A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

32e Dimanche du T.O. (année A) 8/11/2020

Sg 6, 12-16 ; Ps 62 (63) ; 1 Th 4, 13-18 ; Mt 25, 1-13.

 

La Sagesse offre traditionnellement aux chrétiens l’image la plus intime de Dieu : Jésus-Christ. Comme lui, «elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leur désir […] Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle, avec un visage souriant, à leur rencontre».

Dans la plupart des traditions spirituelles, on retrouve les idées : 1° que c’est toujours Dieu qui fait le premier pas (tel le Père de l’«enfant prodigue» en (Lc 15,20) ; 2° que l’homme ne chercherait pas Dieu s’il ne l’avait déjà trouvé (Cf. Pascal, et aussi Rumi, inspirateur du soufisme).

 

Le psaume 62 chanté ce jour traduit bien les dispositions d’esprit du vrai chercheur de Dieu. Il œuvre à une tâche constante et prioritaire («dès l’aube» et jusque «dans la nuit») ; c’est pour lui un acte vital : la soif qu’il ressent le rend comparable à une «terre aride, altérée, sans eau». On aurait pu dire aussi «comme l’air manque à quelqu’un qui se noie». Le maître hindou Shri Râmakrishna le fit comprendre à un fidèle qui lui demandait comment atteindre Dieu. Il lui plongea la tête dans la rivière jusqu’à la suffocation. Quand le fidèle reprit son souffle, avec avidité, il lui dit : «Tu verras le Père quand ta soif de le voir sera aussi intense que l’était ton besoin de respirer».

 

En sus, le chercheur de Dieu s’établit dans la joie : «un saint triste est un triste saint», disait saint François de Sales. Parmi les textes de ce jour, la 1ère épître aux Thessaloniciens (4,13-18 ) est moins hétérogène qu’il pourrait y paraître. La joie de celui qui cherche et donc peut rencontrer Dieu va trouver son aboutissement au bout de sa vie — ce passage par la mort que nous redoutons tous plus ou moins — quand nous «serons emportés sur les nuées du Ciel, à la rencontre du Seigneur».

 

Entre les deux temps, l’attente et l’accueil, il faut veiller car «nous ne savons ni le jour ni l’heure» de la rencontre. Il ne faut pas la rater. La parabole des «dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux», semble simple et claire au premier abord, mais elle pose question. Elle illustre bien la prudence nécessaire pour être prêt au départ et équipé comme il convient : « la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main», tels les Hébreux à la sortie d’Égypte.(Ex 12,11).

Les cinq «prévoyantes» ont pensé à emporter de l’huile en réserve pour alimenter leur lampe, les autres non. Il peut paraître choquant, dans la perspective d’une piété «humanitaire et solidaire» — qui est souvent consciemment ou non la nôtre — de les voir refuser d’aider leurs sœurs «insouciantes» en partageant l’huile : ça ne semble pas très «chrétien». La réponse est cruelle mais réaliste : «Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter». Peut être faut-il alors, au delà des bons sentiments qui nous assaillent, penser qu’attendre Dieu, est une affaire sérieuse, que les bons sentiments n’y suffisent pas, pas plus d’ailleurs que d’éventuels «mérites» : le rendez-vous souhaité reste un don gratuit de Dieu. Les insouciantes étaient bien là où elles devaient être, mais pas dans les bonnes dispositions, en ne prenant pas l’invitation aux noces avec, à la fois, la gravité et l’enthousiasme requis. Le Seigneur, c’est elles-mêmes qui en appellent à lui, n’est pas un camarade. Il est «l’Éternel revêtu d'éclat et de magnificence !» (Ps. 104,1).

Si nous prétendons être à lui, si nous voulons être avec lui, il nous veut immédiatement, sans détours, sans que nous regardions en arrière, sans un sursis pour essayer la paire de bœufs récemment achetée… ou aller chercher l’huile manquante de nos lampes éteintes …

Marcel Bernos

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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