A l'écoute de la Parole de Dieu
Épiphanie du Seigneur 3/01/2021
Is 60, 1-6 ; Ps 71 (72) ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12.
Premier dimanche de l’année, dimanche de l’Épiphanie. Nous pourrions nous souhaiter une bonne année, mais qu’est-ce à dire ? On l’a déjà fait en 2020 et on a vu le résultat ! Nous est-il permis d’espérer ? Et d’espérer quoi ? Qui peut espérer ? Les Chrétiens ? Les « Justes » ? Les Juifs ?
Après la méditation sur la Nativité, Dieu qui descend parmi nous sous les traits d’un faible enfant né dans la pauvreté, nous sommes appelés à laisser éclater notre joie. Cette venue, déjà annoncée par le premier Isaïe (« un enfant nous est né, un fils nous a été donné », Is 9, 5), révèle la gloire du Seigneur qui s’est levée sur nous. Le prophète proclame la lumière de Dieu illuminant Israël : le monde entier vient vers Jérusalem, « les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi ». Le Salut de Dieu fait le bonheur du peuple de Jérusalem. Même joie dans le psaume qui annonce la justice et la paix, d’abord pour les pauvres, « il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours ». Jérusalem peut se réjouir de voir tous les rois de la Terre venir se prosterner devant elle.
Si Jérusalem, ici, représente l’Église, nous avons de quoi nous réjouir : finie notre servitude, le monde va enfin reconnaître la place du Seigneur, reconnaître la nôtre. Ces envolées lyriques du prophète et du psaume doivent nous combler de joie, goûtons notre bonheur. Notre servitude est assez pesante pour pouvoir se réjouir pleinement quand la libération nous est annoncée.
Mais il reste une petite correction qui ne va pas ternir notre bonheur, mais au contraire, si nous la comprenons, l’approfondir. C’est Paul, dans l’épître aux Éphésiens, qui nous la révèle. « Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées », c’est après l’événement de l’Incarnation qu’il nous est révélé (Paul ne l’a pas trouvé tout seul, il s’agit d’une révélation faite par le Christ ressuscité qu’il a rencontré sur le chemin de Damas) : les Nations ne vont pas affluer à Jérusalem pour s’y soumettre, « c’est que toutes les nations sont associées au même héritage ». Dieu a conduit son peuple pendant des millénaires pour le préparer à cette venue du Verbe parmi nous, qui s’adresse maintenant au monde entier, par delà toutes les frontières, en particulier aujourd’hui par-delà les frontières des Églises. Nous partageons tous « la même promesse dans le Christ Jésus ».
Pour participer à cette joie, sans arrière-pensées, il va nous falloir une sacrée dose d’espérance, donc de foi, de confiance dans le Dieu qui nous est proposé, ce Salut qu’il va nous falloir reconnaître : lire les mots de Dieu, le Verbe, à travers les événements qui peuvent être douloureux, ont encore toute chance de l’être. Reconnaître nos peines, il ne s’agit pas de les occulter, de se mentir, mais chercher le Verbe de Dieu sur ce chemin. Cela sera possible si la Nativité entre dans notre vie, si le « sauveur qui nous est né » peut naître en chacun de nous, aujourd’hui. Si nous lui faisons place.
Le joli conte que nous offre Mathieu reprend la même idée d’universalité. Tous les rois de la terre sont invités par l’enfant qui nous est né, ils se prosternent devant l’enfant, pas devant Hérode ou Jérusalem, et s’en vont par un autre chemin apporter au monde l’annonce de la venue de Dieu parmi les hommes. Ils sont venus par un chemin qui leur était indiqué, dans l’ignorance de ce qui les attendait, ils repartent par un autre chemin, après avoir été transformés par leur visite à l’enfant. Alors qu’Hérode et les grands prêtres et scribes ne peuvent pas rencontrer le Dieu incarné, ils n’en connaissent pas le chemin.
Il nous reste à méditer sur cette rencontre avec le Dieu incarné, à nous réjouir avec la terre entière à laquelle nous apportons la joie de son salut.
Marc Durand