Il vint de nuit...
Il vint de nuit
Déserteur d’une armée,
Voleur aux pas feutrés,
Aux mains fébriles,Au regard inquiet.
Que venait-il chercher dans l’ombre et en cachette ?
La chaleur d’un sourire,
Une parole d’espoir,
Le pain de l’amitié,
Ou simplement la lumière sur l’écran glauque de sa vie ?
Il vint de nuit
Les questions sur les lèvres,
Le doute dans le cœur,
Troublé par la clarté à peine entrevue,
Tenaillé par ses certitudes qui se fissuraient,
Par l’ordre trop bien établi dans sa vie et dans celle du monde.
Qu’y avait-il aux portes des systèmes,
Aux frontières des lois,
En marge de la politique menée ?
Au-delà du verrouillage de ses sécurités ?
Les oiseaux ne chantent pas la nuit :
Par quel mystère cette vérité toute simple faisait-elle s’effondrer tout son édifice bien ordonné ?
Les lois des oiseaux n’entrent pas dans les normes définies.
Il vint de nuit par une nuit sans étoile
Mais que venait-il chercher ?
Un autre lui-même venu d’en haut ?
Il était Maître en Israël et confortablement établi dans sa fonction.
Comment lui – un des plus favorisés de ce monde – pourrait-il avoir l’humilité de mendier cela ?
Fallait-il renoncer ou du moins faire passer en second ses biens, sa réputation, sa stabilité, tout ce qui était « d’en bas » pour recevoir le don de cette autre naissance ?
Les mots de Jésus résonnaient en lui :
À moins de naître d’en haut nul ne peut voir le Royaume de Dieu !
C’était si lumineux ce que ces mots lui faisaient entrevoir !
L’Esprit avait pris soudain le visage de Celui qui venait de lui parler.
Il sentit alors que toutes les vérités éternelles jaillissaient en plénitude de ses paroles.
Des vérités apportées comme des bouffées d’air pur
Dans son existence polluée.
Elles lui ouvraient un univers inconnu de joie,
Et en même temps de service.
Il se sentit vidé de tout ce qui encombrait sa vie,
Et envahi d’amour, de paix, de pardon reçu,
profusion ;
Déjà prêt au don total de ce lui-même trop bien installé.
Il vint de nuit
Étouffant ses pas et tendant les bras.
Cet Esprit de Jésus
Il allait s’en saisir,
Il ne lui échapperait plus,
Il l’emporterait avec lui pour cette nouvelle naissance,
Pour ce nouveau départ.
Alors doucement, le jour se leva.
Christiane Guès