De l'extase au cauchemar
Comme dans la vie, dans le sport tout peut basculer d'une semaine ou d'une minute à l'autre.
Comme dans la vie, ce n'est pas nécessairement les meilleurs qui gagnent : les Allemands nous ont été supérieurs. Mais nous les avons battus ; dimanche, les bleus ont été beaucoup plus offensifs, mais les Portugais nous ont battus.
Comme dans la vie, il faut compter avec la chance et la malchance : certains jours (jours avec) tout rentre ; à d'autres tous les tirs s’écrasent sur les poteaux (jours sans). À quelques centimètres près, si les attaques de Sissoko et Gignac étaient rentrées, la France était championne d'Europe : un triomphe, le stade en délire ; aussitôt, dans toutes les villes et communes, les foules de supporters faisaient la fête toute la nuit ; chacun des bleus devenait une légende, la France se vivait comme un pays solidaire et efficace ; mais ces quelques centimètres ont tout fait basculer, alors, que dans les matchs précédents, la chance était là : contre l'Allemagne, avec un penalty généreux (un jour avec).
Comme dans la vie, il y a des perdants et des gagnants. Mais les gagnants ne sont pas seulement l'équipe vainqueur qui soulève la coupe.
Bravo à l'équipe portugaise qui a tenu bon lors du départ de Ronaldo. À ce moment-là, ils pouvaient considérer que pour eux tout était perdu ; ils ont tenu bon.
Bravo aux bleus, et particulièrement à Didier Deschamps ; on comprend leur énorme déception ; Didier Deschamps s'est révélé un véritable manager : il a su faire les choix nécessaires qui, bien sûr, ont été contestés, comme ce fut le cas pour Michel Hidalgo, mais se sont avérés justes : privilégier l’esprit d’équipe à un palmarès de vedette. Il a su faire de ces joueurs, jeunes, talentueux mais inexpérimentés pour beaucoup, une équipe qui a le plaisir de jouer ensemble et de gagner ; elle a réussi progressivement à trouver son rythme avec un jeu réellement collectif. Ainsi, ils ont regagné la confiance du public et recrée une communion avec lui et les supporters.
Bravo aux supporters et au public : le sport est un des rares lieux capable de créer aujourd'hui une communion avec le public présent au match ou spectateur à la télé ; où durant le match et surtout après la victoire, chacun a envie de parler à son voisin, de communiquer, de s'embrasser ,de hurler ensemble, qu'ils soient hommes, femmes, noirs, jaunes, blancs, jeunes ou vieux ! Atmosphère unique que seul le sport avec la musique peut créer. Sauf les houligans et casseurs des premiers matchs, ils ont réussi à créer, dans les stades, une atmosphère passionnée mais respectueuse de l'équipe adverse. Le quart de finale avec les Islandais restera un grand moment. Battue 5 à 2, mais non écrasée, cette équipe d'un pays de 300 000 habitants a su créer une ambiance joyeuse, avec ses rites (le clapping) et le soutien de tout un pays qui les acclamait à leur retour. Ne sont-ils pas parmi les grands gagnants ?
Merci aussi aux organisateurs (une pensée à Platini) et les services de sécurité, qui malgré les risques, ont pris les risques de créer des fans zone et ont assuré la sécurité sans nuire à la convivialité. Pourtant, tout avait mal commencé. La France était submergée par les inondations, paralysée par les grèves, les attentats, les manifs et à Marseille les casseurs et houligans. Les prophètes de malheur prédisaient la catastrophe : heureusement, le pire n’est jamais le plus sûr !
Progressivement, tout s'est mis en route.
Merci les bleus, vous nous avez fait rêver, même si le rêve n’est pas devenu réalité ! La route du Mondial vous est ouverte, car cela fait aussi partie de la vie : ne pas se laisser écraser par les épreuves mais en faire des occasions de nouveau départ.
Allez les Bleus !
Antoine Duprez