Une publication à découvrir sur Internet : l'Encyclopédie changement de cap

Publié le par Garrigues et Sentiers

Amis Internautes,

 

Guy Roustang, qui est membre de notre comité de rédaction, a pris l’initiative avec quelques amis de mettre en ligne en 2017 une Encyclopédie du changement de cap (http://eccap.fr) qui vise à être une création permanente fonctionnant peu ou prou sur le modèle « Wiki ». 

 

Pour faire connaître cette Encyclopédie, mais aussi pour la nourrir, a maintenant été créée une Lettre d’information, en principe bimensuelle, conçue comme un outil d’information, de formation et d’expression ouvert à toute personne approuvant la Charte constitutive de l’Encyclopédie que nous publions ci-dessous.

 

Nous nous reconnaissons dans cette initiative qui répond pleinement à l’un des objectifs de notre blog : celui de mener une « réflexion sur les réalités économiques, sociales et culturelles (…) qui sont pour les chrétiens autant de ‘signes des temps’ »

 

C’est pourquoi

 

* nous avons pris la liberté d’abonner ceux qui reçoivent notre newsletter à la Lettre d’information de l’Encyclopédie de changement de cap, abonnement qu’ils pourront bien entendu, s’ils le souhaitent, résilier d'un clic à tout moment 

 

nous invitons ceux qui ne sont pas abonnés à notre newsletter à consulter le site  http://eccap.fr où ils pourront, s'ils le désirents'abonner à la Lettre d'information de l’Encyclopédie de changement de cap.

 

G & S

 

 

Charte des citoyens pour un changement de cap

 

Nous refusons le type d’économie et de société dans lequel nous vivons, que les orientations de l’histoire récente autant que les perspectives d’avenir ne font que conforter.

 

Nous avons conscience des catastrophes vers lesquelles s’achemine l’humanité, si une action politique vigoureuse n’opère pas ce changement de cap. En tête de ces catastrophes, il y a les défis du réchauffement climatique, de la dégradation de l’environnement, du ravage de la biodiversité. L’énormité de ces questions ne doit pas effacer un autre danger, produit de l’hubrisdes hommes, la mutation anthropologique que le mouvement transhumaniste commence à accomplir. Nous appelons de façon plus générale à la vigilance et au contrôle de l’application des innovations médicales sur et dans les corps, que la disparition du sens des limites dans nos morales sociales rend dangereuse pour notre espèce.

 

Nous déclarons indispensable la restauration de la puissance politique, requise pour opérer ces changements, alors qu’on constate au contraire son effacement progressif au profit d’instances non élues, du pouvoir (de fait) judiciaire, de l’expertise, et, de plus en plus, des algorithmes masquant les vrais enjeux sociétaux des décisions prises.

 

Ce retour nécessaire du politique ne saurait s’accomplir sans un rétablissement de la confiance du corps social envers ses représentants, qui elle-même dépend de la qualité de la démocratie, minée par les progrès du populisme et la désaffection d’une partie de la jeunesse. Cela requiert de ne pas s’illusionner sur les mirages des déclinaisons numériques de la démocratie participative, qui – si elles peuvent être utiles – ne dispenseront pas d’une réflexion sur les prérequis sociaux et culturels du bon fonctionnement de ce régime politique, qui reste pour nous indépassableUne démocratie vivante suppose une éducation à la participation dès l’école, une information indépendante et l’encouragement à la vie associative et à la discussion des affaires locales aussi bien qu’internationales. Les élections n’étant qu’un moment de la vie démocratique. 

 

Nous refusons l’explosion des inégalités à laquelle nous assistons, et dénonçons la mystification de la théorie dite du « ruissellement », selon laquelle ces inégalités stimuleraient l’économie, et finalement profiteraient à l’ensemble de la population. Au-delà de l’évidente insulte à la justice sociale, ces inégalités produisent en fait l’accaparement d’une proportion effarante des richesses entre les mains d’une caste ultra-minoritaire, mais puissante, dont le destin ne s’inscrit plus dans le monde commun. 

 

Nous refusons le système économique dont le qualificatif de néolibéral rend le mieux compte, c’est-à-dire un système dont l’impulsion première vient du système financier, qui impose sa logique (le court-termisme, la soif de profits disproportionnés, etc.) à l’ensemble des forces productives, et surtout la mise en concurrence systématique des acteurs économiques, qui déborde sur une multitude de comportements sociaux.

 

Nous refusons l’imposition de la logique de marché à l’ensemble des opérations économiques, évacuant totalement d’autres modalités traditionnelles de circulation des marchandises, comme l’échange ou le don. Nous refusons plus encore l’extension du domaine de la marchandise à des pans entiers de la société, notamment l’école, la santé, la culture…  Il est nécessaire de redéfinir des espaces dans lesquels la puissance publique l’emporte sur la logique marchande, faisant prévaloir l’intérêt collectif sur la compétition des intérêts individuels. Nécessaire aussi de redonner vie à la notion de commun, qui permet à des populations de définir des règles pour gérer en commun des ressources partagées en dehors du marché et de l’Etat.  

 

Nous refusons la dégradation de la culture en « politique culturelle », à savoir l’extension de ce label à des formes de plus en plus triviales, voire vulgaires de divertissement, promues dans les médias, conformément à cet impératif de marchandisation générale de toutes les activités. Cette perversion explique aussi la déformation des représentations imaginaires, l’irruption du virtuel, l’invasion des « fake news », et finalement la dissolution du réel dans le spectacle généralisé. Eric Sadin dans son livre La silicolonisation du mondecritique l’irrésistible expansion du libéralisme numérique. Il parle de l’entreprise de désincarnation car l’éradication du sensible représente l’un des objectifs majeurs du programme siliconien. Pour Eric Sadin célébrer le sensible « C’est avant tout se soucier d’accorder une pleine attention à son milieu, aux autres, à soi. »

 

Nous sommes déterminés à remettre en cause l’invasion de la publicité dans tous les espaces communicationnels, et à déjouer la stratégie des grandes marques, qui s’insinuent dans la sphère culturelle en dissimulant leur véritable objectif, à savoir le renforcement de leur puissance marchande. Nous sommes déterminés à remettre en cause le dogme de la croissance alimenté par la publicité, qui prétend, grâce à l’augmentation des désirs de consommer, favoriser la création d’emplois. Une autre logique s’impose, celle de satisfaire les besoins essentiels de tous, en économisant les ressources naturelles et en assurant à chacun les moyens d’exister. La qualification sociale, si elle repose en priorité sur l’emploi, doit s’inscrire dans une notion plus large celle d’activité donnant toute sa place à la participation aux affaires publiques, au développement personnel et aux activités culturelles.  

 

Nous sommes déterminés à empêcher la dérive vers une société de transparence, voire de surveillance généralisée par la cession aux nouvelles grandes puissances du numérique (les GAFAM) de nos données personnelles, revendues soit à des instances publiques ou privées douteuses, soit aux annonceurs, pour le plus grand profit des uns et des autres, mais aux dépens de nos libertés fondamentales.

 

Nous sommes déterminés enfin à nous poser la question de façon générale du ralentissement des évolutions économiques, sociales, culturelles et même scientifiques, car il faut prendre conscienceque les femmes et les hommes peuvent difficilement s’épanouir dans un contexte de changements incessants et obsédants, qui disqualifient leurs ressources cognitives, relationnelles, ou sentimentales à un rythme qui rend impossible leur renouvellement, ou leur actualisation. Le terme à la mode de « disruption » convient peut-être aux processus numériques, mais sûrement pas aux évolutions humaines.

Publié dans Signes des temps

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R
Les habitués du blog G&S ne s'étonneront pas de me voir marquer beaucoup de réserve sur un certain nombre de points de cette charte.<br /> Le premier constat est qu'elle comporte, dès sa première phrase, beaucoup plus de refus et de coups d'arrêt de ce qui existe dans notre monde imparfait que d'objectifs clairs et solutions réalistes pour les atteindre. Je suis tenté de dire : "quelle est précisément la société proposée ? "<br /> Le second constat porte sur ce qui parait être des paradoxes entre ce que devrait être la cohésion nécessaire entre la société civile et l'emprise politique, économique, sociale et, dans le même temps, le dynamitage de ce qui demeure de cette cohésion.<br /> -Ainsi, elle déclare à juste titre la restauration de la puissance politique requise et,, en même temps, elle achève de discréditer ce qu'il en reste pour nous avoir mené dans la situation inacceptable actuelle<br /> -Elle considère à juste titre indispensable le rétablissement de la confiance entre le corps social et ses représentants mais, en même temps, elle tente d'achever de ruiner ce qu'il reste.de cette confiance.<br /> -Elle se dresse contre les progrès du populisme mais utilise volontiers les armes de celui-ci; telle"la proportion effarante des richesses entre les mains d'une caste ultra minoritaire"... Occultation par candeur ou calcul du fait que les liquidités circulantes disponibles, partagées dans un cas d'école entre les 8 milliards d'habitants, ne représenteraient que quelques dizaines de $ par personne. l'immense majorité de ces richesses n'appartenant pas à des particuliers mais des entités telles les cotisants des Fonds de Pension dans le Monde (36 000 milliards de $ ) et dans les outils de production qui, propriété privée ou d' Etat, ne peuvent être partagés entre citoyens.<br /> Il va de soi que le dialogue et le compromis sur un partage équitable des richesses disponibles entre composante Capital et composante Travail sous le contrôle arbitragiste de l' Etat, garant du Bien Commun, doivent être constants. La faiblesse et l'agressivité des Syndicats ainsi que le peu d'esprit coopératif du Patronat français n'aident pas, il est vrai.<br /> Sans oublier qu'avant de songer à partager les richesses, il faut les créer... et non les distribuer à crédit, remboursable par nos enfants... Car un Etat pauvre n'a que de la pauvreté à distribuer.<br /> <br /> -Occultation du fait que sur les 195 nations, la France a le 29e rang pour le PIB par habitant ; et même, si on exclut l'Arabie Saoudite, les Emirats et quelques producteurs de pétrole,elle se situe dans les 15 premiers. <br /> -Occultation que la France a le meilleur statut social dans le monde, le pouvoir politique ayant accumulé durant des décennies des milliers de lois et de règlements pour défendre les consommateurs, préserver la santé publique, atténuer les difficultés des plus faibles et des plus démunis.<br /> -Occultation que depuis le développement des échanges commerciaux mondiaux (voir OMC) des centaines de millions d'habitants de la planète sont sortis de la très grande pauvreté (moins de 2 $ par jour et par personne) celle-ci étant en voie d'extinction.<br /> De même la santé publique mondiale qui a fait un bond de géant. Ce qui explique en grande partie la progression démographique galopante de l'Afrique, l'Inde...<br /> <br /> La dénonciation des lois du Marché et notamment les"mises en concurrence systématiques des acteurs économiques"...semble oublier que ces dernières décennies beaucoup de biens, tels le téléphone filaire ou hertzien, l'informatique....échappant au monopole d' Etat, ont permis de les mettre à disposition du grand public.<br /> -Occultation de la façon dont les populations ont vécu (et vivent encore aujourd'hui dans les rares foyers nationaux survivants) dans les pays collectivistes qui ont chassé le capital privé, sans cesse mis en cause dans les dis-fonctionnements de nos sociétés.<br /> <br /> Tout ceci n'est pas pour dire que nous devons nous satisfaire de ce qui se passe dans le monde et notamment dans notre pays. Mais il faut savoir aussi ouvrir les yeux et nous féliciter d'avoir la chance de vivre dans un pays de toutes les libertés et dont l'histoire politique a abouti à jouir d'un statut social, déjà évoqué, souvent exemplaire, que beaucoup d'autres nous envient.<br /> Cette recherche du mieux-faire en direction d'un monde plus juste ne doit pas se relâcher. Mais je suis surpris et inquiet ces dernières années de voir beaucoup de médias et de réseaux sociaux, non seulement par les publicités dont parle la charte, mais par un martellement obsessionnel "anti-capitaliste", tenter de susciter indignation, puis révolte et enfin déboucher sur la haine de l'Autre et l'insurrection.<br /> Je pense qu'au-delà de l'irresponsabilité de cette stratégie,,il y a une façon de masquer le passé historique de ce 2 derniers siècles.<br /> La Révolution de 89 a abouti à la Terreur puis l'Empire.<br /> Celle de 1917 a provoqué des dizaines de millions de morts.<br /> Tout comme celle du National- Socialisme allemand des années 30 et le Franquisme.<br /> Ne parlons pas des Gardes Rouges, des Khmers Rouges....<br /> Tout cela couvert par la recherche d'un utopique monde idéal, débarrassé du Mal.<br /> <br /> Et si nous avancions d'un pas mesuré, dans ce monde complexe et dangereux, conscients de ce que nous avons déjà construits, qui est à préserver et toujours à améliorer, sans secousses violentes ?<br /> <br /> Robert Kaufmann
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J
La communication de mon adresse mail à eccap.fr et mon abonnement à sa newsletter SANS MON CONSENTEMENT * est totalement contraire à la règlementation européenne GPRD !!!<br /> <br /> Vous utilisez des méthodes que vous condamnez dans votre chartre !!!
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J
Merci pour vos excuses... Par principe je viens de me désabonné de cette newsletter.<br /> <br /> Je reste fidèle à G & S. Pour ce blog, merci de vous référer à la législation européenne (https://legislation-rgpd.com/) et française vis-à-vis de la CNIL.<br /> <br /> Par principe je viens de me désabonné.
G
Mille excuses pour cette liberté que nous avions cru pouvoir prendre en vous adressant la lettre d’information de l’eccap, parce qu’un clic suffit à mettre fin immédiatement à son service d’abonnement.<br /> « Pan sur le bec », comme écrit le Canard Enchaîné : nous nous abstiendrons à l’avenir de prendre une telle initiative !<br /> <br /> G & S<br />
V
Décidément le monde est petit. Je ne connaissais pas ce site et j’apprends qu’il a été créé par le frère de François Roustang. Je crois avoir lu tous les livres de ce dernier (à part Influence et Feuilles oubliées, feuilles retrouvées) et je considère son article «Sur l’épistémologie de la psychanalyse» (recueilli dans Comment faire rire un paranoïaque ?, p. 77-95) comme le texte à lire s’il faut n’en lire qu’un sur la psychanalyse. Je suis enchanté de voir mentionné dans cette charte un livre d’Éric Sadin, qui en a publié plusieurs autres aux éditions L’Échappée. Je ne saurais trop recommander aux mêmes éditions les livres de Pièces et main d’œuvre (que j’ai quasiment tous lus aussi). Je donne un lien à propos de leur dernier livre Manifeste des chimpanzés du futur contre le transhumanisme pour le débat passionnant qui y figure : http://www.librairie-tropiques.fr/2017/10/les-chimpanzes-du-futur-contre-le-transhumanisme.html<br /> <br /> Armand Vulliet
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G
J'approuve totalement cette charte mais comment peut-on la mettre en œuvre dans le contexte actuel ?
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