À l'écoute de la Parole de Dieu dimanche 13 octobre
28e dimanche du temps ordinaire Année C
(Deuxième Livre des Rois 5, 14-17 ; Psaume 97 (98) ; Deuxième épitre à Timothée 2, 8-13 ; Luc 17, 11-19)
Dans les documents émanant des plus hautes autorités de l’Église romaine, pendant longtemps il a été question de l’Église catholique comme la seule « vraie Église », en opposition – consciente ou non, voulue ou non – avec les autres qui sont alors forcément « fausses », ou pas tout à fait vraies (1). Or que voyons-nous dans le Livre des Rois ? Un Syrien, c’est à dire un païen adorant d’autres dieux, qui a été l’objet de la bienveillance du Dieu d’Israël à travers l’entremise du prophète Élisée. Naaman se « convertit » à ce Dieu d’Israël. Mais celui-ci est-il seulement celui du Temple ? C’est que le Dieu-Père annoncé par Jésus dépasse les limites d’un Dieu patenté, bien défini, un peu « enchainé », comme le dira Paul à Timothée.
De même, dans l’Évangile de Luc, sur les dix lépreux guéris par Jésus, il y avait neuf Juifs, donc des sujets de la religion officielle, et un Samaritain, autant dire non seulement encore un étranger, mais un hérétique. Or c’est l’hérétique seul qui reconnaît la messianité de Jésus et rend grâce à Dieu de sa guérison. Voilà un Dieu libre, même de l’orthodoxie, et qui perturbe les lignes de la foi.
On peut interpréter en ce sens la remarque de Paul à Timothée (2 Tm 2,9) : « On n’enchaîne pas la parole de Dieu ». Cela ne signifie pas qu’il faille rejeter les institutions, elles sont nécessaires à la transmission et aussi à la louange. Mais – heureusement – Dieu reste libre de donner gratuitement son amour à tous, et de le manifester à qui il veut, quand il le veut.
Marcel Bernos
(1) Cf. par exemple la déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Dominus Jesus de septembre 2000.