Shalom, Eirénê : deux mots pour dire La Paix

Publié le par Garrigues et Sentiers

Aujourd'hui, en Israël, le mot paix, shalom, emplit la vie quotidienne : au lieu de demander « Comment ça va ? » on dit « Ma shlomha ? » « Quelle est ta paix ? » Il s'agit donc de cheminer, chaque jour, en paix. Qu'est-ce que cela implique ?

Dans Ecclésiaste 3,8, « il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix ». En raison du libre arbitre de l'homme, il est inévitable que la guerre doive arriver avant la paix. Mais n'ayons pas peur.

Job (25,2) témoigne que le Seigneur « fait la paix dans ses hauteurs ».

En fait, si nous sommes reliés au Seigneur, nous marchons dans la paix qu'Il a faite, dans ses hauteurs.

Ainsi, la paix se trouve-t-elle après avoir mis de l'ordre dans sa vie, après s'être réconcilié avec ses ennemis, après être entré dans le silence, dans la prière Ainsi, plusieurs litanies de la liturgie orthodoxe commencent par : « En paix, prions le Seigneur ».

Mais il faut être vigilant en revenant d'un état de paix ; ainsi Abshalom, le fils de David dont le nom signifie fils de la paix, voulut supplanter son père et fut un homme de violence, qui périt dans la violence. Que s'est-il passé ? Il s'était installé dans « sa » paix, son égo. Son demi-frère Salomon dont le nom signifie « sa paix », entendons la paix du Seigneur, reconnaissant que tout vient de Lui, avait demandé, plutôt que la puissance, la sagesse. C'est pourquoi il fut un homme de paix.

Notre Seigneur Jésus dit : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » (Matthieu 10,34).

Le glaive évoque l'épée qu'est le Verbe de Dieu ; cela nous amène au Psaume 85,11 : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent ». 

La vérité et la paix sont d'ordre angélique tandis que l'amour et la justice sont proches de la nature humaine. Le mot amour traduit ici Hesed, qui veut dire aussi bonté. La joie vient quand l'amour et la vérité se rencontrent, et quand la paix et la justice s'embrassent (c'est-à-dire s'unissent).

Ainsi la justice devient-elle une alliée de la paix : si nous pratiquons la voie de la justice, aimant l'autre autant que nous-mêmes, dépassant notre « égo », nous construisons la paix.

« C'est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les adultères, les débauches, les vols, les faux témoignages, les calomnies » (Matthieu 15,19-20). Cela rend l'âme malade.

Le Seigneur Jésus, Lui, ayant pleinement accompli la Justice, au moment de sa passion, peut dire à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jean 14,27).

Dans le monde, la paix s'acquiert en faisant des cadeaux et des concessions, ou en utilisant la force, la police, la torture morale ou physique, pour enrayer toute agitation, que se soit simple désordre, fantaisie, ou carrément révolte, révolution.

Le Christ nous acquiert la paix par le don de soi - ce qui vainc totalement le diable.

Pour saint Séraphin de Sarov, ermite en Russie (1759-1833), « il n'y a rien au-dessus de la paix du Christ, par laquelle sont détruits les assauts des esprits aériens et terrestres. » 

C'est après sa résurrection que notre Seigneur Jésus Christ confirme : « La paix soit avec vous » (Luc 24,36 ; Jean 20,21.26).

« Allons dans la paix du Christ », dit le prêtre à la fin de la messe. Avons-nous vraiment abandonné le monde : nos père et mère, et notre amour-propre ? À nous, cela n'est pas possible. En Christ, cela le devient.

Il faut parfois des années, mais comme l'a recommandé Saint Séraphin de Sarov : « Acquiers la paix intérieure et des âmes, par milliers, trouveront auprès de toi le salut ».

Élisabeth Hériard

Publié dans DOSSIER LA PAIX

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