Bernard Cazeneuve rend hommage aux cathédrales « signes de l’invisible »
La nouvelle cathédrale de Créteil, agrandie et rénovée,
était inaugurée dimanche 20 septembre 2015
en présence de nombreux responsables politiques et religieux
À l’occasion de l’inauguration dimanche 20 septembre de la nouvelle cathédrale de Créteil, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a rendu hommage aux cathédrales, à la fois « conservatoire(s) du sacré et mémoire incarnée des villes où elles furent bâties », ou encore « signes visibles de l’invisible ».
« Aux yeux des Français, qu’ils soient croyants ou non, et quelle que soit leur confession, les cathédrales ne sont pas seulement des édifices où s’exerce un culte particulier, elles sont d’authentiques lieux de mémoire où s’exprime le génie de notre peuple, où se lit notre Histoire », a-t-il déclaré après avoir rappelé ses attaches normandes et son affection pour « les tours si belles de Notre-Dame de Coutances ».
Modestie délibérée
Au passage, le ministre de l’intérieur et des cultes s’est livré, une fois encore, à un rappel adressé à ceux qui « se demandent de bonne foi si un ministre de la République laïque peut aller ainsi à la rencontre des fidèles de diverses confessions » : la loi de 1905 « ne lui interdit nullement de dialoguer avec leurs représentants et elle lui fait obligation de protéger la liberté de conscience ».
Rénovée et agrandie pendant près deux ans et demi de travaux, la cathédrale composée de deux coques de bois et d’un clocher culminant à plus de 40 mètres peut désormais accueillir plus de 1 000 fidèles contre 600 auparavant.
« Dans sa modestie délibérée », le premier édifice était « caractéristique du mouvement ‘d’enfouissement’ des années qui ont suivi le Concile et de la volonté pour l’Église de se fondre dans le paysage urbain », a rappelé le ministre, à qui la « cathédrale déployée d’aujourd’hui semble être à l’image d’une Église tournée vers le monde qui l’entoure, comme l’y exhorte le pape François ».
Odieux crime antisémite
Un peu plus loin, le ministre de l’intérieur a également rappelé qu’il s’était déjà rendu dans le chef-lieu du Val-de-Marne il y a un an, « par un triste et froid matin de décembre (...) pour condamner un odieux crime antisémite qui avait frappé l’une des familles de cette ville et exprimer aux victimes, profondément traumatisées, notre compassion et notre solidarité ».
« Derrière cet acte lâche et crapuleux, nous savions déjà en décembre 2014 qu’il y avait des maux qui minent la République : le racisme, l’intolérance, la violence, les discriminations, le fanatisme », a-t-il dénoncé, en rappelant son engagement contre « toutes les formes de violence perpétrées contre nos concitoyens en raison de leurs origines, de leurs confessions ou de leurs croyances ».
Pensée pour les chrétiens d’Orient
« Ce besoin de protection s’étend naturellement aux chrétiens, a poursuivi Bernard Cazeneuve, rappelant aussi le projet d’attentat déjoué au mois d’avril dans ce département, à Villejuif, et qui « visait précisément des églises, démontrant que celles-ci pouvaient être la cible de Daech en Europe, et non pas seulement en Syrie et en Irak, où les chrétiens subissent un effroyable martyre ».
« Je voudrais que nous ayons en cet instant une pensée pour ces chrétiens d’Orient, comme pour toutes les minorités religieuses persécutées au Proche-Orient. La communauté internationale doit continuer à se mobiliser pour les défendre et préserver leurs droits, conformément aux orientations prises la semaine passée à Paris, à l’initiative de notre pays. De notre côté, nous devons continuer à accueillir avec la plus grande sollicitude ceux d’entre eux qui cherchent un asile sur notre sol, comme je sais que vous tentez de le faire au sein de ce diocèse ».
Service du prochain
À côté de l’État, qui « doit donc assurer la protection de tous », de l’école qui « doit savoir éduquer pour prévenir », « les familles spirituelles » ont elles aussi, à ses yeux, « un rôle majeur à jouer dans la promotion de la connaissance et du respect de l’autre et de ses croyances ».
« Il me semble que les actes de haine et d’intolérance, comme les parcours de radicalisation violente, résultent souvent d’une ignorance du fait religieux qui rend certains de nos jeunes réceptifs aux discours des faux prophètes, comme elle peut les rendre sourds aux appels à la tolérance », a souligné Bernard Cazeneuve, rendant hommage en conclusion aux fidèles catholiques « au service de leur prochain (...) face aux fragilités de la société, face aux tragédies contemporaines dont nous subissons les contrecoups ».
Anne-Bénédicte Hoffner
Source LaCroix