Vingt-six compagnes de prêtres écrivent au pape
Dans une lettre adressée au pape François, un groupe de femmes demande au pape que « quelque chose change » dans la règle du célibat sacerdotal.
Vingt-six compagnes de prêtres ont demandé au pape François de réfléchir au célibat des hommes d’Église, dans une lettre ouverte publiée samedi par le site Vatican Insider.
« Nous aimons ces hommes et ils nous aiment », écrivent ces femmes qui signent de leur prénom et avec l’initiale de leur nom, dans ce courrier envoyé en recommandé au Vatican et dont le site spécialisé dans les informations religieuses a obtenu copie.
Silence et indifférence
« Cher pape François, nous sommes un groupe de femmes de toutes les régions d’Italie (et pas seulement) qui t’écrivons pour rompre le mur du silence et de l’indifférence sur lequel nous butons chaque jour. Chacune de nous vit, a vécu ou voudrait vivre une relation d’amour avec un ecclésiastique, dont elle est amoureuse », affirment-elles.
Elles affirment que leur situation est « dramatique », quelle que soit l’option qu’elles choisissent : la séparation, qui « provoque d’énormes souffrances » ou la poursuite d’une relation secrète, qui s’apparente à « une situation hypocrite ».
« Pour le bien de toute l’Église »
Ces femmes, qui ont laissé leur numéro de téléphone au bas de la lettre, veulent, « avec humilité, porter à (tes) pieds notre souffrance jusqu’à ce que quelque chose change, non seulement pour nous, mais aussi pour le bien de toute l’Église ».
Dans une audience accordée le 4 avril à Mgr Erwin Kraütler, prélat de Xingu (centre du Brésil), avait discuté avec le pape François de la possibilité d’ordonner prêtres des viri probati, c’est-à-dire des hommes mariés ayant fait leurs preuves. Selon le missionnaire autrichien, le pape lui aurait expliqué « qu’il ne pouvait pas prendre personnellement tout en main depuis Rome ».
« C’est nous, les évêques, qui sommes le plus au fait des besoins de nos fidèles, qui devons être courageux et mettre en œuvre des solutions concrètes », a raconté à des journalistes Mgr Kraütler à qui le pape a confié qu’« un évêque ne peut agir seul ».
« Exigences du célibat »
Un mois plus tôt le pape avait néanmoins rappelé devant des évêques africains que les futurs prêtres devaient apprendre « à vivre en vérité les exigences du célibat ecclésiastique, ainsi que le juste rapport aux biens matériels ».
En octobre 2013, le nouveau secrétaire d’État du Saint-Siège, Mgr Pietro Parolin, encore nonce au Venezuela, avait souligné au quotidien vénézuélien El Universal que le célibat ecclésiastique « n’est pas un dogme de l’Église » et qu’« il peut être discuté parce que c’est une tradition ecclésiastique ».
« Ce n’est pas un dogme »
Des propos conformes à ceux tenus par le futur Benoît XVI quelques années plus tôt. « Ce n’est certainement pas un dogme », avait le cardinal Joseph Ratzinger, alors chef de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, dans un livre d’entretiens publié en 1997, Le Sel de la terre.
Le célibat ecclésiastique est un état de vie auquel sont engagés, dans l’Église latine, les clercs, à l’exception des diacres mariés. La règle du célibat ecclésiastique comprend l’empêchement d’ordre pour le mariage. Ainsi, un clerc, même diacre permanent devenu veuf, ne peut se marier. En outre, un homme marié ne peut devenir clerc, sauf en vue du diaconat permanent.
Cependant, une dispense de l’obligation de célibat peut être concédée, par le pape uniquement.
Loup Besmond de Senneville
pour lacroix.com
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