques textes d’Isaïe et Marc, change de ton. Elle nous incite à espérer malgré les jours qui passent, malgré l’attente du salut que nous ne voyons pas venir. Mais pour Dieu « un seul jour est comme mille ans ». Nous ignorons le temps de Dieu. « Il prend patience envers vous...il veut que tous parviennent à la conversion ». Et d’annoncer un ciel nouveau et une terre nouvelle. Le temps eschatologique est notre temps. Le temps n’est pas un déroulement indéfini des jours : sont ramassés maintenant, en ce temps de l’Avent, pour chacun de nous, notre passé qui nous a façonnés et dont nous devons corriger les errements, et notre avenir, celui qui est immédiat et exige de nous y investir, celui de la venue du Christ qui transformera toutes choses. Notre passé et notre avenir, sont au cœur de ce que nous sommes maintenant, dans notre présent. C’est dans le temps eschatologique, temps qui se fonde sur le Salut qui vient, que nous pouvons saisir le temps de Dieu. Le monde actuel nous inquiète fortement, l’Église semble crouler, travaillons donc à redresser le monde, à soutenir l’Église (et la réformer, certainement aussi), semons, un autre récoltera. L’avenir proche est inquiétant, combien de nos frères vont souffrir des dérèglements actuels ! Ne les laissons pas tomber, même si nous ne voyons pas le bout du tunnel. Nous savons que Dieu travaille avec nous et que l’accomplissement de son temps se fait maintenant. Quant à sa fin, nous ne savons ni le jour ni l’heure ; qu’elle nous trouve prêts, sur la brèche : « faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix ».
Marc Durand