Éditorial
Garrigues & Sentiers on the Net
Dossier n° 27
LA PAIX
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« Ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre » : c’est par cette pensée de Pascal, et par l’article d’Alain Barthélémy-Vigouroux qui l’a relue à notre intention, que nous avons choisi d’ouvrir ce 27e dossier de notre blog sur La Paix.
Cela pour rappeler d’emblée qu’il n’est pas de réflexion, et plus encore d’engagement en faveur de la paix qui puissent porter fruit sans être enracinés dans la paix intérieure. Laquelle, pour nous chrétiens, s’enracine elle-même dans la Paix promise par le Seigneur à ses disciples au soir de Pâques (Jean 20,19-21). Car, comme l’écrit l’auteur, « faire de l’Évangile notre référence, c’est affirmer qu’il ne peut y avoir d’autre Dieu que celui qui se donne à nous comme l’amour infini ; cette certitude est une source fondamentale de paix intérieure et d’appel à la relation pacifique avec autrui. »
Non qu’une telle paix soit l’apanage des chrétiens ; elle se retrouve dans d’autres sagesses ou religions, comme le marque la contribution de Christiane Guès, Ouvrir la porte de la chambre, dont le titre fait volontairement écho à l’article d’Alain Barthélémy-Vigouroux. Mais faute de compétences pour en traiter à fond, notre regard sera surtout tourné vers la paix telle que l’exprime l’Écriture, juive et chrétienne, dont traite la contribution d’Élisabeth Hériard-Dubreuil, Shalom, Eirénê : deux mots pour dire La Paix.
Ce n’est pas la paix, cependant, mais la guerre qui a fourni aux plus anciens d’entre nous leurs tout premiers souvenirs d’enfance, comme en témoigne un autre article de Christiane Guès, La guerre puis... la paix, dans lequel sont évoquées ses terreurs de fillette quand il lui fallait « descendre dans les abris » lors des bombardements de Marseille au printemps 1944. Le souvenir de ces jours tragiques est resté suffisamment enraciné en elle pour qu’il se lise en filigrane de l’un de ses poèmes, L’enfant de la nuit, que nous avons rangé dans la rubrique de nos Fioretti.
Et la guerre fait rage aujourd’hui encore dans notre monde, au point d’être devenue une rubrique à part entière de nos journaux, écrits, parlés ou télévisés. L’article que nous devons à l’amitié de Jean-Pierre Zender, ancien reporter au quotidien L’Est Républicain, De la paix au génocide : le témoignage d’un grand reporter, en fournit une illustration à propos de conflits suffisamment anciens, en Yougoslavie et au Ruanda, pour que l’auteur puisse clore ce « retour sur expérience » par cette salutaire mise en garde : « Nous n’avons pas de leçons à donner aux Hutus et aux Tutsis. Il est en revanche urgent de se préoccuper de sauvegarder la paix, notre bien commun toujours plus fragile. »
C’est parce que nous sommes confrontés à ces conflits qui déchirent notre planète qu’il convient dans ce blog chrétien de « revisiter », comme on dit, l’expérience d’Israël et celle de nos Églises face aux déchirements des sociétés de leur temps. Pour le Premier Testament, on lira donc la contribution d’Antoine Duprez, Massacrer au nom de YHWH ? qui montre comment la mystérieuse figure du serviteur souffrant a progressivement émergé en Israël d’une méditation sur la guerre et ses horreurs, jusqu’à devenir pour les chrétiens l’icône du Christ affronté à sa Passion. Pour l’Église, l’article de Charles de la Roncière, La Paix et la Trêve de Dieu au XIe siècle, revient sur cette initiative originale (et méconnue) qui a rencontré une si grande faveur dans le peuple chrétien en un temps où l’Occident était aux mains de seigneurs locaux qui étaient surtout des « seigneurs de la guerre. » C’était là une « œuvre de miséricorde » dont on peut aujourd’hui trouver comme un écho dans l’existence de Pax Christi, une ONG chrétienne dont traite une brève mise au point de Monique Morvan et Francine Bouichou-Orsini.
Plus originales, parce qu’elles ont rassemblé des représentants de toutes les religions, ont été les rencontres organisées à Assise par Jean-Paul II en 1986 et 2002, puis par Benoît XVI en 2011, et qui toutes ont eu pour objectif de prier pour la paix. C’est un des privilèges de notre temps que d’avoir connu L’Esprit d’Assise dont traite un article de Christian Salenson et qui peut être résumé par le Décalogue d’Assise que nous avons rangé dans la rubrique de nos Fioretti.
Et c’est de ce même esprit que participe l’article d’Antoine Nouis, Le chrétien face à la guerre, que nous reprenons de la revue Réforme où il a été publié sous un autre titre : l’auteur s’y démarque du « débat entre les ‘‘prophétiques’’ et les ‘‘pragmatiques’’ qui est aussi vieux que le christianisme », afin de frayer d’utiles pistes de réflexion à notre monde encore prompt, malgré les errements du passé, à se lancer dans des « guerres justes. »
Cela nous a invités – car c’est notre devoir de chrétiens, mais aussi de citoyens – à scruter pour finir les « signes des temps » qui peuvent être des signes de paix. L’un d’entre eux nous a paru être l’Union européenne, qui a pourtant bien mauvaise presse aujourd’hui dans notre continent, en dépit du prix Nobel de la Paix qui lui a été attribué en 2012. On lira donc à son sujet le vibrant plaidoyer de Philippe Langevin, L’Union européenne, facteur de paix, et l’article de Jean Blache, Le programme Erasmus, une expérience de fraternité pour la jeunesse étudiante européenne, qui témoigne combien les échanges universitaires au sein de l’Union œuvrent très concrètement pour la paix.
L’autre « signe des temps » que nous avons retenu tient à l’article que Marcel Goldenberg nous a fait l’amitié de nous confier, Shalom, Salam. Israël, Palestine : deux états, un futur ? car, en dépit de son point d’interrogation final – ô combien justifié dans la conjoncture actuelle –, il témoigne d’une tenace espérance en une paix possible entre ces deux peuples également fils d’Abraham. Belle illustration que c’est à leur ténacité et à leur espérance que se reconnaissent les « bâtisseurs de paix » que Rabbi Ieshuah, en qui les chrétiens ont reconnu leur Seigneur, a salués comme étant « fils de Dieu. »
Fallait-il allonger cette liste des « signes de temps » ? Sans doute. Si nous ne l’avons pas fait, c’est parce c’est à vous, amis lecteurs, qu’il appartient de le faire, en nourrissant ce blog par vos témoignages et vos commentaires. Car il est de votre vocation, à la fois d’hommes et de chrétiens, d’être des veilleurs d’espérance.
G&S
Un "vieil" article de René Guyon traite de la question
Jésus porteur de paix ou d'épée ?