La laïcité et les sciences
Sous ce titre qui peut sembler étonnant pour certains, je voudrais rassembler quelques réflexions sur les ressemblances et les différences entre la laïcité dans la vie sociale que, faute de mieux, je nommerai « laïcité politique » et les principes et méthodes sur lesquels il a été progressivement admis que devaient se développer les sciences. Ce qui me semble intéressant, ce sera de rechercher les similitudes des comportements des personnes dans les deux domaines.
Dans le cas de la laïcité politique, ce qui est perçu de façon évidente, c’est un débat traduisant une différence d’opinion sur ce qu’elle est vraiment ou devrait être. Les positions opposées sont souvent exprimées avec passion, traduisant l’importance pour chacun d’entre nous d’une réponse qui va déterminer comment nous allons vivre ensemble.
Dans les sciences, au sein de la communauté scientifique au sens large (en y incluant les philosophes ayant traité de l’épistémologie), le débat au cours des siècles n’a pas été moins vif. Cela n’est pas très surprenant car on verra souvent que l’adhésion ou le refus par certains d’une théorie s’est produit, non sur la base d’une argumentation rationnelle convaincante, mais parce qu’elle confortait ou infirmait une opinion ou une croyance, hors du domaine scientifique mais chère, parfois même à son insu, à celui qui prenait position. Ces controverses se poursuivent, comme on le verra plus loin, encore à notre époque.
La « laïcité » dans les sciences
Dans ce domaine, contrairement au cas de la laïcité politique, ce ne sont pas des textes réglementant les usages qui se sont peu à peu imposés. C’est plutôt le consensus interne de la communauté scientifique, tel qu’il s’exprime à travers les avis émis par les comités de lecture des revues de publication des observations, des expériences ou des théories, qui a progressivement fait disparaître toute référence dans les textes publiés à une religion ou une philosophie particulière. Encore faut-il dire que cette évolution fut très lente et qu’aujourd’hui encore on voit parfois renaître de diverses manières des attitudes qui montrent que le débat n’est pas clos pour tout le monde.
Les sciences hypothético-déductives
On peut pour l’essentiel mettre à part les Mathématiques, ou plus récemment l’Informatique : en effet si l’on excepte le domaine marginal de la numérologie où, à côté d’une partie strictement liée au calcul, on n’a pour l’essentiel qu’une forme de superstition, ce n’est que dans le cadre de ce qu’on a appelé la querelle des fondements, opposant au début du XXe siècle les intuitionnistes et les formalistes dont les divergences portaient, en simplifiant le débat, sur la signification de la notion d’axiome, que des différents philosophiques ont pu opposer des mathématiciens. Mais ces divergences n’avaient rien à voir avec la laïcité ou les religions ; suivant la phrase de Voltaire dans le Dictionnaire philosophique (1764) : « Il n’y a point de secte en géométrie ».
Les sciences expérimentales
Il en est pratiquement de même en Chimie. En effet, après avoir été précédée par un long développement préscientifique (l’Alchimie), ce n’est que dans la notion de force vitale que restait présente une explication métaphysique pour l’existence de composés, que l’on nomme aujourd’hui encore organiques, dont la production en laboratoire semblait impossible. Mais cette explication disparaîtra assez vite après la synthèse de l’urée par Wöhler en 1828, alors que ce produit était jusqu’alors d’origine exclusivement biologique.
En Physique, des débats sur l’objectif de la Science et sur la distinction entre Réalité et Observable ont opposé des physiciens lors de l’introduction de la Physique quantique, mais ces conflits, comme en Mathématiques, n’avaient aucun lien avec la laïcité, mais plutôt avec la notion de théorie complète dont la définition semble trop technique pour être exposée ici. Plus récemment l’opposition entre les partisans du principe anthropique fort et ceux du Multivers (termes expliqués plus loin) a fait resurgir des divergences basées en fait sur des « croyances » (religieuses ou non).
Constatant que les constantes fondamentales de La Physique ont des valeurs telles qu’on peut montrer par le calcul que si elles avaient été différentes l’évolution de l’Univers aurait été totalement autre, les physiciens ont nommé « principe anthropique faible » cette évidence : ce que nous pouvons nous attendre à observer doit être compatible avec les conditions nécessaires à notre présence en tant qu’observateurs, sinon nous ne serions pas là pour l'observer. Trouvant cette expression maladroite, on a proposé à la place « principe cosmologique observationnel », qui semble ne plus faire référence à l’humanité mais à tout « observateur » quel qu’il puisse être.
Mais certains1 ont proposé comme « théorie scientifique » un retournement de l’explication, sous le nom de principe anthropique fort : selon celui-là, les paramètres fondamentaux dont l'Univers dépend sont réglés pour que celui-ci permette la naissance d’observateurs en son sein à un certain stade de son développement. Ce serait évidemment, si c’était accepté, une réintroduction de la notion de finalité dans le domaine scientifique, alors qu’elle en avait été bannie comme relevant d’une intention extranaturelle. Les motivations des partisans de cette théorie semblent bien loin d’une science laïque et certains, mais pas tous, se recrutent parfois dans des milieux proches du fondamentalisme religieux.
Face à ce qu’ils ont ressenti comme une menace, leurs adversaires2 ont proposé la théorie du Multivers : ce que nous appelons traditionnellement l’Univers ne serait que notre univers, une composante parmi une infinité d’autres, sans aucun contact ou interaction possible entre elles, dont l’ensemble serait le Multivers. Dans chaque composante les constantes et les lois physiques seraient différentes et ce n’est que par hasard que, dans celle qui est la nôtre, elles permettraient notre existence. Cette conception qui a plutôt la faveur des milieux proches de l’athéisme ou de l’agnosticisme n’est en fait pas plus scientifique que la précédente car, pas plus que sa rivale, on ne peut la réfuter.
Les sciences observationnelles
L’exemple précédent nous permet de faire la transition avec les sciences plus largement observationnelles. Pour elles, on va avoir une disparition très lente de l’explication de certains faits par des causes extranaturelles, mais même à notre époque certains courants ont sur ces sujets des positions parfois ambigües. Je parlerai d’abord de l’Astronomie, puis j’évoquerai la Géologie et la Paléontologie.
Astronomie
Copernic3 publie son De Revolutionibus Orbium Coelestium en 1543. Mais ce qu’on a appelé la révolution copernicienne avec l’héliocentrisme4 ne pose que des problèmes de conflit avec une exégèse biblique traditionnelle. En effet, étant purement géométrique, cette théorie ne recherche pas les causes.
Plus tard les observations de Galilée5 à partir de 1610 et les lois de Kepler6 (les deux premières en 1609 et la troisième en 1618) permettront à Newton7 dans ses Philosophiae naturalis principia mathematica (1687) de proposer des causes (par exemple, la gravitation universelle). Mais la conservation de l’impulsion (impetus) suppose encore un « premier moteur » où on ne peut voir nul autre que Dieu. Entre temps le procès de Galilée en 1633 montre que l’évolution des idées n’est pas monolithique : en effet, ce dernier pour assurer sa défense, mais sans pour autant convaincre le tribunal, cite une maxime qu’il attribue au cardinal Baronius8 : « L’intention du Saint-Office est de nous enseigner comment on va au ciel et non comment va le ciel ».
Ce n’est que lors de la présentation d’une édition de l’Exposition du système du monde à Napoléon 1er que, celui-ci s’étonnant de l’absence de Dieu dans cet ouvrage, son auteur, Laplace9, aurait répondu : « Dieu, Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse ». Cette anecdote, même si elle peut ne pas être vraiment historique, marquerait semble-t-il la fin du dieu des lacunes en Astronomie, c’est-à-dire cette façon d’expliquer ce qu’on ne comprend pas par une intervention immédiate de Dieu.
Mais l’astronome britannique Jeans10, qu’on ne peut certes pas accuser de ce genre de position, ayant repéré quelques erreurs dans le travail de Laplace sur la formation des planètes du système solaire, proposa un modèle pour leur origine, basé sur l’événement invraisemblable qu’aurait été une collision tangentielle d’une étoile avec le Soleil. Ce modèle, aujourd’hui abandonné, eut un temps beaucoup de succès. Mais je suspecte fort que les raisons de sa popularité furent que, consacrant le système solaire, à cause de la rareté inimaginable de ce type de phénomène dans l’Univers, comme un objet exceptionnel, il faisait par là même de la Terre une planète unique. Cela aurait d’une part comblé la première blessure narcissique de l’humanité selon Freud (« La Terre, loin d’être le centre de l’Univers, ne forme qu’une parcelle insignifiante du système cosmique »), et d’autre part simplifié la tâche des théologiens des religions monothéistes confrontés au rôle particulier de notre planète dans la Révélation.
Géologie et Paléontologie
Dans ces domaines il y eut en Occident, jusque vers la fin du XVIIIe siècle, des travaux cherchant des « preuves scientifiques » du Déluge biblique. On crut trouver ces preuves dans la découverte de coquilles ressemblant à des huîtres sur de hautes montagnes, en particulier au sommet de cols pyrénéens. Personne ne savait à cette époque dater ces coquilles qui étaient en fait des fossiles. Cela explique qu’au lieu de les interpréter correctement comme des restes d’anciens animaux marins surélevés par le plissement pyrénéen, qui n’a bien sûr rien à voir avec un quelconque déluge, Voltaire, qui n’appréciait pas ce qui aurait pu être une confirmation de textes religieux, proposa comme réfutation l’idée tout aussi fausse qu’elles avaient été laissées là par des pèlerins (se rendant peut-être à Saint-Jacques de Compostelle).
À peu près à la même époque la théorie métaphysico-religieuse de la chaîne des êtres empêchait de penser la notion de disparition d’une espèce car, croyait-on, la Providence veille sans cesse à ce que cette chaîne ne puisse se rompre. Cela retarda longtemps la possibilité que les fossiles soient reconnus pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des restes d’êtres vivants, en général d’espèces disparues, et non des jeux de la Nature comme beaucoup le pensaient.
L’effondrement de la théorie de la chaîne des êtres et la reconnaissance de la vraie nature des fossiles survinrent à la suite d’une part des premières extinctions clairement provoquées par l’action humaine (Le Dodo de l’ile Maurice, le Solitaire de Rodrigues, l’Hippotrague bleu d’Afrique australe…) et d’autre part de la découverte du premier reste de grand reptile de l’ère secondaire (le Mosasaure trouvé comme son nom l’indique sur les rives de la Meuse, près de Maastricht en 1764, collecté en 1766 et décrit scientifiquement en 1790).
Il fallut alors expliquer la succession des faunes au cours de l’histoire géologique. Refusant obstinément la théorie transformiste, proposée par Lamarck11 dans son ouvrage Philosophie zoologique paru en 1809, dont l’explication causale repose sur l’idée, pour l’essentiel erronée, d’hérédité des caractères acquis, Cuvier12, son collègue au Museum de Paris, proposa son Discours sur les révolutions du globe (1e version en 1815, édition définitive en 1825) qui est le prototype des théories dites catastrophistes. Selon elles, de grands cataclysmes, que l’état présent de la Science ne peut expliquer, seraient responsables des grandes extinctions : dans la dernière de ces catastrophes on reconnaît le Déluge, alors que les faits observés sont la conséquence de la déglaciation survenue à la fin de l’époque Pléistocène ; mais Cuvier a des excuses car la notion même de glaciation était inconnue en son temps.
N’acceptant pas l’idée de ces causes inconnues où il voyait une action divine, Lyell13, dans ses Principes de Géologie (publiés de 1830 à 1833), proposa la théorie rivale dite actualiste : « Une tentative d'expliquer les changements de la surface de la Terre par des causes opérant actuellement ». Cette façon de voir finit par l’emporter, mais, utilisée de manière excessive, elle empêcha de comprendre que des événements exceptionnels et vraiment catastrophiques, tels des impacts d’astéroïdes14, avaient pu, eux aussi, jouer un rôle important.
Pour en terminer avec Lyell, on ne s’étonnera pas qu’il fut dès le début un partisan de la théorie de l’origine des espèces par « sélection naturelle » que Darwin15 proposa en 1859. Il est plus surprenant, si l’on sait que ce dernier se proclamait agnostique (certains ont prétendu qu’il n’osait pas se dire athée de peur de choquer son épouse Emma qui était très pieuse), de trouver à la fin de l’ouvrage de 1859 évoqué plus haut la phrase de conclusion (que je cite d’après une traduction d’Edmond Barbier) : « N’y-a-t-il pas une véritable grandeur dans cette manière d’envisager la vie, avec ses puissances diverses attribuées primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou même à une seule ? ».
Plus près de nous, confronté au problème encore non résolu de l’origine de la vie et surtout à ce qu’on croyait alors être l’universalité forte du code génétique (c’est-à-dire la présence de ce code chez tous les êtres vivants actuels, et chez ceux du passé, montrant son absence d’évolution, d’où son apparition tel quel), Monod16 dans Le hasard et la nécessité publié en 1970, a prétendu tirer de l’état des sciences au moment de sa rédaction des conclusions allant dans le sens de ses idées philosophiques athées. Depuis cette universalité forte a été abandonnée car elle est erronée.
Aujourd’hui encore des controverses sur les mécanismes de l’évolution opposent par exemple Richard Dawkins (1941- ) qui est un militant virulent de l’athéisme, partisan de la théorie dite de l’horloger aveugle qui prétend que les mutations surviennent totalement au hasard et Anne Dambricourt-Malassé (1959- ) qui a été secrétaire générale de la fondation Teilhard de Chardin, soutenant que l'évolution de l'information génétique codant l'ontogenèse, est contrainte par des informations génétiques déjà présentes et non par des erreurs de copies génétiques.
Conclusion provisoire
Ce que l’on a pu constater dans ces remarques sur l’histoire des sciences, c’est, presque à chaque fois, la même succession des événements ; après une période plus ou moins longue, où peu à peu l’explication scientifique se dégage des justifications de type religieux ou métaphysique, se succèdent une ou plusieurs fois les quatre phases suivantes :
Phase 1 : les problèmes semblent réglés.
Phase 2 : un « fait nouveau » survient et, malgré de nombreux efforts, on n’arrive pas à l’expliquer.
Phase 3 : réapparaissent, ce que l’on croyait disparu, des théories où l’on voit sans trop de difficultés ce que veut faire chaque camp c’est-à-dire introduire dans la Science ce qui ne relève que de ses convictions philosophiques ou religieuses.
Phase 4 : un progrès des sciences explique le fait nouveau de la phase 2 et on revient à la phase 1.
La Laïcité politique
À la lumière de cette conclusion provisoire on peut se poser la question : en est-il de même pour la laïcité politique ? Avant de commencer à expliciter mes remarques sur ce sujet, je préciserai tout d’abord que celles que je vais faire ne se veulent être qu’une analyse et ne constituent pas une prise de position en faveur ou pas de son maintien inchangé ou de son évolution.
Mon but n’étant pas d’écrire une histoire de la laïcité en France, je dirai simplement que cette laïcité dite à la française s’est peu à peu constituée après une longue évolution des idées sur le sujet, dont les premières manifestations notables se trouvent dans la Philosophie des lumières.
La laïcité dans les textes
Elle a d’abord été établie par la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État dont voici quelques extraits :
Article 1 : La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.
Article 2 : La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes.
Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.
Puis elle a été inscrite dans la Constitution. Ainsi la dernière version de cette dernière (celle de 2010) énonce :
Article 1 : La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales.
Elle précise l’importance de cet article 1 en terminant par :
Article 89, 5ème alinéa : La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision.
L’emploi du mot forme et non caractère fait clairement référence à ce qui est énoncé au premier alinéa de l’article 1. Ainsi la première phrase de cet alinéa est considérée comme constituant l’expression du fondement, issu de notre histoire, de la communauté nationale française, puisque cela ne peut légalement pas être remis en cause.
On remarque aussi l’ordre des termes employés qui indique, me semble-t-il, que le principe étant que la loi doit être la même pour tous (indivisibilité, donc pas de communautarisme), la laïcité est une condition nécessaire à une authentique démocratie qui n’est pleinement réalisée que si elle est sociale. On voit que même si le terme de laïcité n’a jamais été clairement précisé par la loi, comme cela a été remarqué lors d’un exposé devant le Conseil d’Etat, on ne peut pas mettre n’importe quoi sous ce mot.
Quelques remarques
Or la loi de séparation de 1905 et la Constitution, qui pour l’essentiel reste celle de 1958, ont été écrites à un moment où n’existait pas la présence massive en France de populations de religion musulmane ou influencées par la Culture du monde islamique, et on ne voit pas encore clairement comment on pourrait en tenir compte.
Par analogie à ce que j’ai écrit plus haut dans ma conclusion provisoire relative aux sciences, c’est un fait nouveau. Il ne faut donc pas s’étonner que l’équilibre qui semblait avoir été trouvé entre les partisans des diverses conceptions de la laïcité soit rompu. Chacun alors, de façon analogue à ce que font les scientifiques dans la phase 3 évoquée plus haut, essaie de faire évoluer la laïcité dans un sens qui correspond mieux à sa vision personnelle, montrant ainsi qu’il n’avait accepté le compromis, qui avait fonctionné un certain temps, que contraint par la nécessité et non de bon gré.
De même que dans les sciences où la proposition de théories nouvelles, allant jusqu’à envisager de changer le but de la Science, peut ne cacher qu’un désir secret de voir triompher des préférences personnelles, il est à craindre que, sous couvert de propositions censées être faites pour le bien commun, se cachent probablement parfois des choix personnels basés sur une idéologie particulière de source philosophique ou religieuse.
En guise de conclusion
Mon intention n’étant pas d’étudier les diverses propositions sur le devenir de la laïcité, je limiterai mes remarques à ces généralités et je ferai le vœu que le débat démocratique puisse jouer dans le domaine politique un rôle équivalent à celui que joue dans les sciences le progrès des connaissances, dans ce que j’ai appelé la phase 4. Mais puisque cette dernière ramène à la phase 1, nous devrions nous attendre de manière semblable à ce qu’une fois les problèmes actuels résolus, d’autres, nouveaux, inattendus, se posent plus tard.
Jean Palesi
Notes
1 – Quelques chercheurs favorables à titre divers au principe anthropique fort : Joe Rosen, Nicola Dallaporta, George Coyne, Trinh Xuan Thuan, Guillermo Gonzalez, Jay Richards, Léonard Susskind, Frank Tipler, Freeman Dyson, Jean Staune, George Smoot, Stephen Hawking.
2 – Quelques physiciens partisans sous des formes variées à la théorie du Multivers : Andreï Linde, Gabriele Veneziano, David Deutsch.
3 – Mikolaj Kopernik : 1473-1543.
4 – Copernic a eu des prédécesseurs puisque l’héliocentrisme est déjà présent dans certains textes védiques, chez Aristarque de Samos dans l’Antiquité grecque, dans les ouvrages des astronomes indiens Aryabhata (476-550) et Bhāskara II (1114-1185) ou dans ceux de l’astronome persan Nasir al-Din al-Tusi (1201-1274) et même dans les œuvres du cardinal Nicolas de Cues (1401-1464).
5 – Galileo Galilei : 1564-1642.
6 – Johannes Kepler : 1571-1630.
7 – Isaac Newton : 1643-1727.
8 – Cesare Baronio : 1538-1607. En fait, la phrase avait déjà été utilisée par Galilée en y remplaçant Office par Esprit dans une lettre à Christine de Lorraine, duchesse de Toscane en 1615.
9 – Pierre-Simon de Laplace : 1749-1827.
10 – James Jeans : 1877-1946.
11 – Jean-Baptiste de Lamarck : 1744-1829.
12 – Georges Cuvier : 1769-1832.
13 – Charles Lyell : 1797-1875.
14 – L’hypothèse de la chute d’un astéroïde sur la Terre à la fin du Crétacé pour expliquer d’abord la forte teneur en iridium d’une couche d’argile noire trouvée un peu partout sur les continents à la transition Crétacé-Tertiaire, puis en liaison avec cela l’extinction, entre autres, des dinosaures, a été émise en 1980 par Luis Alvarez (1911-1988) et son fils Walter (1940- ). Cette hypothèse, au moins ce qui concerne la couche d’argile, a été confirmée par la découverte près de Chicxulub (péninsule du Yucatan) d’un cratère, en grande partie sous-marin, sur la nature duquel un consensus s’est peu à peu dégagé : c’est bien la trace de la chute d’un corps céleste.
15 – Charles Darwin : 1809-1882.
16 – Jacques Monod : 1910-1976