Après les "douloureuses révélations" sur Jean Vanier

Publié le par Garrigues et Sentiers

Horrifiés en apprenant les actes de Jean Vanier ! Insupportable dérive d’un guide spirituel. Était-il hypocrite ? Était-il incapable de dominer ses fantasmes ? Ce qui domine dans la réprobation est la perversion de son rôle de guide spirituel. Sur cela, l’essentiel a été dit dans la chronique de Bernard Ginisty.

 

Devons juger un homme ? « Ne jugez point, et vous ne serez point jugé ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; absolvez, et vous serez absous. » (Mt 7, 1) Ses actes doivent être jugés et condamnés, mais l’homme ne dépend pas de nous.

 

Il a créé une œuvre remarquable et les membres de l’Arche n’ont pas à en rougir. Malgré la dérive, l’Esprit a travaillé. Si nous avons un peu de foi, nous savons que l’essentiel de ce que nous faisons ne porte des fruits que grâce à l’Esprit, l’ouvrier peut ressentir une fierté de l’œuvre accomplie, nous pouvons avoir de l’admiration pour lui, mais ce n’est pas ce qui compte au regard de Dieu. Cet homme faillible, et failli, a fait de grandes choses portées par l’Esprit qui vivait à travers lui, en lui. Paul lui-même n’a-t-il pas dit : « Et pour que je ne sois pas rempli d’orgueil à cause de ces révélations extraordinaires, j’ai reçu une écharde dans le corps, un ange de Satan pour me frapper et m’empêcher de m’enorgueillir » (2 Co 12, 7) ?

 

Aux interrogations que suscitent un tel scandale, j’en ajouterai une : quelle formation l’Église dispense-t-elle pour que des femmes (en l’occurrence), qui ne sont pas handicapées mentales, se laissent ainsi abuser ? Que de telles sornettes (« Il disait : ce n’est pas nous, c’est Marie et Jésus. Tu es choisie, tu es spéciale, c’est un secret » qui est soit en pleine dérive, soit un homme dévoyé ? On a déjà eu l’exemple de religieuses ainsi abusées ! Quelle foi est-elle proposée par l’Église, faite de soumission et pire, de décérébration ? La Parole du Christ est-elle présentée comme une parole de liberté, ou comme un ensemble de prescriptions religieuses destinées à dominer ceux qui veulent bien y croire ? 

 

Si on reconnaît l’arbre à ses fruits, nous avons bien du souci à nous faire au sujet de l’arbre.
 

Marc Durand

Publié dans Réflexions en chemin

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R
RELATIVISER...PRENDRE DU RECUL...<br /> Il me semble que selon notre milieu culturel, notre environnement historique, nous ne savons pas toujours graduer nos émotions et nos réactions spontanées selon qu'il s'agit de juger des conséquences immédiates et à terme entrainées par un manipulateur qui a su bénéficier des faveurs d'une femme en la manipulant psychologiquement et la décision hâtive d'un homme d' Etat ou d'un chef militaire qui engage une action qui va immanquablement entrainer la mort de milliers, voire de centaines de milliers de civils innocents.<br /> Robert Kaufmann
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L
Au delà du cas d'espèce, rien n'est sans doute plus utile et plus précieux que de s'entendre rappeler, et que de se redire sans fin, cette injonction qui se tient au coeur et au point de départ du Message : "Ne jugez point, et vous ne serez point jugé".L'humanité, l'Eglise, ont tant abusé du jugement ! Et le temps présent, autour de nous paraît bien se livrer à la compulsion de juger et de condamner.<br /> Oui, l'"écharde (que nous avons) dans le corps" devait être là pour nous intimer de revenir à la plus fondamentale des interpellations : qui suis-je pour juger ? <br /> Pour la perversion qui est l'objet des "douloureuses révélations" en cause, ne faut-il pas se convaincre que tout ce qui participe des faits horrifiants qui se rattachent aux choses du sexe dans l'orbite du cléricalisme, procède de la soumission originelle au déni opéré par ce même cléricalisme touchant à la part essentielle que tient la sexualité dans le don d'Amour. S'il y a bien une décérébration, n'agit-elle pas d'abord par l'enseignement millénaire de ce déni ?<br /> Mettant de côté le registre de l'abus,comment ne pas compter au nombre de ces faits horrifiants, et à un niveau de scandale indépassable face à la Parole de liberté et de compassion, la fureur de l'anathème lancé depuis le clergé brésilien à l'encontre de celles et ceux qui avaient donné le secours d'une IVG à une fillette de 9 ans enceinte des suites d'un viol incestueux ? <br /> Réécouter cette Parole, pour difficile qu'elle soit à entendre, oblige à penser qu'en aucune institution humaine qui se mêle de parler de D.ieu, l’arbre ne saurait jamais se reconnaît à ses fruits.
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G
Quand ce « monsieur » disait : « Ce n'est pas nous, c'est Marie et Jésus » je suppose qu'il s'agissait pour lui de Marie de Magdala ou de Marie de Béthanie sinon il proposait déjà à ces femmes un inceste. Mais il n'est plus la pour le confirmer.<br /> Soit il employait l'hypnose avec elles et elles tombaient sous son emprise sans se rendre très bien compte. Soit, et je crois cela plus véridique, elles trouvaient à ce fantasme une certaine satisfaction, une certaine fierté même d'avoir été choisies par le « maître » car justement ces femmes n'étaient pas handicapées mentales. Il est curieux que ces « abus » ressortent à peine maintenant alors que notre « monsieur » a œuvré depuis les années 1970 à 2005 soit environ 35 ans !<br /> Mais y entre-t-il là-dedans la formation de l’Église ? Tout au plus l’Église aurait peut-être à revoir les modalités de l'accompagnement spirituel qui place en vis-à-vis un homme célibataire (même prêtre) et une femme. Pourquoi l'accompagnement spirituel ne se ferait-il pas en groupe  ainsi chacun bénéficierait de ce que l'un ou l'autre lui apporterait au niveau de sa foi ?
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