L'appel du Pape aux musulmans contre le terrorisme islamique
Dans l'avion qui le ramenait dimanche soir de Turquie, le pape François a donné une longue conférence de presse aux journalistes internationaux qui l'accompagnaient. Parmi une dizaine de questions, le Pape s'est prononcé très nettement sur l'islamophobie, la christianophobie et sa prière dans la Mosquée bleue.
Voici les réponses intégrales à ces trois questions.
- Sur l'islamophobie
« Il est vrai que devant ces actes terroristes qui ne sont pas seulement commis dans cette zone mais aussi en Afrique, il y a une réaction qui consiste à dire : si c'est l'islam, je me mets en colère. Et tant de fidèles de l'islam sont offensés. Tant et tant musulmans disent mais nous ne sommes pas cela, le Coran est un livre de paix, un livre prophétique de paix. Cela n'est donc pas l'islamisme.
Je comprends cela. Je crois sincèrement que l'on ne peut pas dire que tous les musulmans sont des terroristes. On ne peut pas le dire. De même que l'on ne peut pas dire que tous les chrétiens sont tous des fondamentalistes. Nous en avons aussi. Toutes les religions ont ce genre de groupes. J'ai dit au président qu'il serait beau que tous les leaders musulmans, leaders politiques, leaders religieux, leaders académiques, disent clairement, condamnent clairement ces actes. Cette parole des leaders, de tous ces leaders, aiderait la majorité des peuples musulmans, vraiment. Nous avons tous besoin d'une condamnation mondiale de la part de tous les musulmans. Que ceux qui ont l'identité musulmane disent l'islam ce ne sont pas les terroristes ! le Coran ce n'est pas cela ! »
« Nous devons toujours distinguer la proposition d'une religion, de l'usage concret qui en est fait. Je suis juif, je suis musulman, je suis chrétien, mais tu conduis ton pays, non comme musulman, non comme juif, non comme chrétien ? Il faut prendre cette décision car il y a un abîme entre les deux. Souvent on utilise le nom mais la réalité de cette religion n'existe pas ».
- Sur la christianophobie
« C'est vrai et je ne veux pas utiliser des paroles un peu adoucies. Mais les chrétiens, on les chasse du Moyen-Orient ! On l'a vu en Irak, dans la région de Mossoul. Ils doivent s'en aller. Ils doivent tout laisser de ce qu'ils ont. Ou payer la taxe ce qui, ensuite, ne sert pas. Dans d'autres cas on chasse les chrétiens avec des gants blancs. Un mari et une femme vivent séparément dans deux pays pour travailler et quand l'un veut retrouver l'autre, on leur répond non, non : que l'un laisse le travail et libère l'habitation. Comme si on voulait qu'aucun chrétien ne reste là. Aucun chrétien... Cela n'est pas bon. »
- Sur sa prière à la Mosquée bleue d'Istanbul
« Je suis allé en Turquie en pèlerin et non en touriste. La raison majeure était de vivre la fête de Saint André avec le Patriarche Bartolomée. Je suis donc venu pour un motif religieux. Quand je suis allé dans la mosquée, il n'était pas question pour moi de dire et maintenant je suis un touriste. Toute cette visite était religieuse. Et j'ai vu cette merveille ! Quand le mufti m'a expliqué les éléments de la mosquée avec tant d'attention et de respect, expliquant la place de Marie dans le Coran, de Jean Baptiste, j'ai alors ressenti le besoin de prier. J'ai demandé est ce que je peux prier un peu ?'. Il m'a dit oui. J'ai prié pour la Turquie, pour la paix, pour le mufti, pour tous, pour moi qui en ai besoin, j'ai vraiment prié.
J'ai surtout prié pour la paix : mais Seigneur, arrêtons là les guerres !
Ce fut un moment de prière sincère. »
Jean-Marie Guénois
pour Lefigaro