Éditorial
Garrigues & Sentiers on the Net
Dossier n° 31
Pour ouvrir les articles cliquez sur les titres en caractère gras
Pour introduire ce 31e dossier de notre blog, il fallait ce fin connaisseur des langues qu’est Alain Barthélemy-Vigouroux. Car sa contribution, Éducation : l’un des mille noms de l’acte sans nom, ne permet pas seulement de goûter d’emblée la richesse sémantique et la variété des termes qui désignent « l’acte par lequel un humain se propose d’aider l’apprentissage d’autres humains » ; elle conduit à prendre la mesure de la complexité de cet acte. Et donc de la vanité qu’il y aurait à prétendre « en faire le tour. »
Aussi notre propos sera-t-il modeste. Sur l’éducation, il se bornera à des éclairages ponctuels que nos lecteurs, nous l’espérons, sauront abonder de leurs remarques et de leurs critiques, de leurs témoignages aussi. Un blog n’est-il pas fait pour susciter l’« interactivité » ?
Pour commencer, quatre repères sur ce qu’a été, est aujourd’hui, et est appelée à devenir l’éducation :
- Afin de mesurer en ce début du XXIe siècle le chemin parcouru, la contribution de Marcel Bernos, L’éducation des filles sous l’Ancien Régime, « éducation tronquée, sans doute (...) mais préférable à la négligence », comme conclut l’auteur.
- Pour contribuer à la réflexion actuelle sur l’« éducation permanente », le témoignage de celui qui fut en 1971 l’auteur de la Loi instituant cette éducation, à découvrir au travers de la note de lecture de Jean Blache, L’éducation selon Jacques Delors.
- En guise d’ouverture sur la pédagogie et la fécondité de nouvelles approches, l’article tonique d’Anne Bernos, L’éveil à la musique, un apprentissage complet : il surprendra heureusement plus d’un lecteur, pour peu qu’il ait gardé de cuisants souvenirs des « dictées musicales » de son enfance !
- Enfin, tournée résolument vers l’avenir, la contribution de Guy Roustang, Éducation, Travail, Loisir, qui pointe opportunément qu’en notre temps « où les machines et les robots peuvent faire le travail qui était imposé aux esclaves dans l’Antiquité », la tâche de l’école devrait être de préparer les futurs citoyens au loisir tout autant, sinon plus, qu’à un emploi.
Suit un « mini-dossier » de cinq articles consacrés au débat sur la place à accorder au numérique dans l’éducation, qui fait rage aujourd’hui chez les enseignants comme en témoigne en dernier lieu l’ouvrage Le lycée en régime numérique – Usages et compositions des acteurs, éd. Octares, 2016 :
- L’Appel de Beauchastel contre l’école numérique qui a largement contribué à « cristalliser » le débat.
- L’appui décidé apporté à cet Appel par François Jarrige, Face à l’école numérique, qui a été publié en juin 2016 dans la Lettre d’info n° 13 du site Technologos.
- La réfutation, non moins décidée, de l’Appel dans l’article d’André Val, Réponse éclairée à l’obscur(antiste) Appel de Beauchastel, en forme de « coup de gueule » argumenté paragraphe par paragraphe.
- Du même André Val, une contre-proposition positive, Du bon usage du numérique dans l’enseignement, défense et illustration très concrète (jusqu’à l’évaluation de leur coût) des possibilités multiformes et de l’apport pédagogique du numérique.
- Enfin la contribution de Valérie Dufayet, Auprès de la « génération numérique » des ados, plaidoyer pour une présence bienveillante, qui vise plus loin que le seul débat sur l’école, en invitant à une empathie inter-générationnelle sans laquelle il n’est point d’éducation qui vaille.
Un autre éclairage que l’on ne peut manquer de porter sur l’éducation concerne ses échecs qui sont légion, en dépit du dévouement de la majorité des enseignants et de l’effort financier que lui consacre la nation. Il réunit deux contributions qui montrent comment s’employer à réparer ces échecs :
- Celle, bouleversante, d’Anne Torunczyk, Les jeunes éjectés du système éducatif : éducation et image de soi, dont on méditera ce jugement lesté de toute la pratique professionnelle de cette ancienne formatrice pour adultes : « Il y a en eux tant de ressources, tant d'espoirs qui n'attendent qu'un peu d'intelligence et de confiance pour les réconcilier avec eux-mêmes. »
- D’une tonalité semblable, l’interview de José Deulofeu, Dans l’œil du cyclone, éducation populaire à Marseille, où ce jeune retraité de l’Université préside un équipement du quartier Nord de cette ville réputée volcanique, et explique comment une structure de ce type peut aider une population qui ambitionne d’abord un quotidien acceptable à le construire parmi les convulsions qui assaillent son environnement.
Et comment, dans un blog chrétien, ne pas dire au moins un mot de l’expérience que nous faisons, dans notre vie de foi, de la pédagogie dont l’Esprit de Dieu fait montre à notre égard, mais aussi de la façon dont nous essayons de partager cette expérience autour de nous ? Pour cela, deux articles :
- Celui de Christiane Guès, Comment l’Esprit-Saint nous éduque-t-il ?, que l’on complétera par sa lecture de l’ouvrage d’Emmanuel Schmitt, La Nuit de Feu, qu’elle a publiée dans la rubrique « Réflexion en chemin » de ce blog, sous le titre Une expérience de l’Esprit-Saint aujourd’hui.
- Le témoignage d’une catéchiste que nous livre Joëlle Palesi et qui se clôt sur ces mots, fruits d’une longue expérience : « Je ne crois pas que la foi se transmette. On prépare le terrain, on laboure, on sème et la grâce de Dieu fait le reste. »
La même foi en l’avenir transparaît dans un autre témoignage dû au doyen d’âge de notre comité de rédaction, Jean Blache, dont le titre en forme de boutade, Avant j’avais des principes, après j’ai eu des enfants, ne traduit qu’imparfaitement la richesse. Car dans ce texte pourtant très court, ce sont toutes les facettes d’une éducation, à la fois donnée à six enfants et douze petits-enfants, mais aussi reçue du syndicalisme, de l’Université découverte au temps de la retraite, de la vie associative enfin, qui se donnent à découvrir. Quelle meilleure conclusion imaginer pour un dossier sur l’éducation, même s’il s’agit d’un dossier que son objet commande de laisser à jamais ouvert ?
G&S