Pour une réforme radicale de l'Église
Tout en étant pleinement d'accord avec la tribune de Christine Pedotti et Anne Soupa, Décanonisez-le !, j'ajouterai des considérations plus générales sur la réforme indispensable de l'Église. Et tant pis si je vais paraître blasphématoire, ou iconoclaste, ou doux rêveur ! Cela me paraît indispensable pour oser repenser notre cheminement chrétien en cette période si chaotique.
La réforme de l'institution Église, indispensable au vu de tous les scandales actuels (mais qui malheureusement ont existé abondamment tout au long des siècles), ne peut passer, à mon avis, que par la suppression du sacerdoce ministériel consacré, c'est-à-dire dire celui des évêques, des prêtres et des diacres.
Même si le clergé a produit des œuvres magnifiques et rendu au cours des siècles des services innombrables et souvent remarquables, aussi bien aux personnes qu'aux sociétés, je suis convaincu que le « statut de prêtre », le sacerdoce ministériel, chargé d'un pouvoir sacré, est à la racine même des maux provoqués par le cléricalisme.
La création de la caste sacerdotale entraîne l'introduction du pouvoir de quelques-uns, proclamés hommes consacrés à vie, dotés de pouvoirs spéciaux, sacrés, et différents de ceux du reste des croyants. Mais en fait aucun humain n'a un pouvoir sacré... à moins de se prendre pour dieu... mais de quel droit ? Et surtout avec quelle validité ?
Selon moi, il n'y a pas de personnes au pouvoir sacré, il n'y a pas de classe sacerdotale mettant des êtres à part des autres. Il n'y a que des humains, hommes, femmes, enfants, vieillards qui avancent ensemble sur le chemin de la vie, tous égaux en dignité même s'ils ont des compétences et des possibilités différentes.
Il y a des services à assurer pour permettre la bonne marche des communautés, pour cheminer avec les personnes et les groupes : cela pourra se traduire par des fonctions et des services différents, d'une durée limitée, adaptés aux besoins de chaque communauté, et tenant compte des possibilités et des limites de chacun.
Ces rôles, ces fonctions et services peuvent exiger des compétences particulières, mais elles ne sont pas l'apanage d'un sexe. Elles peuvent être assurées aussi bien par les hommes que par les femmes. Et elles ne donnent aucune supériorité des uns sur les autres.
Je pense que ce n'est qu'en repartant de ce refus de base du sacerdoce ministériel comme pouvoir consacré, que les chrétiens pourront reconstruire cette Église que nous composons tous ensemble et dont nous avons besoin, car c'est quand nous sommes deux ou trois réunis en son nom que Jésus est là, au milieu de nous.
Jean-Luc Lecat-Deschamps