L’engagement fraternel : une source abondante

Publié le par Garrigues et Sentiers

... d’humanisation pour nos sociétés
et de vitalité pour les communautés spirituelles

Les 8 et 9 novembre dernier s’est tenu à Lyon le 3e colloque de l’Association Chrétiens et pic de pétrole sur le thème Non-puissance, sobriété et espérance. Quelle société voulons-nous ? 1. À l’origine de cette association il y a ce constat simple mais ignoré, voire refusé, par le système dominant : il ne peut y avoir de croissance infinie dans un monde fini.

Si l’Église peine à remettre en cause ce système dominant, les militants de cette association remarquent que « de nombreuses paroles et actions qui se réclament du message de la Bonne Nouvelle donnent de réels signes d’espérance (…) et démontrent que la Bible est toujours vivante, toujours au service des pauvres ».

Pour Chrétiens et pic de pétrole, le cœur des crises que nous traversons provient de la démesure et du refus de toute limite qui a envahi l’imaginaire occidental. La réflexion a pour point de départ une conséquence concrète de cette démesure : le déclin annoncé de l’extraction de pétrole sur la planète, le « pic de pétrole ».

Les différentes crises que nous traversons – crises écologique, sociale, culturelle – ne sont pas des crises isolées mais les conséquences d’un problème structurel, systémique : la démesure, l’affaiblissement des valeurs humanistes. L’objectif de Chrétiens et pic de pétrole est donc d’une part de s’appuyer avec rigueur sur les résultats des recherches scientifiques et anthropologiques et d’autre part de rechercher dans les sources chrétiennes et ses développements théologiques les valeurs universelles dans lesquelles il sera possible d’aller puiser, individuellement et collectivement, pour affronter les crises où nous sommes engagés et prévenir celles qui peuvent l’être.

Le 20e siècle aura vu l’affrontement brutal de l’exigence de la liberté des marchés financiers « sans limite » et celui de l’étatisme « sans limite » au nom de l’égalité. Au fronton des mairies françaises, après les mots égalité et liberté, il y a celui de fraternité. Nous avons pensé qu’il s’agissait d’un vœu pieux. Or, les combats toujours nécessaires pour la liberté et l’égalité, sans une fraternité concrète, deviennent stériles et mortels.

Pour le chrétien, la fraternité humaine prend sa source dans la conscience d’une filiation commune qui peut seule donner la mesure évitant les délires sans limites de l’économisme ou de l’étatisme. L’Évangile nous invite à mettre les « pauvres » au cœur des savoirs et des organisations sociétales, non pas d’abord pour les « expliquer » ou en faire les clients des bonnes œuvres, mais pour écouter leur parole. La phrase biblique la pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs devient la pierre d'angle 2 constitue non seulement une vérité spirituelle, mais le fondement même de l'humanisation de nos sociétés et du développement du psychisme humain.

Dans son texte intitulé La joie de l’Évangile, le Pape François réaffirme avec force ce lien entre la vie communautaire des églises et l’engagement concret dans le combat pour la dignité et l’intégration des tous : « Toute communauté de l’Église, dans la mesure où elle prétend rester tranquille sans se préoccuper de manière créative et sans coopérer avec efficacité pour que les pauvres vivent avec dignité et pour l’intégration de tous, court aussi le risque de la dissolution, même si elle parle de thèmes sociaux ou critique les gouvernements. Elle finira facilement par être dépassée par la mondanité spirituelle, dissimulée sous des pratiques religieuses, avec des réunions infécondes et des discours vides » 3.

Bernard Ginisty

1 – Cf. le site de l’association : <http://www.chretiens-et-pic-de-petrole.org>
2 – Évangile de Matthieu 21,42
3 – Pape François : La joie de l’Évangile § 207

Publié dans Signes des temps

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P
Voilà que je suis tombé dans le piège : débattre de questions économiques après en avoir dénoncé l'omniprésence dans notre société. Heureusement que de temps en temps, un homme (ou une femme ou plusieurs) vient redire où se trouve l'essentiel : aujourd'hui c'est un homme qui a souhaité &quot;une Europe qui ne tourne pas uniquement autour de l'économie, mais du caractère sacré de la personne&quot;.<br /> La crise que nous devons affronter est plus spirituelle qu'économique, le pape François vient nous le rappeler à juste titre.
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R
Bonjour Pierre Locher,<br /> Si j'ai été désobligeant en parlant de morale à la petite semaine, c'est sans doute du à une pointe d'agacement et, si j'ai blessé quelqu'un, je le regrette.<br /> Pour le reste, puisque vous reprenez point par point ma réponse, cela m'oblige à répliquer point par point, en entrant davantage dans le détail de mes affirmations.<br /> Pour ce qui est des Chrétiens (comme des Juifs ou Musulmans d'ailleurs) qui seraient tentés par un pseudo-collectivisme, conscient ou pas, il suffit de les écouter et d'interpréter de façon logique=<br /> Une fois qu'on a diabolisé le &quot;Capitalisme&quot;, l'argent, le Libéralisme (?), les banques, les multi-nationales, le libre-échange, la grande majorité des dirigeants politiques et économiques occidentaux, qu'est-ce qui reste ???...<br /> Bien sûr, ce ne sont pas les Chrétiens qui vont défendre le projet politique du Collectivisme, celui-ci sous- tendant une restriction des libertés, notamment religieuses. Mais sur ce Blog, nous n'en sommes pas à un débat politique, mais à un échange sur les structures socio-économiques sous un regard de croyants. Et je n'ai toujours pas de réponse alternative à une hypothétique 3e voie entre Economie de Marché et Collectivisme dans la société moderne.<br /> Ah ! c'est vrai que depuis quelques décennies, il y a la voie écologique. Et là encore, il faudrait mettre un bémol aux idéologies dominantes.<br /> Moi, je suis tout à fait pour les centrales solaires avec un Kw à 0,104 € à ce que vous dites. Faut-il encore dégager les milliards nécessaires à l'investissement. Est-on sûr que c'est la priorité actuelle pour réduire le chômage ?...<br /> Allez chez Darty et essayez de trouver une télé, un ordinateur, un disque dur, ou même un vulgaire grill-pain fabriqué en Europe. Aussi, alourdir toujours davantage le prix de revient des produits français par des contraintes ignorées de nos concurrents les plus directs, c'est suicidaire. <br /> Ou alors, il aurait fallu,il y a quelques années, normaliser à l'échelle européenne le temps de travail, l'âge de la retraite, les règles environnementales et maintenir un minimum de protectionnisme pour préserver notre modèle social. Mais, à l'époque, nos amis angéliques du MCC bataillaient pour passer des bateaux de dons de blé à l'aide au développement industriel des pays&quot;sous développés&quot; et à l'ouverture des frontières.<br /> Pour ce qui est des schistes bitumineux, il en est de même. Nous nous privons d'immenses richesses nationales en continuant à importer des Mds $ d'hydrocarbures, qui freinent notre développement plutôt que chercher des zones où il n'y a pas de nappe phréatique à protéger, ou là où la nappe est protégée par une épaisse couche rocheuse ou...pour le moins... poursuivre des recherches pour trouver d'autres technologies de récupération que la méthode vibratoire.<br /> Mais les nécessités de soutien à une majorité politique ont fait encore une fois plier les dirigeants devant les exigences idéologiques d'une minorité d&quot;appoint.<br /> Pour le Diesel, vous vous trompez. C'était mon métier. Les Pétroliers ont intérêt à vendre de l'essence plutôt que du gasoil car ça augmente le volume. D'autre part, l'engouement soudain des Français pour le Diesel, moins gourmand, oblige les raffineurs à exporter l'essence en surplus et importer massivement du fuel domestique.<br /> Devant la montée continue du chômage, la gravité sans précédent de la situation financière du pays, qui est à la merci d'une remontée des taux d'emprunts, qui mettrait la France en banqueroute, nous ramenant à la situation de l'Allemagne de Weimar, ne peut -on mettre en veille nos ambitions écologiques dans l'attente d'un nouveau développement (pour ne pas parler de croissance, terme qui donne des boutons à certains) <br /> Et à propos de croissance, pourquoi ne serait-elle pas infinie ? &quot;Rien ne se perd, rien ne se crée......&quot;il faut développer le recyclage ! Et puis, il y a des ressources qui sont infinies, telle la silice...Seules les énergies fossiles sont limitées. Mais bien des formes d'énergie sont encore peu exploitées, telle l'hydrogène, notre pile à combustible de demain, qui fera suite aux groupes hybrides.<br /> Non, l'investissement n'est pas un dogme mais une nécessité. On ne peut développer sa culture si on n'investit pas dans la lecture et la réflexion. On ne peut préserver sa maison si on n'investit pas dans son entretien. On ne peut créer une pizzeria mobile sans investir dans un véhicule adapté....<br /> Une fois encore, ne diabolisez pas les 'actionnaires&quot;, buveurs du sang des pauvres. Vous oubliez, je vous l'ai dit plusieurs fois, que l'immense majorité d'entre eux sont les centaines de millions de petits porteurs de valeurs, plaçant leurs économies ou prévoyant leur retraite. Nous?<br /> Il y a sûrement quelque chose à faire concernant les parachutes dorés ou certaines retraites chapeau qui nous choquent. Mais ne nous faisons pas d'illusions : cela satisfera notre sens de l'éthique et de la justice mais le résultat global demeurera symbolique.<br /> <br /> &quot;La croissance moyenne ne cesse de diminuer depuis 30 ans dans les pays développés&quot; dites vous. Tout d'abord ce n'est pas exact pour les USA, qui ont largement dépassé leur niveau d'avant la crise et réduit leur chômage, tout en menant des guerres ici et là et en pratiquant une politique économique bien différente de celle que vous préconisez. L'Europe est à la traine, empêtrée dans ses querelles et ses contradictions, face aux&quot; vases communicants&quot; des transferts industriels avec les pays émergents que ne voyaient pas venir mes amis Catho's du MCC des années 80.<br /> <br /> Merci à Françoisjean de venir mettre son grain de sel (et de poivre ?) Je trouve quelques phrases sympathiques. Mais qui peut deviner ce que nous dirait aujourd'hui Jésus sur des questions actuelles que nous pourrions lui poser?<br /> Des paroles sévères aussi sur des organismes régulateurs comme le FMI . Que serait la Grèce aujourd'hui s'il n'y avait eu les interventions extérieures massives ?<br /> A t-on une idée de l'extraordinaire difficulté de manoeuvrer pour les Economistes et les Politiques, en charge des décisions quotidiennes, dans un monde aussi complexe et dangereux que celui d'aujourd'hui, soumis aux passions humaines ?? Il y faut le courage et l'idéalisme des croyants, ajoutés à l'habileté de Machiavel ,qui nous a appris à retourner les défauts individuels de la multitude <br /> en direction de la recherche du bien commun.<br /> Ce n'est plus aujourd'hui une question de Droite ou de Gauche, concept dépassé.<br /> Ici comme là, il y a ceux qui regardent lucidement le monde en face, les pieds bien posés sur terre et ceux qui sont assis sur un petit nuage, regardant de si haut et si loin que les obstacles réels leur échappent.<br /> Robert Kaufmann
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F
J’aime bien entendre des exposés pleins de chiffres reposant sur des algorithmes très savants mais incompréhensibles même pour ceux qui les ont conçus ! j’ai ouïe dire que même le FMI a avoué s’être trompé dans son calcul…tant pis pour tous ceux qui ont été de ce fait jetés la rue. Sur quoi peut-on se reposer :<br /> - - - Le christianisme n’est pas une entreprise de paupérisation.<br /> - - - L’Évangile n’est pas un livre de morale, ni de préceptes, ni de règles religieuses, ni d’économie, mais c’est la Parole de Quelqu’un qui s’adresse à chacun en particulier, sans aucune exception. La réponse ne peut donc qu’être individuelle. Il n’y a pas de parti chrétien, ni de gauche, ni de droite ! Faute de quoi, l’Évangile initierait une activité partisane, donc non universelle, donc non catholique !! De plus, l’Évangile ne devrait évidemment pas être un organe de pouvoir. Le « peuple » devrait être tellement étonné par la qualité de l’Amour du prochain que vivent chaque politicien chrétien, devrait tellement voir transparaître le Visage du Christ sur chaque visage de responsable de la chose publique, qu’une autre façon de concevoir les choses devrait être très pénible ! Le pape François en est un vibrant exemple.<br /> - - - Lorsque la tempête surprend le bateau qui amenait Paul à Rome, devant Malte, une discussion musclée survint pour décider des moyens à utiliser pour rester en vie : l’avis de Paul prévalut et la charge du navire fut jeter à la mer…l’embarcation échappa au naufrage…<br /> - - - Pour mon propre budget, je fais de même.<br /> - - - Tout investissement qui n’est pas assortis d’un « retour sur investissement » me paraît inutile et dangereux<br /> - - - Paul s’est élevé avec vigueur contre les « jeanfoutres » qui parasitaient la société d’alors. Toutes solutions qui prétendent aider « les pauvres » sans qu’ils participent activement à leur sauvetage, est vouées à l’échec. Que penser de la position française qui semble attendre que la « reprise » vienne d’ailleurs? Depuis 30 ans, les gouvernements successifs favorisent le pouvoir d’achat au détriment de l’emploi. Donc….<br /> - - - Avant d’initier une discussion sur ces grands sujets, peut-être serait-il bon de revenir à une saine gestion du vocabulaire, de l’enseignement…comment voulez-vous que l’on s’entende si les mots cessent d’être des vecteurs d’idée au profit d’idéologies fallacieuses. Des facs ont été obligées de réintroduire des cours de français en première année….quid de l’apprentissage ??pourquoi le travail manuel est-il si méprisé ?<br /> - - - -« … Une femme pauvre m'a dit ces mots que j'ai retenus : &quot; La plus grande douleur des pauvres, c'est que personne n'a besoin de leur amitié. On vient chez nous quand on est crevé, on s'assoit sur le coin d'une chaise, on dépose de quoi poursuivre notre misère quelques jours, et puis on s'en va tranquillement à Chamonix ou sur la Côte d'Azur. Mais personne ne croit que nous, les pauvres, nous avons quelque chose à donner. Nous sommes simplement un organisme qui bouffe, - et voilà ! Si on nous donne à manger, à la dernière extrémité, on est quitte. Personne n'imagine que nous aussi, nous éprouvons le besoin de donner. Personne ne croit à notre dignité et c'est cela notre plus grande blessure... &quot; (Conférence donnée à Londres au Centre Charles Péguy, le 16 février 1964. Maurice Zundel)<br /> - - -Notre pape n'a-t-il pas dit quelque chose d'identique récemment?
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R
N'a t-on pas envie de rebondir sur cette dernière phrase de François...&quot;la mondanité spirituelle, dissimulée sous des pratiques religieuses, avec des réunions infécondes et des discours vides...&quot; ?<br /> Je ne sais ce que pensent les nombreux (?) lecteurs de ce blog, qui ne se prononcent pas mais assistent depuis quelque temps à cette joute, qui ressemble à un dialogue de sourds entre personnes par ailleurs de bonne foi, mais qui portent des regards si différents sur le monde tel qu'il se présente à nous.<br /> Cette façon de tomber dans les simplifications, mettant notre conscience à jour, en rappelant aux Chrétiens la nécessité de revenir vers les &quot;pauvres&quot;....sans tenir compte d'ailleurs que les pauvres ne sont pas forcément les pauvres en Euros mais que dans le message des Béatitudes, la star internationale qui a le monde à ses pieds et se suicide est très certainement plus pauvre que le smicard, appuyé par les diverses alloc, qui aime prendre le soleil en buvant son pastis et se sent plus riche qu'elle.<br /> Pour revenir à l'organisation du monde économique et social, je lis beaucoup de contestations à mes affirmations, mais je n'ai toujours pas la réponse à ma question posée il y a peu= QUE PROPOSEZ VOUS EN DEHORS DES 2 SYSTÈMES ÉCONOMIQUES UTILISÉS AU COURS DU SIÈCLE PASSÉ ? la régulation par le marché, encadrée par les règlements nationaux et internationaux ou L'ÉCONOMIE COLLECTIVISTE, dans laquelle l'Etat est propriétaire de l'ensemble des outils financiers et industriels ? (Plus de &quot;riches&quot; à part quelques aparatchiks...) <br /> Tout en se défendant d'idéologie collectiviste, une aile de la communauté chrétienne, pratiquant une forme d'angélisme, consciemment ou pas, nous pousse dans une voie assez similaire.<br /> Sans parler de l'Allemagne unie des années 30 et du fossé qui n'a cessé de se creuser entre les 2 Allemagnes après la guerre, jusqu'à la réunification, les médias de ce 20 Novembre nous apprennent que l'autre fossé qui s'est creusé entre les 2 Corées aboutit aujourd'hui à un PIB par habitant de 1 251 $ au Nord et 26 000 $ au Sud...Ainsi, au Nord, tout le monde est devenu très pauvre et sans pour autant respecter l'environnement....Cela satisfait qui ?<br /> <br /> Alors, si on revenait à une proposition plus constructive de François ? &quot;...coopérer avec efficacité pour que les pauvres vivent avec dignité et pour l'intégration de tous...&quot;<br /> Et cela soulève bien sûr la question de l'emploi et du chômage. Faut-il répéter pour la énième fois que la relance de l'industrie passe par les investissements (dixit les gouvernements de Gauche aujourd'hui) et que ce n'est pas en taxant les profits à 75% et en tançant les multi-nationales que l'on encourage ceux-ci à venir investir chez nous !<br /> Et puis, les donneurs de leçons= quand on va voir son banquier pour placer ses économies ou améliorer sa retraite, lui demandons -nous des actions d'entreprises sociales et solidaires ou des valeurs sûres, qui rapportent le maximum, avec un risque minimum (soit dit en passant, c'est celles qui rapportent le plus à l'étranger)<br /> Quels sont ceux qui sont passés aux voitures&quot;hybrides&quot; ces dernières années, qui consomment 2 fois moins en ville ? Quels sont ceux qui ont renoncé à leur Diesel qui, non seulement s'attaque à la couche d'ozone mais nuit gravement à la santé ? Quels sont ceux qui ont posé des panneaux solaires, sachant que le Kwh est double du nucléaire 'EDF ? Quels sont ceux qui achètent du papier recyclé qui coûte 50% plus cher ?..........<br /> Alors,cette morale à la petite semaine, cela finit par lasser !<br /> La lucidité nous commande non d'avoir moins d'Economistes mais davantage; et plus talentueux, pour analyser, prévoir et conseiller les politiques.<br /> Et les Politiques à manifester plus de courage et de détermination pour encadrer les flux financiers; à tendre les efforts pour passer des règles de l'unanimité à celles de la majorité qualifiée pour réguler l'économie internationale et les règles environnementales.<br /> D'ailleurs, un peu d'attention lucide sur ce qui marche !! On a vu ces dernières semaines un début de taxation des transferts financiers; une rencontre entre les présidents américain et chinois sur l'environnement (les plus grands pollueurs du monde).........<br /> Arrêtons ces gémissements stériles, faisons des propositions concrètes et commençons par donner l'exemple à notre entourage !<br /> Robert Kaufmann
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P
Bonjour Robert Kaufmann, <br /> <br /> Je reprends quelques unes de vos phrases, non pour vous convaincre, mais pour essayer de préciser où sont nos divergences.<br /> « Tout en se défendant d'idéologie collectiviste, une aile de la communauté chrétienne, pratiquant une forme d'angélisme, consciemment ou pas, nous pousse dans une voie assez similaire. » Pouvez-vous préciser cette affirmation ? De qui parlez-vous ? Qui sont ces chrétiens « collectivistes » ou pseudo-collectivistes (similaires)? Par ailleurs d’accord avec vous (même si votre exemple est un peu caricatural ), il faudrait définir la notion de pauvre dans la Bible (ce n'est surement pas les miséreux) : j'ai bien aimé cette phrase de Bernard Ginisty nous invitant à mettre les pauvres au cœur de nos institutions « non pas d’abord pour les « expliquer » ou en faire les clients des bonnes œuvres, mais pour écouter leur parole ».<br /> <br /> Pour ce qui est de la « morale à la petite semaine » (un peu désobligeant, vous en conviendrez...), d'accord avec vous pour passer à la voiture hybride (qui n'est, pas plus que la voiture électrique la solution miracle : çà ne résout pas le problème des embouteillages... ). D'accord avec vous pour l'épargne éthique et solidaire, d'accord avec vous pour diminuer le diesel (je ne suis pas sûr que les pétroliers français vous entendent ...), etc . Pour l'électricité d'origine solaire, je me permets de vous renvoyer à des chiffres précis : le Mwh de la centrale solaire de Cestas (près de Bordeaux) sortira à 104,5 € tandis que le Mwh nucléaire du futur EPR sera à 109 € : on est loin du double...<br /> <br /> « Faut-il répéter pour la énième fois que la relance de l'industrie passe par les investissements »<br /> Encore faut-il savoir lesquels, il y a des investissements qui préparent l’avenir, d'autres non. Pensez-vous qu'investir dans le gaz de schiste nous prépare à un futur dé-carboné, comme nous y invitent aussi bien les scientifiques du GIEC (mais peut-être doutez-vous de leurs compétences ?) ou des économistes (il m'arrive d'en citer) comme Nicholas STERN.<br /> Par ailleurs, croyez-vous que l'investissement soit la priorité de certaines entreprises, ou n'est-ce pas plutôt la rémunération des actionnaires (de préférence avec un taux à deux chiffres) ?<br /> Je vous renvoie enfin aux écrits des économistes de plus en plus nombreux qui constatent que depuis 30 ans, la « croissance moyenne » ne cesse de diminuer dans les pays développés. Il va bien falloir se pencher sur la question ...avec des économistes talentueux certes, mais surtout qui ne soient pas aveuglés par le dogme de la croissance : peut-il y avoir une croissance infinie dans un monde fini ? N'y a-t-il pas un moment où une plante, un arbre s’arrête de croitre et consacre son énergie à donner fleurs et fruits ? L'économie omniprésente dans notre société ferait bien de temps en temps de s'inspirer de la nature. Nous ne sommes plus devant le choix entre économie collectiviste et économie de marché, mais devant l'exigence d’inventer une autre économie respectueuse de l'homme et de la nature. Certains indiquent des pistes qu'il ne faut pas prendre pour des solutions tombées du ciel (par exemple Jeremy RIFKIN). Un enfant apprend la marche en marchant. <br /> <br /> Encore d'accord avec vous pour exiger des hommes et femmes politiques de faire preuve d'un peu plus de courage, tout particulièrement vis-à-vis du monde de la finance, et de ne pas tromper le bon peuple (nous) en lui faisant miroiter une croissance source de bonheur... Parfois le courage consiste simplement à ôter les peaux de saucisson que l'on a sur les yeux.