A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

19eme Dimanche A 9/8/2020

1 Rois 19, 9a.11-13a ; Ps 84 ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33

 

Où trouver Dieu, ce Dieu de passage ? N’est-ce pas une de nos interrogations «essentielles» de croyant ? D’abord, il faut sortir de la caverne, c’est à dire de «soi», et «monter,» aussi dure que soit la pente. Les révélations et les épiphanies se font le plus fréquemment sur la montagne : sur l’Horeb pour Moïse ou Élie, au Thabor pour la Transfiguration, souvent pour Jésus quand il veut prier son Père… Il faut aussi chercher un lieu «retiré», là encore à la manière de Jésus.

 

Qu’attendre ensuite et comment percevoir ce Dieu objet de notre recherche ? Nos cérémonies cultuelles, notre liturgie sont volontiers tonitruantes, bavardes, pompeuses, enfumées, triomphalistes parfois. Homme de dieu, Élie ne se laisse pas prendre au piège qui consiste à croire que Dieu se révèle dans la fureur et le tintamarre. Il ne se manifeste ni par un ouragan (force 12 dans l’échelle de Beaufort ?), ni à l’occasion d’un tremblement de terre (> 9 sur l’échelle de Richter ?) ni dans un feu ardent, mais comme une brise légère (force 1 ou 2 ?). Dieu est discret ; il ne force pas notre foi par du spectaculaire. C’est pour cela, pour cette quotidienneté qu’on ne remarque généralement pas son passage dans nos vies. Rappelons-nous l’agacement de Jésus face aux perpétuelles demandes de miracles de ses contemporains (Mt 12, 38-40), et ses recommandations de ne pas les divulguer, sans doute pour éviter leur propagation. Pour que les miracles s’accomplissent, il faut avant tout la foi (Mt 13,58), même un tout petit peu suffit, Dieu fera le reste du chemin (Lc 17,6). D’ailleurs, à chaque miracle, le Sauveur dit lui-même, non pas «moi, Fils de Dieu, je t’ai sauvé», mais : «Va, ta foi (= ta confiance en Dieu) t’a sauvé».

 

Matthieu confirme cette discrétion du Seigneur. Avant son arrivée sur le lac, c’est la tempête : vents et vagues menacent … Quand Jésus intervient, le vent tombe. L’image vaut, bien sûr, dans le quotidien de nos vies. Qui n’a connu aucune tempête, dans son travail, dans sa vie familiale, dans sa vie spirituelle ? Qui n’aurait pas eu peur à la place de Pierre, même si le premier mouvement, spontané, avait été également d’aller vers Jésus ? En bref, qui n’a jamais douté ?

Le remède est donné par Jésus lui-même : « Confiance ! cest moi ; n’ayez plus peur ! ». Et il se résume dans son appel à Pierre : «Viens !». C’est en allant à lui en toute confiance, que nous avons quelque chance d’apaiser nos tempêtes et de «marcher sur l’eau», c’est à dire de dépasser les dangers de nos vies.

 

Les Juifs avaient tout reçu pour recevoir Jésus (Rm 9,1-5) : l’adoption, les alliances, la loi, le culte…. Tout ceci n’a pas suffi à leur donner confiance en ce «messie». Ce constat est source de «grande tristesse et une douleur incessante» pour l’apôtre Paul. Quant à la loi, ce même Paul, pharisien, fils de pharisien (Ac 23,6), qui en fut un fidèle observant, nous a déjà prévenus qu’elle ne suffit pas à assurer la foi (Ga 3). Elle nous enferme même dans le péché. (Ép aux Romains). Sans doute faut-il en respecter l’aspect «garde-fou», mais sans idolâtrer ses normes en lui aliénant notre liberté de conscience et notre élan d’espérance.

Marcel Bernos

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