Pour clarifier les mythes dans l'Église romaine

Publié le par Garrigues et Sentiers

Un certain nombre de mots ou de concepts restent pesamment présents dans le discours ecclésiastique, sans présenter toujours une grande conformité à la réalité. Il faudrait en dresser la liste pour tenter de leur redonner un sens commun.

Ainsi en est-il, premier exemple, de la « Sainte Église ». L’étiquette couvre peut-être une vision mystique de l’assemblée des disciples passés et présents du Christ, mais le qualificatif semble peu adapté à la situation de l’Église romaine en 2019 (en fait, plus ou moins, depuis deux millénaires). On répliquera : « Oui, elle est fondamentalement «sainte», puisque fondée par Jésus-Christ [?], mais elle est composée d’hommes faillibles ». Certes. Alors balayons devant la porte d’une expression ambiguë.

Il n’est pas question de réfuter la grandeur de la chasteté, « épine dorsale » de la vie religieuse ou cléricale, de dénier son écho prophétique pour annoncer ce que serait une vie « en Dieu » pour ceux qui en seraient physiquement et psychologiquement capables. Mais quelle est sa pertinence actuelle ? On découvre peu à peu l’ampleur du scandale de la pédophilie, apparemment largement répandue dans l’Église universelle. Comment une telle horreur a pu être commise par des personnes censées « représenter le Christ » ? Avaient-elles conscience du tort porté au message dont elles étaient porteuses ? Combien de temps faudra-t-il pour redonner confiance en une institution qui réaffirmait sans cesse la noblesse céleste de sa mission et en tirait vanité ?

Pour faire bon poids, on découvre aussi de nombreuses autres infractions à cette chasteté revendiquée comme signe de « sainteté », qu’elles soient hétéro ou homosexuelles. Question annexe : l’engagement au célibat est-il strictement équivalent à un vœu de chasteté ? Cette distinction signifie-t-elle quelque chose ?

Si la chasteté n’est plus « vivable » aujourd’hui, il faut le reconnaître et trouver un moyen pour que les fonctions d’Église nécessaires à la vie chrétienne et réservées jusqu’ici aux clercs (de moins en moins nombreux) : baptêmes, mariages, prédication, confession… puissent être assurées par d’autres,  s’ils sont aptes et formés à l’accomplissement de ces actes

Les aumôniers d’hôpitaux, de prisons… non prêtres, y compris des femmes, ne seraient-ils pas légitimes à recevoir la confession de gens qu’ils écoutent et qui leur font confiance ? Le baptême peut déjà être assumé par un laïc en cas d’urgence, « à condition de le faire dans l’esprit de l’Église ». Pourquoi pas dans la vie courante ? Beaucoup de laïcs, intellectuellement et spirituellement compétents, pourraient souvent assurer une prédication aussi bien qu’un prêtre. Cela se fait chez nos frères protestants. Enfin, n’oublions pas que les « ministres » du sacrement de mariage sont les époux eux-mêmes, le prêtre n’étant que l’« assistant » au nom de l’Église (décret Tam etsi de 1563). Etc.

Resterait, apparemment « insoluble » dans le cadre du laïcat d’aujourd’hui, la célébration de l’Eucharistie. Ou plutôt l’acte « sacré » de la consécration. Sans remonter à l’Église primitive, où il n’est pas assuré que le repas fraternel devait être «présidé» par un spécialiste (1), ne pourrait-on retravailler théologiquement et liturgiquement, la question des ADAP plutôt que de désigner un « titulaire » ecclésiastique qui viendra dans la paroisse toutes les X semaines et ne pourra connaître ses ouailles ?

Que le Seigneur fasse que l’Église devienne ce qu’elle dit qu’elle est.

Albert Olivier


 

1. Les allusions à l’Eucharistie dans les Actes des apôtres comme les chapitres IX et X de la Didaché, témoignages du premier siècle de l’Église primitive, ne décrivent rien d’autre qu’un vrai repas fraternel en mémoire et à la louange du Seigneur.

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