À l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Fête de la Pentecôte

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 (104) ; Ga 5,16-25 ; Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15

Pentecôte est la célébration du Saint Esprit. Pendant longtemps et encore aujourd’hui, la piété très christo-centrée de l’Église romaine a envahi théologie et liturgie et négligé un peu l’Esprit, qui est portant « Esprit de Dieu » (Gn 1,1).

Cet Esprit préside « au commencement », son souffle anime la création (Gn 1,2), comme il animera l’homme modelé par Dieu (Gn 2, 7). Et l’homme ne vit d’ailleurs que dans la mesure où il est animé par le souffle de Dieu, sans lui, il meurt (Ps 103, 29-30). Après l’Ascension, il est envoyé par Jésus-Christ comme « Paraclet », c’est à dire : « celui qu’on appelle au secours », l’« avocat », pour consoler et aider les hommes (Jn 14,16-17 et 26 ; Jn 15,26 …) ; il pallie notre incapacité à prier en « intercédant pour nous par des gémissements ineffables ». (Rm 8,26).

Le jour de Pentecôte, l’Esprit se manifeste aux disciples, non pas individuellement, encore que les « langues de feu » les aient touchés chacun séparément, mais en tant qu’ils font assemblée, formant une communauté (Ac 2,1). De même, lorsque Pierre assiste médusé à l’effusion de l’Esprit sur la famille du centurion Corneille, il s’agit d’un groupe, d’une communauté de fait (Ac 10,45). Si l’essence de la foi chrétienne est bien de « s’aimer les uns les autres », fondement de la prédication de Jésus, longuement rapporté par saint Jean (Jn 13,34, Jn 15,10… ), l’amour sincère du Christ suppose des relations fraternelles entre les disciples.

L’évangile du jour, très connu, ne laisse pas de rester mystérieux. Que penser de tous ces peuples assemblés qui comprennent, chacun dans sa langue, ce que disent les disciples. « Ils expriment les merveilles de Dieu en différentes langues et dialectes » (Ac 2, 1-13). Est-ce de la « xenolalie », c’est à dire capacité des disciples à parler dans des langues étrangères qu’ils n’ont pas apprises ? Ou « glossolalie », qui correspond à un ensemble de sons ressemblant à un discours, mais dont le sens obscur doit être interpréter, comme cela se passe aujourd’hui chez certains charismatiques. Paul en parle lorsqu’il expose  la diversité de dons de l’esprit : « à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. En effet, à l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit; à un autre, la foi […] à un autre, le discernement des esprits; à un autre, la diversité des langues, à un autre, l'interprétation des langues » (1 Cor12, 4-10).

Des commentateurs disputent de ce phénomène ; certains y voient plutôt une forme d’extase, de communication non verbale. Dans le même texte des Actes, la foule s’interroge : « Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle » (Ac 2 8), comme si les apôtres parlaient dans leur langue quotidienne (hébreux ou plutôt araméen) et que les étrangers présents en percevaient le sens au delà de la langue. Après tout, on voit, dans des meetings politiques ou des concerts, des gens applaudir à tout rompre sans forcément comprendre expressément ce qui se dit, mais emportés par l’émotion, par une sorte d’exaltation communielle.

La Pentecôte se présente comme un renversement de l’épisode de Babel raconté en première lecture de la vigile (Gn 11,1-9). L’Esprit dissipe les particularités, les « séparatismes », pour fonder la communauté des croyants ; ce que devrait être l’Église pour être véritablement « universelle ». Elle a, nous avons besoin de l’Esprit de Dieu pour que notre foi soit vivante et non un simple bavardage.

Il serait plus qu’utile de relire, en la méditant, la Séquence : « Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie… un rayon de lumière… ».

Marcel Bernos

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D
On dit souvent quand on voudrait assister à un événement auquel on n’est pas convié « je voudrais être petite souris pour voir, en me cachant dans un petit coin »<br /> Eh bien j’aurais voulu être petite souris pour être dans la salle du cénacle, et assister à cette rencontre prodigieuse de la Pentecôte.<br /> Après la mort de Jésus, les apôtres se sont enfuis (j’insiste sur ce mot : enfuis, morts de peur) puis Jésus s’est montré à eux et les a quittés. C’est quand même pleins d’angoisse qu’ils ont, comme Jésus le leur avait demandé, attendu à Jérusalem, la ville de tous leurs détracteurs, la réalisation de sa promesse, recevoir « la force d’en haut ».<br /> Ils sont donc réunis dans la salle haute où ils avaient coutume de se rendre. C’est la fête juive de Shavouot, 50 jours après Pâques, d’où pentecôte, pour se souvenir du don de la loi à Moïse, qui scella la première alliance. Là, du bruit, beaucoup de bruit, du feu, du feu qui donne la lumière, celle qui fait comprendre et donne du courage. Deuxième alliance...<br /> <br /> Alors, la peur tombe, ils sortent de la salle. Pierre fait un grand discours… et c’est parti : le message de Jésus, d’amour et de paix, commence sa longue pérégrination pour changer le Monde. <br /> Que s’est-il passé ? Sans doute Marie, présente, a parlé, pour redire, comme à Cana, « le moment est venu, allez y ! ». Qui a rappelé ce qu’Il avait fait ? qui a argumenté ? qui a harangué les autres ? qui a pris la décision finale ? En tous cas, comme on dit familièrement, ça a fait tilt.. Je n’étais pas petite souris à Jérusalem en cette fête de pentecôte mais chacun de nous sait la force et la joie qui peuvent advenir lorsqu’une évidence de foi s’impose à nous. Imaginons alors ce que furent celles des apôtres en ce moment particulier de Pentecôte !
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