Une femme élue à la tête de l’Église protestante unie
Nous félicitant de cette nouvelle, nous empruntons au site de l’hebdomadaire protestant Réforme l’article consacré à cette élection. G&S
Vendredi 26 mai 2017, l’Église protestante unie de France (EPUdF) s’est dotée d’une nouvelle présidente en la personne de la pasteure Emmanuelle Seyboldt.
Il s’agit d’une femme très discrète. C’est simple, depuis le début du synode de l’Eglise protestante unie de France, réuni ce week-end à Lille, elle écoute attentivement, se plonge avec concentration dans les dossiers des débats, sourit quand les modérateurs plaisantent pour détendre l’atmosphère et faire oublier la chaleur étouffante, puis retourne immédiatement à son travail silencieux. Elle semble à la fois impressionnée, grave et pleinement au rendez-vous qui lui est fixé. Vendredi 26 mai, tard dans la soirée, elle a été élue présidente du conseil national de l’EPUdf. C’est la première fois qu’une femme occupe ce poste tant au sein de la jeune EPUdF, créée en 2012, que dans l’ancienne ERF (Eglise réformée de France) ou Eglise luthérienne évangélique de France.
Emmanuelle Seyboldt est pasteure depuis 1994. Issue de la paroisse réformée de Saint-Etienne, elle a fait ses études de théologie à l’Institut de protestant de théologie à Paris puis à Montpellier avant d’être nommée en paroisse en Ardèche puis à Châtellerault. Elle a été aumônier d’hôpital à Poitiers, puis chargée de mission pour la catéchèse au niveau national de 2007 à 2012. En 2013, elle retourne en paroisse à Besançon et assure la présidence de la région Est de l’ERF. Quand est créée la région unique luthéro-réformée en 2014, elle en devient la vice-présidente. Dans sa vie privée, la musique, et surtout Jean Sébastien Bach, sont ses compagnons préférés, autant que Paul Tillich ou Marion Muller-Collard. Les enfants occupent aussi une place importante dans sa vie : elle est mère de quatre enfants, son mari Andreas, d’origine allemande, étant lui-même père de trois enfants.
En tant que nouvelle présidente de l’EPUdF, la tâche qui l’attend est immense, tant en interne qu’en externe. Le synode national, qui terminera ses travaux dimanche midi, doit adopter une nouvelle déclaration de foi, après un processus synodal intense. Quelle réception sera réservée à ce texte dans les paroisses ? Les synodaux s’inquiètent aussi de plus en plus ouvertement du manque de renouvellement des générations chez les pasteurs, les départs à la retraite n’étant pas compensés par les nouvelles arrivées. Et ce ne sont là que deux des nombreux enjeux qui attendent cette femme dont le sérieux n’est pas à démontrer, et qui semble habitée par la conviction que plus l’écoute est profonde, plus la parole, même rare, sera féconde.
Elle a vécu son baptême du feu médiatique samedi matin en plein débats sur les finances de l’Eglise unie. Se présentant aux journalistes avec enthousiasme et une joie évidente, qui dénotait par rapport à son relatif effacement de la veille, elle affirme aborder son ministère de présidente avec « humilité et confiance en ceux qui l’ont appelée à cette charge ». Elle veut « enraciner (son action, ndlr) dans la dynamique et l’impulsion données à notre Eglise ces dernières années », c’est-à-dire, « se saisir du geste de Luther pour assumer notre parole au seuil de notre Eglise ».
Interrogée sur les débats houleux qui ont secoué l’Eglise unie ces deux dernières années, elle explique : « Les débats sont importants, il faut les assumer sans les mettre au placard. Oui, on peut s’engueuler franchement et rester frères et sœurs ». Alors que son micro-cravate s’emmêle avec son pendentif en forme de colombe, elle sourit : « Le rôle de président est de dénouer les nœuds tout en douceur ».
Marie Lefebvre-Billiez