Végan Que veux-tu ?
Le véganisme est une «façon de vivre qui cherche à exclure – autant que faire se peut – toute forme d’exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s'habiller, ou pour tout autre but, et par extension, faire la promotion du développement et l'usage d’alternatives sans exploitation animale, pour le bénéfice des humains, des animaux et de l’environnement» (Nouveaux statuts, du 20 novembre 1979, de la Vegan Society, fondée en 1944 en Angleterre.)
On ne doit donc pas manger la chair des animaux, qu’ils soient terrestres ou aquatiques, ni consommer les produits qui en sont issus : lait, œuf, peau, corne, poil… On ne doit pas non plus utiliser leur force de travail aux champs (bœufs, chevaux …), sur les routes ou les pistes pour porter ou tirer des charges (chevaux, chameaux, rennes …), ni sur des pistes de courses (chevaux ou lévriers). A fortiori ne devrait-on pas les emprisonner dans des zoos, quoique leur exposition, s’ils sont bien traités, puisse contribuer à éduquer les enfants à reconnaître leur existence, voire à les aimer. Ces demandes partent d’une bonne intention : le respect des animaux comme espèces vivantes, mais jusqu’où pousser ce respect ?
Les questions sincères, naïves peut-être mais finalement angoissantes 1 , qu’on peut se poser à cet égard, sont de divers ordres et importances, mais méritent éclaircissements. Et d’abord, que va-t-on faire des animaux subsistants ?
Va-t-on continuer à les nourrir «sans retour sur investissement», ce qui impliqueraient des espaces de survie importants, des sommes colossales en produits alimentaires ou pharmaceutiques et en travail conséquent ? Va-t-on, au contraire, les laisser vaquer librement et sans contrôle, genre «vaches sacrées», au nom de leur droit à la liberté, jusque dans «nos» champs pour se nourrir, non moins librement, des végétaux que nous y plantons pour notre consommation, et primitivement la leur dans la mesure où ils nous rendaient service ?
Le respect des espèces nous obligera, en outre, à ne pas les stériliser, mais nous n’aurons alors aucun moyen de contenir l’essor de leurs naissances.. Devra-t-on alors réintroduire plus systématiquement des prédateurs spécifiques afin de tenter d’endiguer «naturellement» la croissance massive et invasive d’une espèce ? Mais qui limitera l’expansion des dits prédateurs ?
Jusqu’à quelle espèce assurerons-nous l’intégrité et la sauvegarde des animaux. Les insectes profiterons-t-ils de cet altruisme alors qu’on nous alerte sur les dangers des moustiques porteurs de maladies telles que le paludisme, sur les méfaits des frelons asiatiques, sur l’importunité des punaises de lit ? Etc. On sait que certaines cultures évitent de tuer même les insectes.
Abandonnons les virus, dont on ne connaît pas très bien la nature animale ou pas, à la vindicte de la médecine, mais le microbe «parasite qui appartient presqu’au règne animal» ? Rappelons qu’Alphonse Allais préconisait de ne pas faire bouillir l’eau de crainte de détruire les bactéries qui pouvaient y subsister…
Si le véganisme se justifie au nom du respect du vivant, ce qui est parfaitement estimable, quelle est la position de ses partisans vis à vis du fœtus humain ? Il serait logique qu’ils soient hostiles à l’avortement, car un embryon d’homme (peut-être un futur Einstein ou futur Mozart) ne devrait -il pas valoir moins que celui d’un futur veau ?
Et puis, dernière inquiétude sur la détermination du «vivant» : depuis que l’on sait que les végétaux sont pourvus d’une sensibilité, sinon d’une forme d’intelligence et de capacité de communication entre «individus», comment les traiter ? En tant qu’amoureux des arbres depuis mon plus jeune âge, je ne saurais souffrir que l’on continuât à les abattre à notre seul profit, pas plus d’ailleurs qu’à arracher l’humble carotte ou la pimpante salade.
Problème annexe : si l’on utilise ni cuir ni laine, ni rien de se qui provient de l’animal (même mort naturellement ), comment gérer les nécessités de l’habillement et de la chaussure ? Ne vont-elles pas nous contraindre à un emploi massif de matière plastique, dont on dénonce sans cesse la nocivité pour nos santés et, accessoirement, celles des animaux, à commencer par les animaux marins qui avalent les particules de plastique et en meurent ?
Marcel Bernos
1 Mes questions sont vraiment sincères, naïves, et finalement angoissantes. Et je serais reconnaissant, si l’un de nos amis internautes, végan pratiquant si possible, pouvait éclairer patiemment et rationnellement ces questions.