Jésus de Nazareth : Pudeur de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Luc 09,35 - Marc 09,07 - Matthieu 17,06

Malgré les efforts des philosophes, des psychanalystes, des littéraires et des prédicateurs, le mot pudeur dans le langage moderne n’arrive pas ou mal, à se débarrasser d’une certaine connotation rétrograde. Le terme est affublé d’oripeaux de honte, d’inhibition, de pudibonderie. Il apparaît souvent comme revêtu d’un corset rigide qui nuit à la liberté, à la juste et précieuse expression du corps humain, à la joie de vivre. Tout se passe comme s’il transpirait l’étroitesse d’esprit voire l’ennui de ceux et de celles qui sont mal ficelés avec notre époque.

Sans nier les excès que la « pudeur mal comprise » a pu enclencher dans les consciences timorées et peu ouvertes, je prétends que la « pudeur » est une qualité majuscule de l’être humain : cheminot du temps et de l’histoire.

La « pudeur » est le maître mot de la relation quand elle veut être douce, agréable et acheminer vers l’intimité du dialogue constructif. La « pudeur » permet de ne pas parler à tort et à travers, de ne pas imposer ses propres idées, de ne pas vociférer, de ne pas écraser. Elle ne séduit pas, en elle aucune violence de vocabulaire doucereux et à fortiori de contrainte psychologique, ou de gestes excessifs. Elle prend le temps d’écouter et d’expliquer. Elle n’est jamais pressée. Elle respecte l’allure d’autrui, elle révèle un désir de compréhension délicate pour que les libertés grandisse et que les personnalités se structurent, se polissent, s’augmentent et prenne leur pleine amplitude.

La « pudeur » est discrétion. Douce, elle maitrise les désirs d’alliance et de réciprocité. Elle exprime la force d’une certaine « impuissance ». Elle porte en elle la vulnérabilité de la tendresse qui va jusqu’au bout de la promesse du don, elle en a la retenue et la disponibilité. On pourrait dire que la « pudeur » exerce paisiblement la gratuité qu’elle symbolise.

À partir de ces réflexions sommaires, on peut se demander dans notre langage approximatif, toujours imprégné d’anthropomorphisme, si l’Incarnation de Jésus, Fils de Dieu et citoyen de Nazareth, Mort et Ressuscité sous le gouvernorat de Ponce Pilate, ne révèle pas aux baptisés confessants la Pudeur de Dieu.

Dans les Évangiles synoptiques, spécialement dans l’épisode de la Transfiguration, Dieu caché parle dans la nuée, accrédite son Fils le Christ auprès de trois apôtres apeurés.

Dieu « dit » et cela suffit :
   - Discret il n’impose rien : écoutez et interprétez,
   - Sa tendresse laisse de la place au doute,
   - Il retient sa puissance pour ne rien imposer,
   - Il respecte la liberté humaine et tient sa promesse d’Alliance,
   - Il laisse du temps pour la ‘relecture’ future,
   - En la personne du Christ il se livre sans s’imposer,
   - Il se situe avec douceur, sans éclair ni tonnerre, dans une gratuité totale,
  - À ceux et celles qui gravissent la montagne et sont en marche pour le chercher, Il révèle et confirme sa présence totale, mystérieuse et vitale en la personne de Jésus le Nazaréen. Jésus signifie son Alliance toujours disponible. C’est en lui que l’on devient son intime et que l’on peut épanouir sa nature humaine, 

Je crois que l’on peut dire que la Personne le Jésus le Nazaréen est la Parole pudique de Dieu qui déclare son amour à l’humanité et à la création entière.

Christian Montfalcon

Publié dans Réflexions en chemin

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