Une lumière brille dans les ténèbres

Publié le par Garrigues et Sentiers

Fête de la Purification, fête de la Chandeleur. Autrefois, dit-on, des chandelles étaient promenées dans les champs pour obtenir une "bonne" renaissance de la terre, avant des semailles. La chaleur des bougies "revigorait" la terre et permettait de la féconder. Plus tard a plutôt été célébrée une fête de la lumière, l'enfant présenté au temple étant "lumière des nations". Et nous, que célébrons-nous?

 

Marie offre son enfant à Dieu, c'est dire qu'elle se dépouille de la chair de sa chair pour l'offrir. Joseph, bien silencieux est dans la même attitude. Si l'on y réfléchit un instant, ceci est une sacrée leçon pour notre temps. De quoi pouvons-nous nous séparer pour l'offrir? Quel pourcentage de notre vie offrons-nous à Dieu, c'est-à-dire bien concrètement aux autres, car c'est par là que passe toute offrande à Dieu? Si le terme de "Purification" a été choisi à cause de cet archaïsme du pur et de l'impur que l'on retrouve dans toutes les religions, à l'époque cette purification était liée à l'offrande, la femme purifiée pouvait alors offrir sa vie à Dieu à travers le don de son enfant. Il ne s'agit donc pas de la fin d'un cycle (40 jours après la naissance), mais bien de l'inauguration d'une vie offerte. Le pur et l'impur sont dépassés par Jésus, la Foi seule reste, qui est "suite de Jésus".

 

Et la lumière? Cette "lumière des nations" éclaire-t-elle quelque chose? Quelle lumière recherchons-nous?

 

Dans le monde actuel, ce seraient plutôt les ténèbres qui nous envahiraient. Une première lumière, indispensable, est celle qui nous permettrait de comprendre le monde dans lequel nous vivons et agissons afin d'être capables de nous y situer, de le féconder. Les journaux, les radios, la télévision, tous les autres médias, dont internet est le plus prégnant, nous inondent d'informations, mais qu'en faisons-nous? Comment les digérons-nous? La "communication" est à la mode : mettre en commun les connaissances ("co-naissance" comme le rappelait voici peu Bernard Ginisty). Il semble qu'on en est loin. La communication enseignée dans nos écoles, pratiquée par la plupart des médias, par tous ces "communicants" patentés, semble à l'opposé de cette définition. Pour eux il s'agit de manipulation et non de partage des "co-naissances", d'imposer des idées, de présenter telle ou telle soi-disant réalité qui nous amène à adhérer à un but que nous ignorons mais qui les sert. Cette communication est d'abord mensonge. Elle est difficile à débusquer car nous ne possédons pas la vérité, pas plus qu'eux, ce n'est donc pas au nom de notre vérité que nous pouvons les critiquer, mais simplement en comprenant comment ils construisent ce qu'ils veulent nous asséner.

 

Il est nécessaire de s'informer pour se former. Prendre le temps de lire, d'étudier, de réfléchir. Combien d'incompréhensions sont dues à des vues simplistes, erronées ou simplement dévoyées. A la base des fondamentalismes se trouve  l'ignorance alliée à un refus de mettre en question ce que nous croyons. Il en est de même de bien des "...ismes". La xénophobie triomphante est liée au refus des autres, mais aussi d'abord au refus de les connaître, de savoir ce qui fait leur vie. Racisme, antisémitisme se nourrissent des mêmes aveuglements volontaires. L'immense majorité des xénophobes, racistes ou autres n'est pas composée de "méchants" patentés, mais d'aveugles qu'aucune lumière ne peut atteindre. Il y a peu d'aveugles volontaires, heureusement, mais les autres aveugles sont légion, comment les dessiller?

        

Notre vie personnelle a aussi le besoin de lumière. Lumière apportée par les autres, si on veut bien ouvrir les yeux. En face de l'autre différent, comment le reconnaître sans que nos propres attitudes, voire notre culture nous bouchent la vue. L'exemple des migrants est lumineux : quand on les rencontre, bien des choses nous choquent, nous déstabilisent. Il n'est pas évident de nous décentrer pour comprendre ce qui advient, pour voir que leurs valeurs ne sont peut-être pas les nôtres mais sont tout aussi respectables. Il n'est pas question de perdre notre identité, mais de s'ouvrir à celle de l'autre. Il nous apporte une lumière qui nous enrichit tout en nous déplaçant, à moins que notre propre lumière soit là pour l'aveugler et du coup nous avec lui. Si cela est évident avec les migrants, de fait cela concerne toute rencontre, tout autre est différent, a d'autres codes, une autre histoire. Nous sommes responsables vis-à-vis des autres, c'est notre lumière qui les éclaire. Pour ce faire il faut accueillir la leur. L'un n'est pas "plus" que l'autre, même lorsque la situation de l'un lui donne le pouvoir et la domination. La lumière de chacun réchauffe et illumine l'autre.

        

Tout cela constitue la base de notre vie commune, de notre vie en humanité. Mais il y a une  lumière d'un autre ordre, celle du Christ. Comme les chandelles pour féconder la terre elle nous fait vivre. Cette lumière révèle l'amour du Père, c'est celle des vierges sages qui accompagnent l'époux dans la salle de noces, sans la laisser s'éteindre, c'est la lumière qui rejette le Malin dans les ténèbres, la lumière qu'il ne faut pas laisser sous le boisseau mais qui doit éclairer le monde et lui révéler son salut. La lumière du Christ nous atteint à travers la lumière de nos frères, proches ou lointains, elle leur est accordée à travers nous, comment la refuser?

        

La fête de la Purification est la fête de la Lumière et de l'offrande, elles vont nous guider tout au long de l'année liturgique.

 

                                                                                          Marc Durand

Publié dans Signes des temps

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Lire cet article, c'est prendre une grand respiration d'intelligence. C'est prendre la mesure de tout ce à quoi nous appelle le FIAT LUX, de tout ce que le passage de la Lumière peut balayer dans les œuvres de mort qu'au nombre des pires obscurcissements de la raison et de l'Esprit, portent en elles nos prétendues "communications" et les multiples injonctions à l'exclusion qui en procèdent. <br /> Au fil de cette lecture, comment ne pas relever les énoncés qui interpellent et démentent des dévoiements enracinés dans l'entendement collectif - et pour n'en citer que deux, parce qu'ils visent la commission millénaire de cruautés parmi les plus abjectes, ceux-ci : " ... cet archaïsme du pur et de l'impur que l'on retrouve dans toutes les religions", et "A la base des fondamentalismes se trouve l'ignorance alliée à un refus de mettre en question ce que nous croyons". <br /> Oui, cet article est à la fois un apport à la "co-naissance" et une nouvelle illustration de ce que notre "Garrigues et Sentiers" s'inscrit dans l'affirmation indépassable qui acte que "tout ce qui monte converge".
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