A l'écoute de la Parole de Dieu
24e Dimanche du Temps ordinaire (année A)
Si 27, 30 – 28, 7 ; Ps 102 (103), 1-4, 9-12 ; Rm 14, 7-9 ;
Mt 18, 21-35;
Les mots clefs des textes de ce dimanche : Pardon, compassion, tendresse. Cela commence comme une définition de Dieu : «Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour». (Ps 102, 8). Le Psaume résume ce que notre vie peut attendre de l’amour du Seigneur. Non seulement il pardonne nos offenses, il les gomme en les rejetant loin de nous («aussi loin qu’est l’Orient de l’Occident») et nous guérit de toute maladie (dont on sait qu’elles étaient alors considérées comme reliées au péché), mais il réclame notre vie à la tombe, promesse donc d’une vie éternelle.
Le texte inaugural de Ben Sira le Sage résume parfaitement la requête que nous adressons à Dieu chaque fois que nous récitons le Pater : «Pardonne nous, comme nous pardonnons…». Le «comme» de la formule a un sens fort, ce n’est pas une simple comparaison, traduite parfois de façon plus forte en «de même que nous pardonnons». Le «sicut» de la version latine du Pater peut signifier encore «aussi vrai que». Ce qui soulignerait qu’on ne peut mentir à cet égard. Enfin, on pourrait, sans solliciter le texte, lui faire dire : «Dans la mesure où nous -mêmes nous pardonnons», et cette fois il est clair que si nous ne sommes pas capables de pardonner, nous ne pouvons nous attendre à l’être à notre tour.
Mais le pardon suppose que l’offenseur reconnaisse le mal qu’il a commis, c’est l’aveu, clef d’une confession valide, et donc de l’absolution subséquente. D’ailleurs quand Ben Sira dit : « Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait», il précise : «alors, à ta prière, tes péchés seront remis». Il faut donc bien solliciter le pardon, sinon il ne serait qu’un oubli des offenses, sans retour pacifié à une situation antérieure à la blessure, et donc sans possibilité de rétablir une relation saine entre offenseur et offensé.
Une fois le pardon acquis, un nouveau problème se pose : que faire en cas de récidive ? Pierre est déjà généreux, puisqu’il propose de pardonner sept fois. Mais Jésus — inspirateur de Paul quand il dit : : «Quand le péché abonde, la grâce surabonde» (Rm 5,20), — enjoint de pardonner 70 fois 7 fois. Ce n’est pas là un chiffre en l’air. En symbolique biblique, 70 signifie la totalité du réel, voire du possible. C’est à dire que Jésus invite à pardonner au delà du «possible», et pourquoi pas «toujours». Mais si tout est possible à Dieu (Mt 19,26, Mc 10,27 ; Lc 1,37 ), l’expérience tend à prouver que c’est très difficile à l’homme.
Alors on revient au point de départ : Pardonnons si nous voulons être pardonné. C’est simple, c’est recommandé. «Y a qu’à !». Un premier pas consisterait à bannir la vengeance, acte le plus souvent irréfléchi, et toujours inutile parce que, loin de réparer un mal commis, il en entraîne souvent un autre, voire une série d’autres.
Marcel Bernos