« Dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme » (Pape François)
Suite à la révélation, par la justice de plusieurs pays, d’abus sexuels commis par des clercs dans l’Église catholique, notamment auprès de mineurs, le pape François a adressé, le 20 août dernier, une Lettre au peuple de Dieu. Il reconnaît les responsabilités collectives de la communauté ecclésiale : « Avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage infligé à tant de vies ».
L’analyse de cette situation le conduit à dénoncer le cléricalisme comme une des sources principales de ces crimes : « Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Église – si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience – comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que L'Esprit-Saint a placée dans le cœur de notre peuple. Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme » (1).
Le président de la commission doctrinale de la Conférence des évêques de France le définit ainsi : « Le risque de dérive cléricale existera toujours, et il faut dire aussi que certains fidèles sont à la recherche de chefs. Un bon prêtre n’est pas quelqu’un qui pense à la place des autres, mais qui permet à chacun d’accéder à sa propre liberté spirituelle. Notre tête, c’est le Christ, pas un prêtre, si formidable soit-il » (2).
(1) Pape François Lettre au peuple de Dieu in Journal La Croix du 21 août 2018, p. 3-4
(2) Eric de Moulins-Beaufort, président de la commission doctrinale de la conférence des évêques de France, in Journal La Croix du 30 août 2018, p. 4.
(3) Frère Roger, de Taizé (1915-2005), Aux côtés des plus pauvres, éditions Les Presses de Taizé 2017, p. 143-144.