A l'écoute de la Parole de Dieu
34eme Dimanche du T.O le Christ Roi de l'univers Année A 22/11/2020
Ez 34,11-12. 15-17 ; Ps 22 ; 1Cor 15, 20-26.28 ; Mt 25, 31-46
Quelle provocation, en cette période de fin d’année liturgique, de présenter la fête du Christ Roi alors que nous venons de fêter, non sans mal pour la République, l’élection d’un nouveau président des États-Unis !
Quel est le programme de ce roi ?
Ézéchiel (34,11 – 17) nous le présente sous l’aspect d’un berger qui prend soin d’un troupeau blessé et dispersé . Il le fera reposer en s’occupant en priorité des brebis perdues, égarés, blessées, sans négliger celle qui est grasse et vigoureuse.
Le psaume 22 (23) donne le témoignage d’ une brebis qui est en train de revivre en suivant son berger : « Je ne manque de rien. » Même si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal.
Paul dans 1 Cor.15,20 – 28 décrit la fin des temps, dans un décor apocalyptique grandiose illustré par beaucoup de nos porches de cathédrales, le Christ ressuscité donnant la vie à tous les hommes morts ou vivants, écrasant ses adversaires, avec, comme dernier ennemi, «la Mort ». Il remettra alors le pouvoir royal à Dieu son Père. Alors Dieu sera tout en tous," et la création achevée.
Mathieu dans son Évangile (Mathieu 25,31 – 46), dernière parabole avant que Jésus ne commence sa passion, dépeint, lui aussi dans un décor royal apocalyptique de la fin des temps, digne d’un film d’Hollywood des années 60 : « le Fils de l’Homme , assis sur son trône , viendra dans sa gloire, avec tous ses anges et jugera toutes les nations ». Puis le scénario revient sur terre dans ce qu’il y a de plus humain : les élus ne seront pas les « gagnants » habituels de ce monde, les puissants qui ont amassé pouvoir, savoir et avoir , ceux qui ont« réussi »leur vie au sens mondain, mais ceux, qui à l’image du bon Pasteur se sont occupés des brebis blessées, de ces frères qui avaient faim et soif, nus, malades ou en prison.
Quelles conclusions pour nous ?
L’histoire a un sens. Elle n’est pas le fruit du hasard. Ces textes ne viennent pas par hasard en fin d’année liturgique. Le Christ est l’alpha et l’oméga, selon l’annonce de l’Apocalypse, développée par Teilhard de Chardin. En cette époque si troublée par la pandémie, par les menaces climatologiques où chaque semaine voit augmenter le nombre de brebis malades, nues ,sans argent, n’ayant pas de quoi manger. Ces textes nous redonnent l’espérance en Christ, lui qui a personnellement vécu ces situations d’exclusion, les plus dures pour un humain. Ils questionnent notre foi en Jésus-Christ : est-ce un homme (lui ou ses disciples) qui délire, ou est-il vraiment le Fils de Dieu , la fin de l’histoire humaine ?
Est posée la question de notre espérance :sommes-nous convaincus que la vie triomphera, alors que la mort qui nous environne peut nous détruire : c’est une des rares fois dans l’histoire de l’humanité, sauf en période de guerre ou de grandes épidémies, où cette hypothèse n’est pas une théorie lointaine pour l’humanité ni pour chacun d’entre nous.
Les textes nous interrogent aussi sur notre capacité de compassion et de tendresse envers nos frères humains. Notre bilan ne sera pas tant d’avoir, « réussi », avec avoir et pouvoir, critères normaux des rois modernes et de leurs cours, mais. ; ceux qui ont su voir et agir avec compassion, tendresse et Agapè. « J’étais un étranger et vous m’avez (ou pas) accueilli… ». Mais, quand donc t’avons-nous vu nu, étranger » ?
Antoine Duprez