Réponse à un internaute Végan
Cher ami végan,
Permettez-moi de poursuivre le dialogue que nous avons noué par votre réponse à mon article sur le véganisme.
D’abord, rassurez-vous, mes questions étaient sincères. Qu’est-ce qui vous permettrait d’en douter ? D’ailleurs, vous dites vous-même, in fine, que « beaucoup de (ces) questions reviennent à chaque fois lors des discussions », ce n’est peut-être pas un hasard. Si j’en ai formulées qui vous paraissent incongrues, c’est tout simplement parce que je n’ai pas la chance de connaître un végan à qui les soumettre directement.
Je me félicite d’ailleurs d’avoir posé toutes ces questions, car j’ai eu parfois, par vous, des réponses, qui pour évidentes qu’elles fussent, ne s’étaient pas imposées à moi. Ainsi, il est évident, comme vous le dites que, si on ne développe plus l’élevage intensif d’animaux dits domestiques, il y en aura moins. Et je note, à cette occasion, votre acceptation d’un processus de longue durée lié, entre autres, à leur dépendance de l’homme.
Je connais les effets d’une alimentation végétale en termes d’économie d’exploitation, de gain de place cultivable, etc.
Je sais aussi qu’il peut y avoir une certaine « autorégulation » de la reproduction des animaux mais : 1° Ce n’est pas une science exacte 2° Vous soulignez vous même l’imprudence des hommes à créer des espèces hybrides plus prolifiques que les espèces originelles ; elles vont persister et, là encore, il va falloir du temps pour en sortir.
Je ne reprendrai pas tous les points abordés ou non. Par exemple, je suis d’accord pour défendre le bien–être des animaux, qui est sans doute à définir quand on continue à les « exploiter ». Il y aurait beaucoup à dire, également, sur les régimes alimentaires : l’homme est omnivore depuis toujours, et l’on ne peut rejeter de possibles carences dans le cadre d’une alimentation sans protides animaux. Au paléolithique (dont nous descendons), il était « chasseur–cueilleur » plus ou moins nomade, et les fouilles archéologiques montrent qu’il a continué à consommer des animaux même après l’invention de l’agriculture. Je n’aborde même pas ce faux paradoxe qu’il serait devenu plus violent (toujours selon l’archéologie) quand il s’est fixé au sol pour le cultiver et a dû défendre ses récoltes. Toutes ces questions importantes sont d’une autre nature et devraient être traitées pour elles-mêmes.
Interrogeons d’abord une « solution » que vous évoquez à plusieurs reprises : sanctuariser des « espaces immenses » pour laisser les animaux vaquer librement à leurs affaires, c’est-à-dire essentiellement se procurer de la nourriture. Les loups et les ours ne nous demanderont pas notre avis, les biches et les sangliers non plus, mais où mettre les animaux domestiqués, comment leur imposer des limites ? Il est probable que, comme les éléphants dans certaines régions d’Afrique, qui piétinent les cultures voisines (et j’aime beaucoup les éléphants), ils ne respecteraient pas des panneaux d’interdiction. Donc il faudrait des obstacles pour les empêcher de sortir du « sanctuaire ». M. Trump mettrait des murs, mais sans compter le coût – quand on n’aime on ne compte pas – est-ce techniquement réaliste ?
Si vous parquez aussi les animaux sauvages « dans les sanctuaires de la taille d'un département pour qu'ils ne bouffent nos cultures », il restera à éviter d’être contraint, dans certains pays à forte densité de population, de parquer les humains.
Vous proposez de « laisser revenir les loups ou les ours » en convenant heureusement qu’« il faut trouver une position qui ne soit pas trop dangereuse pour nous, comme faire des sanctuaires interdits aux humains ». Là deux difficultés : 1° Une restriction de circulation qui imposerait une réorganisation complète des sociétés et des pays concernés ; 2° La nécessité, de nouveau, d’un enfermement des bêtes ou des hommes, ça revient au même finalement.
Vous me rassurez à propos des « parasites » divers, mais vous avez compris, j’espère, que cette petite provocation voulait être un point d’humour. Parfois, pousser une idée jusqu’à l’absurde permet d’en déterminer les limites.
Si vos baskets sont en bouteilles recyclées, c’est bien pour l’industrie et l’emploi, mais la matière première est indirectement le pétrole, donc un produit fossile polluant, donc peu recommandable … Véganisme et/ou écologie ?
Qu’il faille réduire la consommation de produits animaux non seulement pour leur bien mais pour le nôtre, est une idée, juste et heureuse à bien des égards, qui fait son chemin. Est-il possible de raison garder ?
Cordialement,
Marcel Bernos