Du « mondial » à la pétanque : sport et convivialité

Publié le par Garrigues et Sentiers

À l'heure où j'écris ces lignes, les meilleures équipes de football de la planète convergent vers Moscou pour vivre le « Mondial ».  Les plus allergiques au ballon rond ne pourront éviter d’être « concernés ». Voir des foules entières  chavirer de bonheur ou de consternation en vivant la rencontre d'un ballon, d'un joueur inspiré et d’un filet : cela touche les plus blasés.

On a tout dit sur l'utilisation des jeux au service des pulsions nationalistes et ses dérives financières. Ceci dit, cette célébration mondiale multiplie les possibilités de partages. Lors du dernier « Mondial », le très modeste connaisseur du football que je suis a pu échanger avec quantité de personnes. J'ai osé lever le nez de mon journal dans le métro pour parler à mon voisin, revécu avec des chauffeurs de taxis des phases de jeu sélectionnées par la télé, échangé au bistrot des propos définitifs sur tel ou tel joueur médiatique. Bref, le mondial m'a facilité l'échange avec une très grande diversité de personnes en mettant à ma disposition une langue permettant de me risquer à l'échange avec le premier venu sans avoir à deviner d'abord dans quel registre je devais m'exprimer.

Je connais une autre activité, bien plus modeste, qui rivalise avec le football en retombées conviviales. C'est la pétanque ! Et je dirai même que la pétanque, sur ce point précis, est nettement supérieure. Tout d'abord, sa technicité limitée fait que l'esprit le moins doué peut comprendre les règles et faire des commentaires. En ce qui concerne les investissements, pas ici de grands stades, mais un simple terrain vague suffit. Enfin le rapport entre joueurs et spectateurs s'équilibre. Ce sont ainsi des  milliers de petites sociétés informelles d'échanges  qui se rencontrent chaque jour que le soleil fait.

Et je pense tout à coup à ce qui se passerait si demain des spécialistes s'emparait de cette modeste création quotidienne des gens ordinaires  pour la propulser dans la sphère du marché. Nul doute que nous aurions quantité d'équipements spécialisés. Une nuée de spécialistes (on dit  aujourd’hui "consultants"), apparaîtrait pour expliquer que le jeu de pétanque ne saurait s'exercer sans la médiation de leur savoir professionnel !

Ne boudons pas le plaisir des grandes manifestations "mondiales" qui  nous font vibrer au diapason de la planète. Mais ne les attendons pas pour inventer au quotidien de nouveaux échanges. Redécouvrons que la création conviviale est à notre portée... celle d'un jeu de pétanque.

Bernard Ginisty

Publié dans Réflexions en chemin

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