Taxer les multinationales ? Nul n’osera le faire...

Publié le par Garrigues et Sentiers

 

À mon tour de donner mon point de vue au sujet du grand débat.

 

La droite et la gauche et leurs présidents qui se sont succédé depuis des décennies ont toujours eu la même politique : grignoter sur la classe moyenne pour renflouer l’État. Que dis-je depuis des décennies ? Non depuis plusieurs siècles, pour la petite histoire, depuis cette conversation surprise sur internet entre Colbert et Mazarin :

 

Colbert:

« Pour trouver de l'argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus.

J'aimerais que Monsieur le Surintendant m'explique comment on s'y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu'au cou… »

Mazarin : 

« Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu'on est couvert de dettes, on va en prison.

Mais l'État, lui, c'est différent. On ne peut pas jeter l'État en prison.

Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les États font ça. »

Colbert:

« Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l'argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ? »

Mazarin: 

« On en crée d'autres. »

 Colbert: 

« Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu'ils ne le sont déjà. »

Mazarin : 

« Oui, c’est vrai, c'est impossible ! »

Colbert : 

« Alors, les riches ? »

Mazarin: 

« Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres ! »

Colbert: 

« Mais alors, comment fait-on ? »

Mazarin : 

«Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des honnêtes citoyens qui travaillent, rêvant d'être riches et redoutant d'être pauvres !

C'est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux-là… plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser ; c'est un réservoir inépuisable. »

 

Extrait du « Diable Rouge »… et c'était il y a 4 siècles ! 

 

Mais avec le président Macron se disant indépendant d'un parti politique mais butinant à droite et à gauche, il y a une petite différence, quelque chose de plus qui le distingue de ce discours et des présidents qui l'ont précédé : il arrache le seul morceau de pain de la bouche des plus pauvres. Ce n'est plus la classe moyenne qui est grignotée, mais ceux qui n'avaient que ce petit morceau de pain pour vivre et qui leur est enlevé.

 

Les « riches » étant pour la plupart descendus en classe moyenne, pour ne pas laisser dire qu'il taxe les plus malheureux, il taxe aussi ceux et celles qui dépassent à peine de quelques euros le seuil de pauvreté. C'est ça l'originalité de Macron !

 

Pourquoi aucun gouvernement n'a osé puiser dans les capitaux des multinationales pour résoudre le problème de la pauvreté dans le monde ? Même si Mélenchon avait été élu il ne l'aurait pas fait. Pourquoi ?

 

Il y a quelques années, le propriétaire d'une multinationale tenta de mettre une partie de ses capitaux au service d'un état très pauvre de l’Afrique, je ne sais plus lequel. Il y fit construire un hôpital, amener l'eau potable par des canaux sur plusieurs dizaines de kilomètres, et fit aménager des villages. Mais il dut s'arrêter assez vite car il reçut des menaces de mort de la part des autres multinationales. Craignant pour sa vie, il arrêta tout et rentra dans l'ombre. Il n'avait pas compté sur la corruption organisée de ses « coreligionnaires » prêts à l'éliminer s'il continuait ses aides.

 

Ce serait le seul moyen de résoudre les problèmes de la dette et de la pauvreté dans le monde, celui de prendre aux multinationales. Mais aucun gouvernement européen ne le fera. On ne peut pas se protéger de leur organisation mafieuse.

 

Je viens de signer une pétition contre la corruption de ces multinationales mais portera-t-elle des fruits ? Je n'ai guère d'espérance.

 

Le gouvernement qui essaiera de taxer les capitaux des multinationales prendra des risques énormes, même et surtout si c'est dans la légalité. Je crois que ce sont certaines de ces mêmes multinationales qui ont fait supprimer l'I.S.F. à Macron. Ce sont elles qui tirent les ficelles à la tête de tous les gouvernements et elles ont certainement pris les devants pour justifier le non-paiement de leurs impôts au cas où un de ces gouvernements leur demanderait des comptes.

 

Nous, on continuera avec nos petits moyens à se débattre comme des canards pris dans l'eau boueuse d'une mare sans beaucoup de succès de s'en sortir.

 

Tel se déroulera  le « Grand Débat » avec beaucoup de parlotes et peu d'actes positifs.

 

Christiane Guès  

Publié dans Réflexions en chemin

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D
Si l'on met de côté la question de la taxation des multinationales - qui devraient déjà se voir appliqué le principe du pollueur-payeur qui en ciblerait un fort grand nombre -, un contre-feu à la mondialisation du business où réside leur hégémonie, peut se trouver dans une taxation en faveur du commerce équitable. Un sujet à porter au niveau où ses enjeux se situent : les prochaines élections européennes.
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V
Excellent article. Dommage qu'il soit gâché par une discussion fictive entre Colbert et Mazarin qui est tirée d'une pièce contemporaine. Mais peut-être avez-vous fait ironiquement cette citation ?<br /> <br /> Je constate en tout cas que beaucoup d'intervenants sur le site n'espèrent plus rien, ou plus grand-chose, des partis politiques, de quelque bord qu'ils soient. Personnellement, j'ai toujours considéré les hommes politiques comme inexistants et ne me suis jamais occupé d'eux. Et j'ai de même toujours refusé de signer la moindre pétition car je n'ai jamais compris qu'on puisse accorder la moindre valeur à ce type d'"action". Il est un exemple historique de l'inanité d'un tel prétendu "moyen de pression" : le mouvement chartiste. La charte du peuple réunit d'abord plus d'un million de signatures. Le Parlement s'assit dessus. Une deuxième pétition récolta plus de trois millions de signatures. Idem. Et le mouvement se termina dans le ridicule : une troisième pétition censée avoir recueilli plus de cinq millions de signatures en contenait en fait moins de deux millions et on découvrit de nombreux faux. Ce fut la Bérézina.<br /> <br /> "Se débattre comme des canards pris dans l'eau boueuse d'une mare sans beaucoup de succès de s'en sortir", tel a toujours été le lot commun des opprimés. La catastrophe, c’est qu’ils ont espéré que le salut viendrait d’ailleurs, c’est-à-dire, concrètement, du pouvoir. Il y a presque un siècle et demi, un fou furieux, non content de prétendre que "L’État opprime et la loi triche,/L’impôt saigne le malheureux;/Nul devoir ne s’impose aux riches,/Le droit du pauvre est un mot creux », clamait qu’"Il n’est pas de sauveurs suprêmes,/Ni Dieu, ni César, ni tribun,/Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !" À la même époque, une autre illuminée vaticinait : "Tout pouvoir est maudit". Ces insensés n’ont pas connu notre époque pour constater leur folie, où tout ce délire a été balayé par les faits : les riches n’ont-ils pas des devoirs et n’avons-nous pas des sauveurs en nos présidents et nos tribuns ?<br /> <br /> Trêve de sarcasmes. Merci pour votre conclusion : elle devrait être le point de départ de toute réflexion politique sérieuse et la condition sine qua non de toute action de résistance à envisager. Je vous remercie également pour l’exemple que vous citez de ce propriétaire de multinationale. Si j’ai choisi de "rester en bas", de ne pas "parvenir", c’est précisément parce que j’ai toujours pensé qu’on ne peut être à la fois dehors et dedans. Le "bon" riche n’existe pas parce que ce n’est pas une question de personne mais de structure, et les hommes politiques, les dirigeants en général sont riches. Que certains riches soient "moins" riches que d’autres ne change pas d’un iota le problème. C’est pourquoi aussi il n’existe pas de "bon" maître : qui dit maître dit esclave.<br /> <br /> Armand Vulliet
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V
Madame Guès, je trouve paradoxal que dans votre réponse à mon commentaire vous écriviez "Si on se réfère à la structure au sujet de la richesse, on ne porte plus le regard sur la personne" puisque je ne fais que reprendre l'exemple de ce propriétaire de multinationale que vous citez vous-même. Oui ou non, sa personne a-t-elle compté?
G
Cette discussion fictive entre Colbert et Mazarin je me doutais que c'était une citation mais pas d'où elle était tirée. J'ai voulu démontrer que ça s'était toujours passé ainsi même si c'était dit de façon humoristique.<br /> Le fait est, beaucoup plus grave, que 200000 SDF vivent misérablement dans nos rues ne pouvant se payer un logement, ceux-là on ne les ponctionnera pas sur leur APL En France, ça ne s'était encore jamais vu et le chiffre ne cesse d'augmenter.<br /> Si on se réfère à la structure au sujet de la richesse, on ne porte plus le regard sur la personne.<br /> Est-ce que le fait de parvenir exclut la personne ? Ne sommes-nous pas dans une structure de richesse pour ces SDF ?<br /> S'il y avait comme dit Didier Lévy l'égalité des conditions, chacun aurait droit à la même considération.
D
"...il n’existe pas de "bon" maître : qui dit maître dit esclave''. Raison pour laquelle, aussi, la démocratie limitée à l'égalité des droits est un leurre sans l'égalité des conditions. Si déjà le "Grand débat'' dégageait une prise de conscience en faveur de la priorité que constitue la réduction des inégalités, et de l'action volontariste et continue que cette priorité appelle dès lors qu'on se donne le projet de construire "une autre société".