François, trop, c’est trop

Publié le par Garrigues et Sentiers

Après avoir conseillé de psychiatriser les enfants homosexuels, le pape vient de comparer l’avortement aux pratiques nazies et les médecins qui le pratiquent à des tueurs à gage. Ne soyons pas étonnés du rappel de la « doctrine de l’Église » qui ne manifeste aucune évolution ni ouverture sur tout ce qui touche à la sexualité (1). Le pape que certains s’obstinent à vouloir dire progressiste a toujours manifesté un grand classicisme sur les questions de foi, de religion, de société (2). Par contre on peut s’étonner de la violence du propos. Déjà certains nous redisent, comme chaque fois, qu’il faut tout lire, que c’est une phrase dans un long texte, etc. Cette façon de botter en touche n’est pas acceptable. Le pape n’est pas un naïf, il sait fort bien que sa phrase sera reprise partout et deviendra la clé de son discours.

 

La question de l’avortement est très grave. Il s’agit de notre capacité, ou volonté d’accueil d’un être en devenir, cela touche au plus profond de ce qui fait de nous des hommes et des femmes. Serait-elle trop grave pour que le pape soit légitime à en parler ? Elle touche à de nombreux domaines : juridique (ce qui est permis ou non dans une société), sociétal (les sociétés évoluent, quel est leur sentiment, quelles sont leurs convictions ?), scientifique (qu’est-ce que l’embryon, quand acquiert-t-il une autonomie de vie, etc ?) et bien sûr philosophique (qu’est-ce que la vie ? qu’est-ce qu’une vie humaine, un être humain ? A partir de quand un embryon est-il un être humain ?). Au sujet de l’avortement toutes ces questions et bien d’autres probablement doivent être étudiées, débattues dans la société, nul n’a une réponse qui s’impose à tous. Mais tous sont concernés par une question aussi grave. Au-delà se trouve une question morale, d’autant plus obscure que la source de la morale est difficile à définir. Dire que c’est Dieu suppose d’abord une certaine foi et de plus permet de dédouaner l’homme dont la responsabilité est bien de définir la morale qu’il s’impose. Enfin une question de foi, et de religion. Ma foi me dicte-t-elle quelque chose ? Dieu me parle-t-il sur ce sujet ? Quel est son désir (plutôt que sa volonté) ? Les religions donnent des réponses, mais déjà entachées par chaque institution religieuse, elles sont déjà une interprétation de la foi.

 

Oui le pape est légitime en tant que « chef religieux » pour donner son avis. Mais un avis n’est pas un ordre ni une condamnation (« tueur à gages » ou « nazis » !). Et suivons ce qu’il a dit sur le cléricalisme : l’Église est encore une hiérarchie très verticale, il faut en sortir. Le pape ne peut plus être le chef, mais celui qui cherche à rassembler, à maintenir (ou construire) l’unité. L’Église, si elle veut être fidèle à sa mission, doit sans cesse être en dialogue avec la société, pour chercher la vérité avec tous les hommes, tous appelés au salut par le Christ. Sinon elle n’est qu’une secte qui a réussi un temps et condamnée, heureusement, à disparaître. L’Église doit donc se frotter à tous les domaines de réflexion cités plus haut et en débattre avec tous les hommes, et non se contenter d’invectiver ceux qu’elle condamne de fait, même en rajoutant quelques paroles lénifiantes. Le pape rappelle la loi de l’Église, fort bien. Mais la loi n’est pas sacrée, elle est une construction humaine. De plus elle est un horizon et non pas une contrainte. Le Christ en a donné une : « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait », reste à la décliner dans la vie de tous les jours !

 

Tout cela ne serait pas si grave, juste une discussion de salon entre gens intéressés ou spécialistes, si ça ne débouchait pas sur des dizaines de milliers de morts et de mutilations. Cette réalité doit nous provoquer, elle interdit les discours de circonstance qui veulent l’occulter (on parle alors d’« avortements de confort », de perte des valeurs morales, d’hédonisme mortifère, etc.). Chaque jour des femmes meurent, sont mutilées à vie. La réponse n’est pas dans le titre de « tueurs à gages ».

 

Quand donc les catholiques se rebelleront-ils contre de tels propos, de telles violences, une telle fermeture ? Au lieu de partir discrètement en vidant les églises. Quand oseront-ils dire au pape qu’une telle phrase tue toutes celles de compassion qu’il a exprimées auparavant ? Nous sommes responsables des propos que nous laissons passer, et de leurs conséquences.

 

Trop, c’est trop.

 

Marc Durand

11 octobre 2018

 

1 - Pour ce qui est de la vie, il n’en est pas de même, l’Église a toujours accepté de tuer, que ce soit le criminel ou dans les guerres, cela relativise ses discours sur l’assassinat des « bébés à naître », vocabulaire piégé puisque justement ils ne sont pas des bébés.

 

2 - Mais aussi faut-il reconnaître un nouveau souffle dans plusieurs de ses « exhortations » qui est vraiment un sujet d’espérance. Ce souffle rend incompréhensible la véhémence de ses dernières déclarations qui concernent notre vie intime mais aussi tout un pan de la société. On touche à une certaine contradiction qu’il faudrait creuser en toute sérénité, au-delà des propos récents.

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D
LA VIE, UNE IDOLE ?<br /> Le renvoi 1 - de Marc Durand cerne par ailleurs très exactement le fond de la question en débat. Le respect de la vie n'est pas la sacralisation de la vie. Si la vie était "sacrée", le martyr qui a choisi de mourir pour sa foi, celui qui se sacrifie par avance dans son combat contre une tyrannie, se trouveraient dans le cas d'encourir la même réprobation, la même condamnation, que celles qui visent la commission d'un suicide. Combien de Te Deum l'Eglise n'a-t-elle pas, au reste, célébrés en glorification de victoires qui ont pesé leur prix en centaines de milliers ou en millions de morts ? De combien de funérailles solennelles les plus hauts dignitaires de l'épiscopat n'ont-ils pas honoré des généraux qui avaient envoyé des dizaines de milliers de jeunes hommes, poitrines nues, sur des pentes où les attendaient les canons et les mitrailleuses de l'ennemi - dans des assauts (on pensera au Chemin des Dames) où ils étaient voués à être déchiquetés par les obus, ou couchés par les balles comme "les épis murs et les blés moissonnés" ? S'il faut se garder de l'anachronisme, de méconnaître les spécificités des circonstances passées et les mentalités dominantes d'alors, innombrables sont les rappels de l'histoire - on n'aura pas la cruauté de remonter aux Guerres de religion, à la Saint-Barthélémy ou aux Dragonnades - qui devraient conseiller à ceux qui parlent au nom de l'Eglise romaine d'adopter un profil, sinon bas, du moins scrupuleux en montrant de l'attention (on en est à souhaiter un minimum d'attention) aux souffrances et aux drames qui forment la totalité de l'arrière plan du sujet qu'en l'espèce, ils se risquent à traiter. <br /> Didier LEVY en ce même 15 10 18 ...
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D
NE FAITES POINT SELON LEURS ŒUVRES ...<br /> Irrésistible irruption en nos mémoires, ces jours-ci, de l’interpellation relatée dans l’Évangile-Matthieu (23, 1-12) - avec l’obscurité que celle-ci comporte :<br /> "Alors Jésus parla aux foules et à ses disciples, en disant les scribes et les pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse.<br /> "Toutes les choses donc qu'ils vous disent, gardez-les et faites-les ; mais ne faites point selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas ; mais ILS LIENT DES FARDEAUX PESANTS ET DIFFICILES A PORTER, ET LES METTENT SUR LES ÉPAULES DES HOMMES, TANDIS QU'EUX-MÊMES, ILS NE VEULENT PAS LES REMUER DU DOIGT.<br /> (…)<br /> "Et ne vous faites point appeler directeurs, car un seul est votre Directeur, le Christ ‘’.<br /> > Une obscurité – « faites-les » - qui renvoie au « Je ne suis pas venu abolir la Loi … », mais qui se lit et se déchiffre pareillement en ce sens que la Loi ne dirige pas (« ne vous faites point appeler directeurs … »), mais seulement l’esprit qui l’enveloppe tout entière et lui donne une intelligence et une âme. Ainsi du « Que le premier d’entre vous qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre ».<br /> Où est l’esprit dans la comparaison qui a été osée avec les nazis ? Aucune similitude ne saurait être tirée de l’extermination planifiée et méthodique d’une partie du genre humain, parce qu’aucun crime contre l’humanité – l’horreur absolue fait de chacun un crime à la fois sans exemple et irréductible - n'autorise une quelconque comparaison avec quoique ce soit en ce monde.<br /> Où est l’esprit, et en l’espèce l’esprit de compassion qui tisse le plus intimement, tant pour les croyants que pour les non croyants, le lien du message chrétien avec ce D.ieu qui ne s’est voulu présent que par la promesse de pardon infini qu’il a délivrée, quand on se ferme à l’image du couple qui apprend en toute certitude que l’enfant attendu naîtra sans ses deux bras ? <br /> Ne répondre à ce couple que par un sermon sur la dignité de la créature handicapée - et une paternaliste invitation à ne considérer que cette dignité face à l’épouvante d’une épreuve indicible où chacun ne peut lire qu’une aberration biologique -, et lui enjoindre en conséquence de faire sienne cette résignation de sépulcres blanchis qui de tout temps a été qualifiée de « très chrétienne », est-ce vraiment autre chose que DE METTRE SUR LES ÉPAULES DES HOMMES DES FARDEAUX INSUPPORTABLEMENT PESANTS ET PARTANT IMPOSSIBLES A PORTER ? <br /> Et de suggérer, quasi invinciblement, que c’est parler et agir exactement comme ceux qui « disent et ne font pas », comme ceux qui, dans leurs œuvres, n’ont PAS A REMUER DU DOIGT ces mêmes fardeaux insoutenables qu’ils distribuent à leurs sœurs et à leurs frères ?<br /> S’entend par là qu’une certaine bonne conscience – il est très charitable de désigner ainsi ce dont il s’agit dans l’exhortation et sur le sujet en cause – se rapproche du péché contre l’esprit quand elle est le fait d’une caste sacerdotale qui se perpétue, et entend à jamais se perpétuer, dans les deux exclusives qui la coupent du monde : sa masculinité et son célibat.<br /> Didier LEVY – 15 10 2018
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V
Vous parlez d’une «horreur absolue» qui interdit toute «comparaison avec quoi que ce soit en ce monde». C’est exactement l’argumentation de Marcel Conche à propos de ce qu’il appelle le «mal absolu» en réponse aux objections de chrétiens qui cherchent à relativiser ce mal pour montrer qu’il n’est pas incompatible avec l’existence d’un Dieu d’amour : «[…] si la souffrance des enfants est un mal absolu, cela signifie qu’on n’en peut changer la signification en la mettant en rapport avec autre chose — quoi que ce soit. La douleur isole. Un infranchissable abîme sépare l’enfant qui meurt dans la chambre à gaz de toute l’humanité et de tout l’univers. Sa douleur ne peut être considérée isolément, n’est pas séparable, est absolument inappréciable comme lui-même; étant au-delà de toute mesure, elle ne peut entrer à titre de “grandeur” dans aucun “calcul”./Impossible, on le voit, […] de justifier Dieu. Celui-ci paraît inexcusable de s’être résigné à faire dans son ouvrage la part du mal, quand ce mal frappe de plein fouet les enfants. On nous dit qu’il ne veut pas le mal, mais s’en sert comme d’un moyen[1], ou le permet à titre de conséquence accidentelle de la réalisation du bien. Mais si la souffrance des enfants est un mal absolu, elle est par principe incompensable[2].» Pour vous, dès le moment où un argument s’attaque à un homme, il est valable; dès qu’il met en cause l’existence de Dieu, il n’a plus aucune valeur.<br /> <br /> Par ailleurs, vous imputez au pape et à la «caste sacerdotale» une faute qui «se rapproche du péché contre l’esprit» et je considère cette notion de péché contre l’esprit comme la raison principale de l’existence de l’Église telle qu’elle a été, telle qu’elle est et telle qu’elle sera, car elle ne peut pas être autrement sans saper ses fondations. Je citerai deux passages des Évangiles. Le premier, c’est celui des malédictions contre les villes: «Alors il se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles avaient eu lieu la plupart des miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas repenties. Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr ou dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre. C'est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous. Et toi, Capernaüm, seras-tu élevée jusqu'au ciel? Non. Tu seras abaissée jusqu'au séjour des morts; car, si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait encore aujourd'hui. C'est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité moins rigoureusement que toi.» (Mt 11,20-24); «Mais dans quelque ville que vous entriez, et où l'on ne vous recevra pas, allez dans ses rues, et dites: Nous secouons contre vous la poussière même de votre ville qui s'est attachée à nos pieds; sachez cependant que le royaume de Dieu s'est approché. Je vous dis qu'en ce jour Sodome sera traitée moins rigoureusement que cette ville-là. Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre. C'est pourquoi, au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous. Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu'au ciel, tu seras abaissée jusqu'au séjour des morts. Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; et celui qui me rejette rejette celui qui m'a envoyé.» (Lc 10,10-16) Le deuxième passage, c’est celui où il est accusé de chasser les démons par Béelzébul. Trop, c’est trop! Il se fâche et fulmine: «[…] le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné […] quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir» (Mt 12,31.32); «[…] quiconque blasphémera contre le Saint-Esprit n’obtiendra jamais de pardon: il est coupable d’un péché éternel» (Mc 3, 29); «[…] à celui qui blasphémera contre le Saint-Esprit, il ne sera point pardonné» (Lc 12,10). Cet épisode est à ma connaissance le seul des Évangiles où Jésus condamne SANS APPEL. Que signifient ces textes, sinon que tout humain qui ne reconnaîtra pas Jésus comme le Fils de Dieu et Dieu lui-même est damné? C’EST CELA, LE PÉCHÉ CONTRE L’ESPRIT (et j’écris Esprit avec une majuscule: cet Esprit-là n’a rien à voir avec l’esprit de compassion, qui n’a rien de spécifiquement chrétien). La valeur absolue que Jésus se donne est le fondement de l’Église et ce fondement a entraîné, entraîne et entraînera des conséquences ô combien prévisibles et jouées d’avance. Ne pas mettre en cause cette racine du mal, c’est chercher à résoudre la quadrature du cercle[3]<br /> <br /> Armand Vulliet<br /> <br /> [1] C’est l’argument du pape pour refuser l’avortement: «Un enfant malade est comme chaque nécessiteux de la terre, comme une personne âgée qui a besoin d’assistance, comme tant de pauvres qui ont du mal à joindre les deux bouts» et c’est un «don de Dieu capable de te sortir de l’égocentrisme».<br /> [2] «Christianisme et mal absolu», dans Raison présente n° 7, 3etrim. 1978, p.79.<br /> [3] Je répète ce que j’ai déjà dit dans mon commentaire de l’article de Jean-Luc Lecat-Deschamps «Aux clercs l'honneur d'oser déraciner le cléricalisme!» (17/10/2018): «Dans mon commentaire de l’article d’Antoine Duprez “Changer de regard : deux cas évangéliques”, je citais le théologien protestant Ulrich Luz: “[…] le mal apparaît par le simple fait que Jésus, le Christ, reçoit une valeur absolue. Nos questions nous conduisent dès lors tout droit à Jésus lui-même, sur lequel repose toute la christologie du christianisme primitif: quel rapport, chez lui, entre son message de l’amour infini de Dieu et son message du jugement? Peut-il légitimement approcher les hommes, qu’il aime infiniment au nom de Dieu, en les confrontant en tant que messager divin comme il le fait, avec des exigences inouïes concernant sa propre personne –des exigences qui leur font inéluctablement violence–, puisqu’en cas de rejet l’amour absolu se transforme en menace absolue? La racine du mal se trouve-t-elle déjà dans le fait que Jésus s’est érigé lui-même en absolu?” Je n’ai eu sur le site aucune tentative de réponse à cette question d’un chrétien.» Et jusque-là je ne sais toujours pas comment Ulrich Luz y a répondu lui-même. Les théologiens posent toujours de bonnes questions, les questions essentielles même. Quant à y répondre… L’Église utilise les théologiens pour montrer que rien ne lui échappe, ce dont je suis certain, mais ce n’est pas parce qu’on a mentionné un problème qu’on l’a résolu. Dominique Urvoy a magistralement montré, en quelques mots, le but, et l’inanité, de cette pratique. Après avoir résumé le livre Lectures du Coran de Mohamed Arkoun, il conclut: «Le fait d’être d’abord écrite en français et en anglais, et de façon subsidiaire en arabe, donne à cette œuvre deux caractères apparemment contraires mais en fait complémentaires. L’expression étant d’allure essentiellement universitaire, cela en limite l’impact. La réalisation relevant en grande partie du programme, cela lui donne un caractère quasi doctrinal. Aussi est-elle très prisée par les intellectuels qui rêvent d’un “Islam des Lumières” et qui pensent que, PUISQUE LA PLANIFICATION EST EXPOSÉE DANS TOUS SES DÉTAILS, C’EST QUE SA RÉALISATION EST POSSIBLE! [c’est moi qui souligne]» (Histoire de la pensée arabe et islamique, 2006, p.646.) Je reste toujours pantois lorsque le lis dans des dictionnaires écrits par des croyants les notices traitant de sujets «sensibles» pour la foi. Par exemple «Mal» dans le Dictionnaire critique de théologie (2007, p.831-834) et «Choah» dans le Dictionnaire encyclopédique du judaïsme (1996, p.210-214). On dirait que des chercheurs scientifiques s’efforcent de trouver la théorie qui décrit le mieux des faits objectifs et qu’avec le temps la recherche progresse. La «recherche» de quoi, au fait? «Le débat théologique se maintient à travers des études remarquables sur la CHOAH (bien que la dimension théologique demeure souvent ignorée). [Un débat théologique sans dimension théologique, comprenne qui pourra!] Des enseignants poursuivent leurs recherches, tels Michaël Wyschogrod -fervent traditionaliste attendant la rédemption de D.–, Eugène Borowitz –théologien réformé érudit, qui développe l’idée d’une théologie de l’Alliance en soulignant l’importance de la responsabilité personnelle–, et une jeune génération de rabbins appartenant aux différents courants, qui continuent d’étudier cette tragédie et lui apportent des réponses diverses. Le résultat de ces recherches est particulièrement sensible dans le cadre du dialogue interreligieux (relations entre religions).» («Choah», op. cit., p.213.) Quelle dérision! Est mentionné dans cet article, avec approbation («étude fondamentale de la CHOAH» , p.212), le «penseur» juif contemporain Emil Fackenheim. Le grand «résultat» de la «recherche» de ce monsieur vaut qu’on s’y arrête: «Pour un juif d’après Auschwitz, une seule chose est certaine: il ne peut pas prendre le parti des assassins et faire ce qu’ils ont laissé inachevé. […] le juif séculier, qui a perdu le Sinaï et entend maintenant la Voix d’Auschwitz, ne peut abuser de cette Voix pour détruire quatre mille ans de témoignage de la foi juive. Les rabbins affirment que le premier Temple a été détruit à cause de l’idolâtrie. Les juifs ne peuvent pas détruire le Temple des larmes d’Auschwitz, en faisant, sciemment ou inconsciemment, l’œuvre de Hitler.» (Penser après Auschwitz. Affirmations juives et réflexions philosophiques, 1986, p. 154-155.) Primo Levi et Jean Améry nazis «inconscients»! De l’art de cracher du venin en toute bonne conscience. Et quelle obscénité innommable dans cette «Voix» avec majuscule (comme si Auschwitz n’imposait pas le mutisme éternel!) et ce «Temple des larmes d’Auschwitz» (avec majuscule lui aussi!). Les théologiens ne sont que des abstracteurs de quintessence, et de l’espèce la plus répugnante, celle qui passe son temps à «chercher» à justifier l’injustifiable et ne mérite que le «mépris civilisé» de Carlo Strenger. (Voir l’article d’Albert Memmi «Théologiens» dans son Dictionnaire critique à l’usage des incrédules, 2002, p.330-332.)
P
Bonjour, je partage tout à fait la réaction De marc Durand. L'élection de François avait fait naitre chez moi et bien d'autres un espoir d'évolution de l'Eglise sur certaines points : meilleure prise en compte des évolutions des sociétés , des progrès technologiques qui bien entendu contribuent à ouvrir de nouvelles possibilités à l'homme mais surtout l'engagement des réformes internes à l'Eglise catholique pour la sortir de son marasme mortifère. Le bilan est très décevant. Devant l'énorme et dévastateur scandale de la protection que l'Eglise jusqu'au plus haut niveau a accordé à ses clercs les réponses ont été d'accepter quelques démissions de prélats ( pas de sanction !) de créer des comités et commissions dont rien ne sort puis dernière ficelle politicienne d'inventer un mot " le cléricalisme" dont l'intérêt évident est de faire parler du concept et surtout pas des réponses à y apporter et donc de remettre en cause ceux qui ne l'on pas fait comme s'était leur devoir religieux et de citoyen. Qui peut croire que dans une institution dont le chef lui même dénonce son conformisme aucun de ses prédécesseurs n'ont été informés des crimes commis en nombre par des clercs. Le cléricalisme n'est que le comportement humain d'une communauté qui se protège pour défendre ses privilèges, cela n'a rien à voir avec le concept d'Eglise corps du Christ Vivant. Le sentiment de révolte qu’exprime Marc Durand ne peut qu'être partagé par les chrétiens sincères. La question est comment refonte t'on une Eglise du Christ ?
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C
Bravo!!
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