À l'écoute de la Parole de Dieu
21e dimanche du temps ordinaire 23 août 2020
Dans deux textes fondamentaux (Rm 11, 33-36 et Mt 16, 13-20), ce dimanche aborde trois sujets essentiels à la foi chrétienne, Dieu, le Christ et l'Église.
- Dieu : dans la deuxième lecture, Paul fait un hymne magnifique « à la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu dont les décisions sont impénétrables... Tout est de lui, et par lui et pour lui ». Dieu, personne ne l’a jamais vu. Personne ne peut mettre la main dessus, soit pour dire qui il est, soit pour dire qu’il n’est pas.
- Jésus Christ : dans l’évangile de Mathieu, après un moment de flottement au sein des disciples, Jésus leur pose la question fondamentale : « Et vous qui dites-vous que je suis ? ». Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »
- L’Église : la réponse de Jésus (1), « Heureux es-tu Simon fils de Jonas. Car n’est pas la chair ni le sang qui t’ont révélé cela mais mon Père qui est aux cieux. Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église... La puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle.
Quelles bonnes nouvelles pouvons-nous recevoir, notamment dans les difficultés actuelles concernant la foi et l’Église ?
Remercions le Père de nous avoir donné la foi chrétienne : Dieu l’inconnaissable, Celui que nul n’a vu, s’est tellement intéressé à l’homme qu’il s’est fait homme en Jésus Christ : « Le Verbe s’est fait chair ». Le Fils de Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne fils de Dieu. Tel est l’essentiel de la foi chrétienne que Pierre exprime au nom des Douze, en notre nom à nous. Dans le désarroi actuel du monde, la foi est comme « la perle de grand prix » pour laquelle un négociant vend tout ce qu’il a.
Qui est Jésus pour nous ? Posons-nous sincèrement, seul, en couple ou en groupe, la question : Qui est Jésus pour moi ? un grand homme ? Que disons nous quand nous disons : « Tu es le Fils du Dieu vivant » ? N’attendons pas une réponse totalement claire car Jésus participe de l’inconnaissable de Dieu. Si Jésus est en nous comme l’ouverture en nous de l’infini du Père, cette réponse, qui nous met en chemin, est déjà un don du Père, qui ne vient ni de la chair ni du sang.
L’Église. Dans la tempête qu’elle traverse actuellement, la tentation peut être de ne rien changer, car cela nous dépasse puisque « l’Église a les paroles de la vie éternelle ! » Israël aussi avait été (et reste) le peuple choisi car il avait les paroles de l’Alliance. Dans la première lecture d’Isaie (22, 19-23), Shebna, le gouverneur, se fait évincer !
La tentation peut être aussi de « rejeter l’enfant avec l’eau du bain », en rêvant de communautés purement spirituelles, sans organisation, ni rite. L’Église est la communauté des croyants qui veulent vivre la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour l’humanité, personnellement et collectivement, dans leur vie quotidienne, dans la société où ils vivent.
La question pourrait être : qu’est-ce que l’Église pour moi ? mais en pastichant une formule célèbre, de ne pas s’interroger seulement sur « ce que l’Église peut m’apporter, mais en partant de mes charismes et compétences, ce que je peux apporter à cette Église rénovée ? » Quels signes concrets de l’amour de Dieu pour les hommes ? Comment en être témoin dans le monde qui est le mien par mes engagements et mon action, pour le service des hommes, nos frères, notamment des plus pauvres ?
Quel type d’autorité sommes-nous prêts à accepter et à assumer ? Car le cléricalisme n’aurait jamais pu s’implanter si fortement, s’il n’avait trouvé chez les laïcs une sorte de connivence : il est plus reposant de tout remettre à « des prêtres » et d’être de simples exécutants passifs.
Quelles communautés nouvelles créer et quelles nouvelles célébrations partager ?
Sur le plan œcuménique, par rapport aux autres églises chrétiennes, cessons de nous targuer de ce seul passage de Mt 16,16 sq. (Tu es Pierre…) pour regarder les autres églises chrétiennes comme des sous églises, car « nous, nous avons les paroles de la vie éternelle » !
« Et toi, qui dis-tu que je suis ? »…
Antoine Duprez
(1) L’évangile de Matthieu est le seul à rapporter cette parole fondatrice. Elle ne remonte probablement pas au Jésus historique (cf. J. P. Meier, Jésus un certain juif, t. 3, p. 166 sq.) mais à la communauté primitive matthéenne après 70.
Le rôle de leader de Pierre est bien attesté : dans tous les évangiles, il tient ce rôle, d’abord dans la proclamation de sa foi personnelle envers Jésus. Chez Jean, c’est de nouveau Pierre et non Jean que Jésus établit comme pasteur du peuple de Dieu, fonction liée à la qualité de l’amour pour le Seigneur : « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21,1-20).