Pour Lui, l’autre est toujours plus et mieux !

Publié le par Garrigues et Sentiers

Pour Lui, l’autre est toujours plus et mieux que ce à quoi les idées reçues, même des sages et des docteurs de la Loi, tendent à Le réduire.

Il voit toujours en celui ou celle qu’Il rencontre un lieu d’espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par-delà ses limites, ses péchés, et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf. Il Lui arrive même d’y discerner quelque merveille secrète dont la contemplation le plonge dans l’action de grâce !

Il ne dit pas : « Cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l’atavisme moral et religieux de son milieu, ce n’est qu’une femme ». Il lui demande un verre d’eau et Il engage la conversation.
Il ne dit pas : « Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlise dans son vice ». Il dit : « Elle a plus de chance pour le Royaume des Cieux que ceux qui tiennent à leurs richesses ou se drapent dans leurs vertus et leur savoir ».

Il ne dit pas : « Celle-ci n’est qu’une adultère ». Il dit : « Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus ».
Il ne dit pas : « Cette vieille qui met son obole dans le tronc sur les œuvres du Temple est une superstitieuse ». Il dit : « elle est extraordinaire et on ferait bien d’imiter son désintéressement ».
Il ne dit pas : « Ces enfants ne sont que des gosses ». Il dit : « Laissez-les venir à moi, et tâchez de leur ressembler ».
Il ne dit pas : « Cet homme n’est qu’un fonctionnaire véreux qui s’enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres ». Il s’invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut.
Il ne dit pas, comme son entourage : « Cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres ». Il dit que l’on se trompe à son sujet et Il stupéfie en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu : « Il faut que l’action de Dieu soit manifestée en lui ».
Il ne dit pas : « Le centurion n’est qu’un occupant ». Il dit : « Je n’ai jamais vu pareille foi en Israël ».
Il ne dit pas : « Ce savant n’est qu’un intellectuel ». Il lui ouvre la voie vers la renaissance spirituelle.
Il ne dit pas : « Cet individu est un hors-la-loi ». Il lui dit : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
Il ne dit pas : « Ce Judas ne sera jamais qu’un traître ». Il accepte son baiser et lui dit : « Mon ami ».
Jésus n’a jamais dit : « Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celle-là, dans ce milieu-ci… ». De nos jours, Il n’aurait jamais dit : « Ce n’est qu’un intégriste, un moderniste, un gauchiste, un fasciste, un mécréant, un bigot ».

Pour Lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu. Jamais homme n’a respecté les autres comme Cet Homme. Il est unique. Il est le Fils unique, de Celui qui fait briller le soleil sur les bons et sur les méchants. Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de nous, pauvres pécheurs !

Cardinal Albert Decourtray

Ce texte « ancien » a été « actualisé » en 2015, après les attentats de Paris par Mgr Barbarin, Archevêque de Lyon, les tragiques événements des 14 et 15 février, lui donnant envie de prolonger ce texte, si ce n’est pas une indélicatesse… ou un trop grand risque !
« [Jésus] voit toujours en celui ou celle qu’Il rencontre un lieu d’espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par-delà ses limites, ses péchés, et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf. Il Lui arrive même d’y discerner quelque merveille secrète dont la contemplation le plonge dans l’action de grâce ! »

Il ne dit pas : « Tout est pardonné ». Il dit : « Tout est accompli » (Jean 19,30).
Il ne dit même pas : « Tout est pardonnable ». Il dit : « Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné » (Matthieu 12,31).

Il ne rit pas de l’offense que l’on inflige aux autres ou à lui-même, Il dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23,37).
Il ne dit pas : « Tout est de la faute de l’autre. » Il dit : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Luc 11,4).
Il ne dit pas : « Nous sommes pris dans une spirale de violence ». Il dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27,46), puis il ajoute : « Père, en tes mains, je remets mon esprit » (Luc 23,46).
Il ne crie pas : « Vengeance ! ». Il dit de pardonner « jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Matthieu 18,22).
Il ne dit pas : « Notre riposte sera terrible ! » Il dit : « Aimez vos ennemis (…) souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient » (Luc 6,27-28).
Il ne dit pas : « Ils l’ont bien cherché ! » Il dit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! » (Luc 13,2-3).
Il ne dit pas : « Ce n’est qu’un malfaiteur », Il dit au condamné qui meurt à ses côtés : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis » (Luc 23,43).
Il ne condamne pas seulement le meurtre, mais tout ce qui y conduit : « Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal » (Matthieu 5,22).
Il ne dit pas : « Ce ne sont que des irresponsables ». Mettant la femme adultère devant ses responsabilités, Il dit : « Va et désormais ne pèche plus » (Jean 8,11).
Il ne dit pas : « C’est une société qui a perdu ses repères ». Il donne la règle d’or : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi » (Matthieu 7,12).
Il ne dit pas : « Tu fais comme tu le sens ». À Gethsémani, Il dit : « Non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux » (Matthieu 26,39). Et quelques jours plus tard, ressuscité, Il dit à Pierre : « Toi, suis-moi » (Jean 21,19).
Il ne dit pas : « Plus personne n’a le sens des valeurs, de la famille ! » Au moment de sa plus grande détresse, Il montre les visages du fils et de la Mère : « Femme, voici ton fils… Voilà ta mère » (Jean 19,26-27).
Il ne minore pas la tragédie des persécutés, Il dit à Saul : « Je suis Jésus que tu persécutes ! » (Actes 9,5).
Il ne dit pas que le chemin est facile, mais Il prépare ses disciples à l’épreuve : « Bienheureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, lorsqu’on vous persécutera… à cause de moi » (Matthieu 5,11).
Avant Charlie, avant même que l’homme ne cherche son identité, Il dit : « Avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8,58).

Il ne cesse de nous dire ce qu’Il est :
« Je suis le chemin, la vérité et la vie. »
« Je suis la Résurrection et la Vie », « la lumière du monde », « le pain vivant »...
« Moi, je suis venu pour qu’ils aient la vie et pour qu’ils l’aient en abondance. »
« Jésus n’a jamais dit : ’Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celle là, dans ce milieu-ci…

De nos jours, Il n’aurait jamais dit : ’Ce n’est qu’un intégriste, un moderniste, un gauchiste, un fasciste, un mécréant, un bigot, (un humoriste, un islamiste, un juif, un copte…).
Pour Lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu. Jamais homme n’a respecté les autres comme Cet Homme. Il est unique. Il est le Fils unique, Celui qui fait briller le soleil sur les bons et sur les méchants. Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de nous, pauvres pécheurs !

Apprends-nous à vivre en frères, à rester, quelles que soient les circonstances, des artisans de paix.
Aide-nous à cultiver la bienveillance, la justice et le pardon.
Préserve-nous de devenir des sages et des savants, pour qui tout devient obscur, caché.
Comme le Royaume des cieux appartient aux enfants et à ceux qui leur ressemblent, garde-nous des cœurs d’enfants, heureux de voir ton visage, d’écouter ta Parole, d’accueillir ta Lumière, ta Vie et ta Résurrection.

À l’image du Fils unique qui s’exclame au beau milieu de l’Évangile :
« Je te rends grâce, Père, Seigneur du ciel et de la terre… » (Luc 10,21).

Philippe card. Barbarin

Publié dans Fioretti

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O
alors allez jusqu'au bout comment exclure de la communion en disant cela ?<br /> le Christ n'a jamais exclu
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R
Il ne dit pas : « Vous n'êtes que des homos, je ne vous bénis pas....». Il leur dit: « ...?..... »<br /> <br /> Rott
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M
Vous avez remarqué, le Christ s'adresse à une personne, non à plusieurs, non à un groupe.
R
Belle démonstration en forme de rappels !<br /> Même pour les agnostiques, parfois tentés de dresser des idoles d'aujourd'hui, voilà de quoi déifier Celui qui nous propose ces voies !<br /> Robert Kaufmann
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L
Deux belles compilations, en tout temps bienvenues. La seconde penche davantage du côté de la catéchèse bien normée et qui, ce qui est depuis toujours dans l'habitude du Magistère, tire un peu trop l'actualité vers elle ... Mais on s'attachera seulement à la puissance des citations qui s'égrènent dans les deux textes - encore que leur mise en situation privilégie parfois l'interprétation la plus convenue et donc intentionnellement la plus appauvrie (tout spécialement pour ce à quoi est résumé le dialogue entre le Christ et la femme adultère où l'appauvrissement touche au détournement du sens, extraordinairement riche, de la position où se place le Christ et du message mis en scène par l'évangile-à-Jean. Citations dont on se dit, après cette double lecture, qu'il conviendrait sans doute de les adresser, tells qu'elles sont, brutes de tout commentaire, à ceux qui dans le clergé brésilien ont anathématisé l'avortement opéré sur une fillette de 9 ans enceinte à la suite d'un viol incestueux et qui risquait de mourir si elle avait dû mener à son terme ou poursuivre cette grossesse monstrueusement conçue. Manière de situer où étaient en l'espèce l'écoute et la compréhension de la Parole, et de remettre en mémoire à chacun des destinataires de cet envoi l'injonction contenue dans le "qui aures audiendi habet audiat". Didier LEVY
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