Le pape et François Hollande, sous le signe de la fraternité
Le président de la République François Hollande a été reçu mercredi 17 août en fin d’après-midi par le pape François dans une ambiance décrite comme « chaleureuse », voire « fraternelle ». Le chef de l’État a remercié le pape pour ses paroles « très réconfortantes » après les attentats de Nice et Saint-Étienne-du-Rouvray et a abordé la situation internationale.
Le président français, François Hollande, a rencontré le pape François au Vatican, lors d’un entretien privé, mercredi 17 août.
Fraternité : le mot de la devise républicaine est revenu à plusieurs reprises dans la bouche de François Hollande comme du pape pour décrire leur relation ces dernières semaines. Et, de l’aveu même de ceux qui ont approché le président français après sa rencontre avec le pape François, mercredi en fin d’après-midi au Vatican, c’est une ambiance véritablement fraternelle qui a régné au cours de cette audience privée d’une quarantaine de minutes
Une rencontre fraternelle
Si la première rencontre entre François et François Hollande, le 24 janvier 2014, avait été assez formelle, voire un peu fraîche, en pleines réformes sociétales controversées, l’ambiance de l’entrevue mercredi 17 août, décrite comme « chaleureuse » par l’Élysée, est le signe d’un nouveau climat entre les deux hommes. Et sans doute le début d’un nouveau cycle entre la France et Rome, après une séquence difficile autour de la nomination d’un nouvel ambassadeur français près le Saint-Siège. Une affaire qui appartient désormais au passé.
Le caractère privé de la rencontre a sans doute contribué à la simplicité de contact entre le président et le Saint-Père », relève un observateur. D’autant plus que les attentats ayant endeuillé la France ces dernières semaines ont permis aux deux hommes de se découvrir autrement : le pape François a été touché que le président français essaye de le joindre dans les toutes premières heures après l’assassinat du P. Jacques Hamel, le 26 juillet, tandis que François Hollande a découvert qu’il pouvait parler avec un pape sans forcément se faire sermonner sur les questions de morale mais « comme un frère ». La rapidité avec laquelle l’audience privée a pu être organisée, en plein été romain, souligne d’ailleurs la qualité nouvelle de la relation France-Saint Siège.
Les propos marquants de Mgr Dominique Lebrun
Lors de cette rencontre, qui aux yeux du président français avait comme but premier de remercier le pape pour ses « paroles très réconfortantes », le pape François aurait d’ailleurs à nouveau tenu des propos très positifs sur la France, tant vis-à-vis des pouvoirs publics que de l’Église de France, dont les positions d’apaisement, ces dernières semaines, ont été appréciées. Ainsi, tant à l’Élysée qu’au Vatican, les propos de l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, ont marqué, tranchant avec la cacophonie des politiques de tout bord après l’attentat de Nice.
La visite à Saint-Louis des Français, l’église nationale française dans le centre historique de Rome, était une manière pour François Hollande de marquer aussi sa reconnaissance à l’Église de France. Comme de rappeler que la foi demeure un élément qui compte dans une société hexagonale ayant donné l’impression de l’avoir un peu négligée ces derniers temps.
Des dossiers internationaux et la question de l’islam
Au cours de leur rencontre, le pape et le président français ne se sont toutefois pas limités aux questions françaises. La situation internationale a aussi été largement évoquée, notamment à travers plusieurs dossiers sur lesquels la France et le Saint-Siège affichent une certaine proximité de vues. Ainsi sur les chrétiens d’Orient, au sujet desquels Paris et le Vatican partagent, de l’aveu même de François Hollande, une « même vision du monde », notamment sur l’importance de leur présence pour l’équilibre du Proche-Orient.
La situation en Ukraine a aussi été abordée, de même que l’Afrique, par un pape qui reste très marqué par sa visite en Centrafrique. Sur l’Europe, François a également réitéré ses propos sur le fait que, même après le Brexit, elle doit retrouver des orientations qui s’appuient sur ses valeurs et sa culture.
Autant de sujets que François Hollande a de nouveau évoqués, après son audience papale, avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège. Dans cette rencontre, à laquelle participaient aussi Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États, et le ministre français de l’intérieur Bernard Cazeneuve, il a aussi été question de la place de l’islam en France, et notamment de la difficulté de dialoguer avec l’islam en l’absence d’une autorité représentative incontestée, ainsi que de la problématique de son financement.
Le pape toujours invité en France
Lors de sa rencontre avec le pape, mercredi en fin d’après-midi au Vatican, le président français François Hollande lui a réitéré son invitation à se rendre en France. Selon un observateur, le pape a répondu qu’il viendrait volontiers, avec un intérêt plus marqué qu’il y a deux ans pour notre pays. Au fil des années, il a peu à peu découvert le pays et une Église de France dont il considère positivement le travail. Néanmoins, un pape évitant de se rendre dans un pays en période électorale, il demeure peu probable que le pape François vienne en France avant les élections présidentielles et législatives du printemps prochain.
Nicolas Senèze, notre envoyé spécial permanent de La Croix à Rome
via Jean-Pierre Reynaud