Qui donc est Dieu ?

Publié le par Garrigues et Sentiers

Réflexions sur Dieu-Trinité

Quand nous disons : Dieu, quand nous prions Dieu, à qui nous adressons-nous ? C’est à cette question très simple que nous voulons répondre par ces réflexions. Nous voulons en même temps parler de la foi chrétienne en Dieu-Trinité, lumière pour la vie chrétienne, trop souvent transformée en énigme.

Commençons par les deux grandes évidences chrétiennes

I. Le Dieu de l’AT et du NT : le Dieu Unique et le Dieu Père

S’il y a une évidence spirituelle dans la Bible, c’est que Dieu est Unique, et qu’il est une Personne vivante : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Deutéronome 6,4-5). La conviction centrale de la religion juive, au moins à partir du 4e siècle avant Jésus-Christ, est que le Dieu d’Israël est le Dieu Unique, Personnel, Créateur du ciel et de la terre. Ce monothéisme affirmé aura un grand rayonnement dans le monde gréco-romain, par l’intermédiaire des diasporas et de la traduction de la Bible en grec à partir du 3e siècle.

Cette évidence première se retrouve aussi dans le Nouveau Testament. Jésus partage, plus et mieux que tout autre, cette foi au Dieu Unique. Il a rappelé la phrase précédente du Deutéronome comme le premier commandement (Marc 12,29), il l’a sûrement priée comme tout bon Juif trois fois par jour et il l’a vécue intensément : « Je fais toujours ce qui lui plaît » (Jean 8,29). Les foules, à la vue des guérisons qu’il opérait, « rendait gloire au Dieu d’Israël » (Matthieu 15, 31). Il va même jusqu’à dire, pour bien marquer à quel point sa mission est reçue d’un autre : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon, sinon le Dieu Unique » (Mc 10,18).

Dans le Nouveau Testament, l’expression « o theos » (Dieu, mais en grec, le substantif appelle l’article, comme en français le Seigneur) désigne toujours Dieu le Père ; K. Rahner l’a établi dans un article célèbre – Dieu dans le Nouveau Testament, dès 1954. On trouve ainsi en saint Jean la phrase suivante dans la grande prière de Jésus : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17,3). Jésus prie Dieu comme son Père, fait la volonté du Père, comprend sa mission comme celle de l’Envoyé du Père.

S’il y a une nouveauté concernant Dieu dans le NT, c’est la mise en valeur de ce titre de Père. Jésus s’adresse à Dieu comme à son Père avec une familiarité étonnante (Marc 14,36 : « Abba, Père, tout t’est possible, écarte de moi cette coupe », et invite ses disciples à avoir avec Dieu la même confiance totale (Prière du Notre Père).

II. Jésus, l’Envoyé de Dieu à la fin des temps

S’il y a bien une seconde évidence chrétienne, c’est que Jésus est une autre Personne que Dieu le Père. Il est le Fils. Il est Celui qui fait la volonté du Père qui l’a envoyé. Tous les Evangiles s’interrogeront sur le mystère de sa personnalité. D’un côté, il vit une vie humaine authentique, il guérit des malades, il rassemble des disciples, il « est passé en faisant le bien » (Actes 10,38), sa vie se termine tragiquement. D’un autre côté, il détient une autorité, il a une Parole puissante, il vit avec Dieu une relation très particulière, dont le 4e Évangile soulignera ce qu’elle a d’unique.

C’est l’événement pascal, Résurrection-Exaltation, qui modifiera la perception du message, de la mission et de la figure de Jésus. Il est clair désormais pour ses disciples qu’il est le Messie attendu par Israël, en grec le Christ, il est pour Dieu le Fils d’une manière tout-à-fait unique, il est le Sauveur, désormais dans la gloire de Dieu, d’où il venait. Il est désormais, et à vrai dire il a toujours été, inséparable de Dieu. St Jean ira jusqu’à dire : « Le Père et moi, nous sommes un » (10,30 ).

Que Jésus soit d’origine divine est pour le 4e Évangile une évidence absolue, très souvent répétée. Dès l’introduction : « Au commencement était le Logos, et le Logos était auprès de Dieu, et le Logos était Dieu… Et le Logos est devenu chair » (Jean 1,1 et 14)… « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils Unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a fait connaître » (Jean 1,18).L’origine divine de Jésus occupe dans le 4e Évangile une place centrale, mais à aucun moment le Fils ne prend la place du Père. Au contraire, « ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 4,34). Le Père, mentionné 115 fois en Jn, reste constamment au centre de l’Évangile, comme l’a établi Xavier Léon-Dufour.

Voilà pour le Nouveau Testament, pour ce qu’il a de plus évident.

III. Le christianisme dans le monde gréco-romain

1. Le Père et le Fils

Les premiers chrétiens ont une vive conscience de vivre des temps nouveaux, les  derniers temps, inaugurés par la Résurrection du « Premier-Né d’entre les morts » (1Corinthiens 15,20-25), le temps de l’Esprit. C’est l’Esprit qui a fait naître l’Église au jour de la Pentecôte, c’est l’Esprit qui transmet une vie nouvelle (Romains 8), c’est l’Esprit qui désormais fait pleinement comprendre le Christ : « Personne ne peut dire Jésus est Seigneur si ce n’est par l’Esprit-Saint » (1Corinthiens 12,3).

Qu’il y ait plusieurs personnalités divines ne faisait pas problème dans le monde gréco-romain. Mais les chrétiens restaient fidèles au monothéisme, au Dieu Unique, de l’Ancien et du Nouveau Testaments. Comment situer alors la divinité de Jésus ? La solution semblait évidente, et Arius, prêtre d’Alexandrie, l’exprima avec le plus de clarté : Jésus le Fils est Dieu, pleinement Dieu, mais il est inférieur à Dieu son Père. Lui-même d’ailleurs l’a dit : « Le Père est plus grand que moi » (Jean 14,28 ).

L’Église entraînée par Athanase, Evêque d’Alexandrie, n’admit pas cette solution trop évidente. Elle s’appuya sur l’expérience chrétienne : le Fils nous transmet la vie divine, « Le Fils de Dieu s’est fait fils de l’homme pour que les hommes deviennent fils de Dieu ». Or il n’y a qu’une vie divine, la vie du Fils est la même que la vie du Père. Le Fils peut nous diviniser parce qu’il vit de la même vie que le Père.

Le Concile de Nicée (325) affirme que le Fils est « consubstantiel » au Père, c’est-à-dire en tout égal au Père, de la même nature divine que le Père.

2. L’Esprit qui procède du Père

Après de longs débats tout au long du 4ème siècle, un nouveau Concile se réunit à Constantinople (381) et établit la divinité de l’Esprit, 3e Personne divine, qui procède du Père et « qui reçoit avec le Père et le Fils, même adoration et même gloire ». Au grand regret de Grégoire de Nazianze, excellent théologien alors archevêque de Constantinople, on ne reprend pas le mot « consubstantiel » utilisé à Nicée pour le Fils, mais le sens est le même : Père, Fils et Esprit sont trois Personnes divines, trois « hypostases ». L’Esprit n’est connu qu’à travers l’expérience de la vie chrétienne, c’est lui qui nous divinise, d’abord lors du Baptême et de la Confirmation, faisant de nous le Corps du Christ.

3. La foi commune

Cette théologie développée en Orient sera longtemps la théologie commune. Elle est bien exprimée par le Credo de Nicée-Constantinople, que nous professons le dimanche :

- Le Dieu Unique, c’est Dieu le Père Tout-Puissant : « Je crois en un seul Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre ». Mais ce Dieu Unique n’est pas solitaire. Il est Père, c’est-à-dire qu’ll donne sa vie à son Fils, et qu’il la donne à l’Esprit « qui procède du Père » (Jean 15,26). Le Fils et l’Esprit sont « les deux mains du Père », disait déjà St Irénée.

- Le Fils est aussi parfaitement Dieu que le Père : Il est « Dieu, né de Dieu, Lumière, né de la lumière, engendré, non pas créé, de même nature que le Père ».

- L’Esprit est aussi parfaitement Dieu que le Père ou le Fils : « Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ».

Il y a donc trois Personnes divines, bien représentées par l’icône trinitaire d’Andréï Roublev, inspiré par le récit de la Genèse. Mais il n’y a pas trois dieux (disait déjà Grégoire de Nysse), car c’est sa propre vie que le Père partage au Fils et à l’Esprit. Dieu le Père est « source et origine de toute la Trinité ». Jésus déjà avait dit à ses disciples qu’il ne faisait pas nombre avec le Père, tout en étant distinct de lui : « Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?... C’est le Père, qui demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi » (Jean 14,10-11).

Le Te Deum, composé à la même époque, exprime la même théologie (éviter la traduction française, qui comporte des erreurs volontaires de traduction) : il chante Dieu, le Père éternel :

Te Deum laudamus, te Dominus confitemur
Te aeternum Patrem, omnis terra venenatur…
Patrem immensae majestatis

Mais puisqu’on s’adresse au Père, on pense aussi au Fils et à l’Esprit, et toute la seconde partie sera adressée au Fils, qu’on interpelle six fois par « Tu », pour chanter ce qu’il a accompli pour nous :

Venerandum tuum verum et unicum Filium
Sanctum quoque paraclitum spiritum
Tu Rex gloriae Christe…
Tu ad dexteram Dei sedes, in gloria Patris

C’est toujours le langage du Nouveau Testament.

IV. La théologie en Occident

Alors qu’on parlait grec à Rome au 2e siècle, alors que St Irénée Evêque de Lyon écrit toute son œuvre en grec, la désagrégation progressive de l’Empire romain en Occident referme le monde occidental sur la langue latine. Faut-il rappeler que tout le Nouveau Testament est écrit en grec, et que tout l’univers et la théologie du christianisme jusqu’au 4e siècle, à part Tertullien, auteur africain, étaient liés à la culture et à la philosophie grecques ?

Saint Augustin, prodigieux génie autodidacte, un des plus grands esprits de l’histoire de l’humanité et un grand pasteur, ignorant le grec, très influencé par la philosophie néo-platonicienne de son époque, et pour couper court à toute tentation vers l’arianisme, voulut mettre en valeur l’unité divine et élabora une autre théologie trinitaire. Partant du fait que le mot Logos en Saint Jean était traduit en latin par Verbum, la Parole, et que l’Esprit est lié à l’amour (« L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné » (Romains 5,5), il pensa l’unité divine non plus comme un don du Père, source de vie, mais sur le modèle de l’esprit humain : tout esprit s’exprime par la pensée et la parole, d’une part, par la volonté et l’amour, d’autre part. Le Père a en lui une intelligence, le Verbe, par lequel il s’exprime, et une volonté d’amour, qui est l’Esprit.

Souvent, dès lors, l’Esprit, légèrement dépersonnalisé, sera présenté comme « l’amour du Père et du Fils ». Ce n’est pas par hasard si, avant le Concile Vatican II, on a pu présenter l’Esprit-Saint comme « le grand inconnu », ou « le grand oublié » de la théologie. Karl Rahner a pu écrire dans les années 50 que « si l’on devait éliminer comme faux le dogme de la Trinité, la plus grande partie de la littérature religieuse pourrait subsister sans changement ».

Cette théologie s’imposera dans tout l’Occident latin, et on trouvera couramment désormais l’idée d’« un seul Dieu en trois Personnes ». Saint Thomas d’Aquin pourra ainsi dans la Somme Théologique parler de Dieu (en réalité de la nature divine) pendant 26 questions, avant d’aborder l’existence des Personnes. On court désormais le risque de parler de Dieu de manière impersonnelle. La préoccupation philosophique de défendre l’unité divine l’a emporté sur la tradition théologique venue du NT. On n’ose à peine rappeler le Catéchisme National édicté par les Evêques de France à nouveau en 1947 : « Qu’est-ce que Dieu ? Dieu est un pur esprit, éternel, infiniment parfait, créateur et maître de toutes choses ».

Le renouveau biblique, patristique et liturgique du 20e siècle a permis de s’intéresser de nouveau à l’Evangile et à la vie humaine de Jésus, de redécouvrir l’Esprit-Saint et les relations entre les Personnes divines et de revenir au langage de l’Ecriture Sainte et de la théologie orthodoxe.

V. Qui donc est Dieu ? Parler de Dieu aujourd’hui

1) Le Dieu de Jésus, c’est le Dieu d’Israël, c’est le Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Matthieu 5,45). Dieu est une Personne, la relation avec lui ne peut être qu’une relation personnelle. À qui nous adressons-nous habituellement quand nous disons Dieu, quand nous prions Dieu ? À Dieu, notre Père.

2) Le Dieu Unique, c’est le Père, Créateur du ciel et de la terre. Etre Dieu, pour Dieu, c’est être Père, c’est-à-dire donner la vie à d’autres que soi : le Fils et l’Esprit, auxquels il donne la totalité de sa vie divine. Quand Dieu donne, c’est totalement. Etre Dieu, pour Dieu c’est partager, c’est donner. Dieu est source de vie. Le mystère de Dieu est un mystère de relation entre des Personnes, différentes les unes des autres, mais parfaitement égales (comme on le voit bien dans l’icône trinitaire de Roublev). La vie divine est une vie d’échange éternel entre des personnes. L’altérité est constitutive de la vie divine. C’est en ce sens qu’on peut dire : « Dieu est Amour » : Dieu le Père aime se donner totalement, aime partager sa vie : « Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jean 5,20).

3) Le Fils reçoit tout du Père et dans un dialogue éternel redonne tout ce qu’il est à son Père. « Il exulte de dépendre » (P. de Montcheuil, sj). Il est aussi totalement Dieu que son Père, il est notre Seigneur, et on peut bien sûr le prier, lui aussi, comme on le fait à certains moment de la liturgie : Kyrie eleison ! Agneau de Dieu

4) L’Esprit-Saint est la Personne divine qui depuis la Pâque nous est envoyée par le Fils pour continuer sa mission, pour nous conduire « à la vérité tout entière ». Il agit dans le monde et dans l’Église, dont il fait le Corps du Christ, en la nourrissant du Corps et du Sang du Christ : c’est l’épiclèse, invocation à l’Esprit, qui transforme le pain et le vin en corps et sang du Christ durant la prière eucharistique. En un sens, l’Esprit est la Personne divine la plus proche de nous, il agit spirituellement en nous, on peut bien sûr le prier, et pas seulement le jour de la Pentecôte, mais toute l’année.

5) On peut aussi prier les trois Personnes divines ensemble, soit devant une icône trinitaire, soit comme Élisabeth de la Trinité dans sa célèbre prière : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous… Ô mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, immensité où je me perds… ». Les grands spirituels (Jean de la Croix, Pierre de Bérulle, Jean-Jacques Olier,…) ont toujours, face au Dieu Trinitaire, échappé aux étroitesses de la théologie enseignée.

VI. Le mystère trinitaire, Bonne Nouvelle pour l’homme aujourd’hui

1) Si être Dieu, pour Dieu, c’est donner sa propre vie à d’autres que soi, on comprend mieux la création : Dieu le Père continue, dans un acte de liberté souveraine, acte de don de soi, à désirer se donner à d’autres êtres créés à son image, et donc doués de liberté, à faire deux ses fils dans le Fils Unique… Ce projet d’amour, évidemment commun aux trois Personnes, et dans lequel chacune jouera un rôle différent, appellera un amour allant jusqu’à l’extrême : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui… ait la vie éternelle » (Jean 3, 16), « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême » (Jean 13,1).

2) Pour nous, êtres créés à l’image de Dieu, c’est-à-dire libres, qu’est-ce donc que vivre ? Ce ne peut être que vivre à l’image de Dieu. Dieu n’est nullement une Toute-Puissance infinie et qu’on redoute toujours arbitraire. Pour Dieu, être Dieu, c’est donner sa vie. Pour nous aussi, vivre c’est apprendre à donner sa vie : à travers la vie de famille et la relation parents-enfants, à travers la profession, etc…

La vie de Dieu est relation entre des personnes. La vie humaine est aussi vie de relation entre des personnes, vie de relation appelée à s’épanouir en plénitude dans le Royaume : « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre » (Thérèse de Lisieux).

3) Vivre à l’image de Dieu, c’est vivre en fils, c’est-à-dire tout recevoir de Dieu, comme le Fils, et tout recevoir de Dieu par l’intermédiaire du Fils et de l’Esprit, les deux mains du Père : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance » (Jean 10,30). « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis » (1Corinthiens 15,10).

En résumé

Quand nous prions Dieu, quand nous nous adressons à Dieu, nous nous adressons le plus souvent à Dieu notre Père, comme dans la prière reçue de Jésus et comme dans la liturgie, où notre prière, animée par l’Esprit, monte « par lui, avec lui et en lui » vers le Père, source de toute vie et de tout don.

Il n’existe pas de quatrième Dieu, qui serait à la fois « Père, Fils et Saint-Esprit ».

La bénédiction finale de la célébration eucharistique est en ce sens fort malheureuse. En réalité, traduite littéralement du latin, elle signifie : Que le Dieu tout-puissant Père vous bénisse, et le Fils et le Saint-Esprit.

Il n’existe pas « un seul Dieu en trois personnes ». Il existe Trois Personnes divines qui partagent l’unique vie divine, celle qui vient du Père. 

Jacques Lefur
29-30 juin 2014

Publié dans Réflexions en chemin

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F
Merci pour cette demande de précision.<br /> Vous avez parfaitement raison : Je vois « du Zundel partout » !! En fait, il y a quelques années, j’avais demandé avis au père Bernard Morin sur une réponse que j’avais faite sur un blog et qui me paraissait un peu « border line ». Il me répondit que j’écrivais comme Maurice Zundel…passé la première surprise, je me précipitai sur ce mystique que je ne connaissais pas et dont je semblais être la réincarnation !! Trêve de plaisanterie, je me retrouvais bien dans la lecture de ses œuvres. J’ai particulièrement apprécié son cheminement, et sa vision de Dieu appuyé sur St François d’Assise (le Dieu pauvreté qui n’est qu’Amour), sur St Augustin (le Dieu intérieur que l’on cherche au dehors de nous), sur Victor Hugo (la deuxième chance donnée à Jean Valjean par l’évêque)...sur Marie, à l'origine de sa vocation. Il est auteur de nombreux ouvrages dont une thèse de Docteur en philosophie traitant de « l’influence du nominalisme sur la pensée chrétienne ». Son nomadisme involontaire l’a conduit à rencontrer les élites française de l’époque dont le père Teilhard de Chardin, Mgr Montigny..., à entrer en communication avec Albert Camus…les responsables Anglicans et catholiques anglais, les protestants dont il a fréquenté l’école, les religions du moyen orient lorsqu’il était en poste au Carmel de Matarieh. Il a été demandé pour de nombreuses conférences et retraites en France et en Suisse. Volontairement ou involontairement il participe aux grandes idées qui ont jalonné le siècle dernier et qui ont été, je crois, sous-jacentes au dernier concile, sur lequel il a émis quelques avis privés (liberté religieuse, humanae vitae…) Ce prêtre dérangeait « l’establishment » et son ami, le pape Paul VI voulu mettre fin aux polémiques en l’invitant à prêcher cette retraite en 1972. Je participe au site « mauricezundel.com » dirigée par une amie. Les idées qu’il développe sont à la mode en ce vingtième siècle et on en retrouve la teneur chez de nombreux auteurs : en particulier chez Etty Hillesum. Je ne connais pas les auteurs que vous me cités, mais je sais que la pensée de Maurice Zundel, telle que je la saisie, est centré sur un Dieu au plus intime de nous-même, Pauvre, Désapproprié, qui Se livre entre nos mains, qui est passionnément amoureux de l’Homme au point de mettre par la Croix Sa Vie égale à la Notre. <br /> « Le sanctuaire de Dieu, c’est l’Homme ; l’union avec Dieu ne peut pas se réaliser sans notre union avec l’Homme ». Mais, j’ai aussi d’autres références : « Vingt siècle de christianisme ont fait de nous des déistes accessoirement trinitaire » Mgr Rouet in « J’aimerais vous dire ». ou « je vais T’aider, mon Dieu, à ne pas T’éteindre en moi… » Etty Hillesum in « une vie bouleversée ».<br /> Maurice Zundel s’attache à parler du « couple Homme-Dieu » comme d’une respiration d’Amour vécue au plus fort lors de l’Eucharistie…
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F
J’ai lu l’article de Jacques Lefur. Rien à rajouter. Sauf peut-être que nous restons largement sur notre faim. C’est sympa, mais c’est comme si nous n’osions pas aller plus loin…Il manque quelqu’un, ou plus exactement Quelqu’un. J’ai lu les différentes interventions et ai cliqué sur « le Voyageur ». Au 19, sur son site, nous trouvons un article sur « qu’est-ce que l’Homme ». Là, je me sens plus chez moi ! Cependant, il manque encore Quelqu’un. Vais-je vous choquer en disant que « qu’est-ce que Dieu ou qu’est-ce que l’Homme » est une seule et même interrogation ? et que, peut-être, la Révélation de Jésus Christ, est d’y apporter la réponse. Hélas, échec total ! Caïphe avait raison, cette vision menaçait de détruire la religion d’alors, de même qu’elle tend à détruire les religions institutionnelles actuelle.<br /> « ….C'est là le plan de clivage qui va d’ailleurs provoquer sa condamnation et sa mort : le Dieu dont il témoigne n'est pas le dieu de la tradition, telle que elle est communément vécue.<br /> &quot; Dieu est esprit, dit-il à la Samaritaine, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent dans l’esprit et en vérité. &quot; ( Jn.4, 24 ) Ces mots sont incroyables parce ce que justement ils montrent que, tout ensemble, Dieu appartient à cette sphère intérieure :il est, comme dit Jésus à la Samaritaine, une source qui jaillit au plus intime de nous, en vie éternelle. <br /> Et en même temps, l’homme, puisque l'homme doit adorer en esprit et en vérité, l'homme est esprit, l’homme est donc semblable à Dieu. L'homme a une vocation de Dieu. Dieu vient à lui silencieusement, Dieu vient à lui au plus intime de son cœur, il ne cesse de l'attendre dans le silence de son amour. Et quand l'homme viendra à lui, comme la Samaritaine qui, tout d’un coup, qui tout d’un coup s'éveille au sens de sa vie profonde, quand l’homme vient à Dieu, c’est l'échange nuptial où toute la vie se transfigure. <br /> Il y a donc, non seulement un accord très profond entre le Dieu que nous essayions de découvrir tout à l’heure, ce Dieu qui est l'espace où notre liberté respire, ce Dieu qui nous entraîne à cette libération, où nous devenons un pur élan d'amour, en échange du sien, il y a un accord essentiel entre ce Dieu là et le Dieu qui nous est proposé par le Christ, qui est dans le Christ et qui est le Christ.<br /> L'accent, d'ailleurs essentiel, de la nouveauté christique ce qui manifeste une nouvelle origine de l’humanité c'est cette confidence que Jésus nous fait de la Très Sainte Trinité.<br /> La Sainte Trinité, c’est pour nous la découverte essentielle on peut dire que, sans cette révélation, nous ne pourrions pas savoir qui nous sommes. C’est cette révélation qui va donner un sens à nos revendications, qui va donner un fondement à notre inviolabilité, qui va nous permettre d'atteindre à une divinisation qui ne soit pas un acte de folie et une manifestation blasphématoire. <br /> En effet, la Trinité, c'est la délivrance du cauchemar, où l'humanité se débat, quand elle se situe en face d'une divinité dont elle dépend et à laquelle elle est assujettie. … » (Maurice Zundel Cénacle de Paris. 20 janvier 1973).
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P
Rassurons Françoisjean, il ne choquera pas grand monde (au moins sur ce blog) en disant que la question de Dieu et celle de l'homme sont une seule et même question. J'irai un peu plus loin que lui en disant que la révélation chrétienne, c'est Dieu qui révèle l'homme à lui-même. Je pense que Maurice Zundel ne m'aurait pas contredit...<br /> <br /> Par contre, sans me choquer, cette référence continue et exclusive à Maurice Zundel me gène un peu. Certes il a aidé à effacer une image caricaturale du Dieu de la Bible, mais était-il le seul ? Je ne nie pas sa qualité de mystique et on peut être attaché à un maitre spirituel, mais faut-il pour autant ignorer les autres ? Maurice Zundel a fait paraitre des réflexions dans &quot;Quel homme et quel Dieu&quot;. Sur des thématiques assez proches Marcel Légaut (1900-1990) a écrit &quot;L'homme à la recherche de son humanité&quot; ; Pierre Ganne (1904-1979) a livré des méditations sous le titre &quot;Révélation de Dieu, révélation de l'homme&quot; : deux exemples - parmi beaucoup d'autres de la même génération - de penseurs chrétiens tout aussi stimulants, qui n'ont pas eu la &quot;fortune&quot; de prêcher des retraites au Vatican. Mais n'importe quel moteur de recherche permet de les retrouver ...
Y
salut
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P
La question posée par Jacques Lefur est particulièrement importante et même centrale : Qui est le Dieu en qui j'ai mis ma confiance ? La réponse ne peut être que personnelle et pourtant elle doit être entendue, au moins en partie, par tous ceux qui se référent au même Dieu. La tentation est alors de s'en remettre au Credo ou aux textes de l’église catholique de façon à avoir une réponse unique et unanime, mais Jésus de Nazareth ne nous demande pas ce que pense l'église, ni de réciter un catéchisme : <br /> « Qui dites-vous que je suis ? » <br /> La question est posée à chaque conscience, à chaque liberté, mais en même temps la réponse n'est pas évidente, en partie à cause des « trois Personnes ». <br /> <br /> J'ai particulièrement apprécié que Jacques Lefur remette au centre et à la première place Dieu le Père. Je suis étonné par le nombre de textes ou d'articles parlant des fondements du christianisme dans lequel le mot Dieu n’est même pas cité et où n'apparaissent que les noms de Jésus ou du Christ : en quelque sorte un Fils sans son Père ! Un humanisme avec Jésus de Nazareth pour héros ! Ce n'est pas ce que je retiens de la Bible.<br /> <br /> Mais les choses se compliquent avec la place du Fils : plusieurs conciles n'y ont pas suffi !<br /> « Au commencement était le Logos... » : Jean n'écrit pas « au commencement était le Fils », formule qui serait incompréhensible, le Fils précéderait le Père ... Cette assimilation du Verbe et du Christ m'a toujours posé problème, je préfère dire que le Christ est l'Incarnation du Verbe de Dieu, ce qui n'est pas tout à fait la même chose et cela ne contredit pas le texte de Jean. <br /> <br /> Parler de la relation entre le Père et le Fils, c'est parler des débats conciliaires des 4° et 5° siècles et en particulier d'Arius. L'erreur classique fait dire à Arius qu'il ne reconnaît pas la divinité du Christ. Jacques Lefur rétablit la vérité historique : Arius ne nie pas la divinité du Christ, mais il introduit une différence entre la divinité du Père et celle du Fils, comme il y a une différence entre un père et son fils. <br /> Autre exemple d'une formulation qui maintient une différence entre la divinité du Père et celle du Fils : « Il est Dieu né de Dieu, lumière né de la lumière, ... ». On voit le mot Dieu répété, et on ne voit pas ce qui les relie : l'expression &quot;né de&quot; montre bien qu'il y a une différence, même s'ils sont tous deux de même nature. Un père et son fils sont de la même nature humaine, mais l'un procède de l'autre.<br /> <br /> Il y aurait beaucoup à dire sur l'hérésie arienne (cf. Joseph Moingt), mais il est certain que la phrase de Jean &quot;Le Père est plus grand que moi&quot; incite à la prudence dans toute condamnation précipitée de l'arianisme.
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L
Votre discours pour &quot;l'homme d'aujourd'hui&quot; ? Pour une très petite minorité vous voulez dire.... un sérail ...<br /> Parce que vos propos sont inaudibles par leur infinie complexité pour &quot;le jeune ordinaire&quot; d'aujourd'hui qui est résolument tourné vers la vie et vers les courants porteurs d'intériorité qui lui sont proposés à foison hors de l'embrigadement chrétien...<br /> L'eglise, le vatican et les thologiens forts de leurs savoirs n'attirent personne en France.... aucun jeune... sauf les gosses des &quot;contre le mariage pour tous&quot; et encore.....<br /> <br /> Pour être &quot;audible&quot;, il faudra un jour passer du 78 tours en cire à l'enregistrement numérique dématérialisé....
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F
Oui, il existe bien un Dieu en trois personnes. C'est le propre du Dieu que les chrétiens vénèrent. Sa transcendance s'exprime dans son mystère: un DIEU-AMOUR qui reconnaît l'altérité et la dignité de chaque personne, animée par le même Esprit qui fonde l'unité divine.<br /> Francine Bouichou-Orsini
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