L’Éducation selon Jacques Delors
Le hasard vient de mettre entre mes mains Mémoires de Jacques Delors, livre publié en 2004. Il contient un enchaînement de remarques pouvant éclairer une réflexion sur l’éducation dont voici le résumé.
Jacques Delors met en parallèle notre éducation de base reçue dans l’enseignement avec l’éducation permanente de toute une vie.
Il présente tout d’abord ce qu’il appelle les quatre piliers de l’éducation de base.
1. Apprendre à connaître
Compte tenu des changements rapides apportés par le progrès scientifique et les nouvelles formes de l’activité économique et sociale, il est nécessaire de concilier une culture générale avec un travail en profondeur sur un petit nombre de matières. Cette culture générale servira de passeport pour l’éducation permanente dans la mesure où elle donne le goût mais aussi les bases pour continuer d’apprendre tout au long d’une vie.
2. Apprendre à faire
Au-delà d’un métier dont on poursuit l’apprentissage, il convient d’acquérir une compétence plus large qui rend apte à faire face aux nombreuses incertitudes qui attendent le travailleur du 21e siècle. D’où l’utilité de l’alternance entre l’école et le travail pour la pleine formation d’un jeune. La compétence et la qualification deviennent plus accessibles si les élèves étudiants ont eu la possibilité de tester et de s’enrichir en prenant part à des activités professionnelles ou sociales parallèles à leurs études.
Jacques Delors critique l’idée des 80% de bacheliers due à Jean-Pierre Chevènement lorsqu’il était ministre de l’Éducation. Cela, d’après lui, a conduit ceux qui avaient des capacités pour des métiers manuels à s’en éloigner définitivement. Par ailleurs la dévalorisation de ce diplôme qui en résulte entraîne le fait qu’il soit peu pris en compte lorsqu’un jeune se présente dans une entreprise.
3. Apprendre à être
Le 21e siècle exigera de tous une plus grande capacité d’autonomie et de jugement, ce qui va accompagner le renforcement de la responsabilité personnelle dans la réalisation d’un destin collectif.
4. Apprendre à vivre ensemble
C’est un pilier fondamental, compte tenu du monde dans lequel nous allons vivre qui demande le développement de la connaissance des autres, de leur histoire, de leurs traditions et de leur spiritualité. Cela va créer un esprit nouveau qui, grâce à la perception de nos interdépendances croissantes, poussera à la réalisation de projets communs ou à une gestion intelligente des inévitables conflits.
Jacques Delors essaie ensuite de définir ce qui devrait être l’éducation permanente.
Elle repose sur les quatre piliers de l’éducation de base qui consistent essentiellement à apprendre à apprendre, ce qui donnera ensuite le goût de continuer.
Il rappelle que lorsqu’il était conseiller du Premier Ministre Jacques Chaban-Delmas, il avait été le promoteur de la loi sur la formation permanente de 1971 qui avait pour but principal d’aider le travailleur à reprendre une formation pendant sa vie professionnelle.
Mais il pense qu’il reste beaucoup à faire quand on parle d’éducation permanente, et pas seulement de formation professionnelle. En effet la première concerne aussi les loisirs, l’acquisition d’une culture, et bien sûr l’animation, voire l’organisation d’une retraite active.
Cela pour Jacques Delors demeure encore une utopie pour beaucoup, mais une utopie nécessairement vitale pour sortir du cycle dangereux nourri par le cynisme ou la résignation.
Jean Blache