À l'écoute de la Parole de Dieu : la fête de la Toussaint

Publié le par Garrigues et Sentiers

Fête de la Toussaint 1/11/2020

Ap 7, 2-4. 9-14 ; Ps 23 (24), 1-2. 3-4ab. 5-6 ; 1Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a.

 

Nous fêtons les saints. Qui sont-ils ? l’immense foule dont parle l’Apocalypse de Jean. Les 144 000 représentent ceux que Dieu avait choisis, le peuple juif. Mais s’y ajoutent tous les autres, car c’est toute l’humanité que le Père veut attirer à lui par la médiation de Jésus, en leur envoyant son Esprit. Nous sommes appelés à nous présenter justifiés « par le sang de l’Agneau » (et non par nos œuvres) : c’est le don total de sa vie par Jésus, qui a débouché sur sa Résurrection par le Père, qui nous purifie et nous rend capables de devenir fils, dans l’Esprit.

 

Pour nous, qui ne devons pas « livrer notre âme aux idoles », « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ». Il nous faudra passer par la mort qui marque notre finitude ; nous, humains, ne sommes pas éternels, c’est dans un monde concret et fini que nous vivons et que nous pouvons exercer notre liberté pour aimer le Père. C’est dans ce monde que nous avançons, que nous pouvons manifester notre amour du Père à travers celui des autres. C’est déjà dans ce monde que Jésus nous promet le bonheur des béatitudes qui sont un signe du monde de la Résurrection.


Tous les saints sont passés par la mort1, et dans la foulée de cette fête, nous célébrons tous nos morts, à nous … qui sont les mêmes que les saints célébrés la veille, mais ce 2 novembre nous nous attardons sur ceux de nos familles, ceux que nous avons connus, aimés. La mort est bien présente dans les célébrations de ces deux jours. La mort de nos proches est une épreuve douloureuse, c’est pourquoi la célébration du 2 novembre est importante, notre douleur est là, présente, et il ne faut pas l’occulter, ce qui risquerait de se passer en s’arrêtant à la fête de la Toussaint qui est une fête de joie. Les textes de ce « jour des morts » sont des textes d’espérance fondés sur la promesse de salut (le « salut » n’est pas réduit au pardon comme on l’entend souvent, c’est l’annonce de l’amour de Dieu qui nous attire tous à Lui, amour qui nous sauve dès maintenant et pas seulement dans « l’autre monde »). L’évangile nous rappelle alors que l’amour du prochain est semblable à l’amour du Christ (« c’est à moi-même que vous l’avez fait – ou refusé ! »). Mais c’est par choix de Dieu que nous devenons fils du Père, et non grâce à nos œuvres. Celles-ci sont simplement la conséquence logique de l’acceptation de la vie de l’Esprit en nous, elles sont l’action de l’Esprit en nous. Cette conséquence est exigeante, mais n’ouvre aucun droit, et rappelons-nous que « les derniers seront les premiers »…

 

Notre douleur, qui fait partie de nous, de notre vie, ne doit pas occulter le fait que la mort est le point d’orgue d’une vie, un simple point, un seul instant de basculement. Pour ceux qui restent, la douleur, le déchirement sont là. Mais ce qui importe est de célébrer la vie, la vraie vie (par opposition à tous les ersatz de vie que « le Monde » – critiqué par Saint Jean - voudrait nous imposer et qui sont une tentation constante). Une vraie vie doit se terminer pour ressusciter, si nous n’avions pas cette limite du temps, plus rien n’aurait d’importance puisqu’il serait sans cesse possible de recommencer en faisant table rase du passé. Nos actes perdraient leur poids, rien n’aurait d’importance, nos vies non plus et donc nous non plus.

 

Sous les discours quelque peu hagiographiques prononcés lors d’obsèques, une vérité apparaît : c’est la vie de celui qui vient de partir qui compte. C’est sa vie pleine et entière que nous devons célébrer. Ses fautes, ses insuffisances sont passées, ne comptent plus. Ce qui compte c’est la vraie vie qu’il a menée, c’est cette vie qui est transformée par la résurrection, le sang de l’Agneau a effacé tout le reste. Nous ignorons tout du « monde de la Résurrection » sauf que Jésus nous a annoncé le salut véritable, promesse de Dieu qui est un Dieu de vie. Notre espérance se fonde sur cette promesse, c’est elle que nous célébrons en cette fête de la Toussaint.

 

Marc Durand

 

1 – Je laisse de côté ici, car ce n’est pas mon propos, la question de la « dormition » de Marie.

 

 

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